Menu
Libération
Ligue fermée

Projet de Super Ligue de foot : la Cour de justice européenne donne raison aux clubs mutins face à l’UEFA

La Cour de justice européenne a tranché ce jeudi 21 décembre dans le conflit qui oppose l’instance européenne et des mastodontes du football, tels que Real Madrid, le FC Barcelone, Manchester United ou la Juventus, qui souhaitaient en avril 2021 créer une ligue fermée, suscitant un tollé.
Une dizaine des plus grandes équipes d’Europe, comme le FC Barcelone, Liverpool ou encore la Juventus avaient donné leur accord de principe en 2021 pour créer cette compétition. (JAKUB PORZYCKI/NurPhoto via AFP)
publié le 21 décembre 2023 à 10h31

La création de la compétition est donc jugée légale, mais cela ne veut pas dire pour autant qu’elle verra le jour. La Cour de justice européenne a tranché ce jeudi 21 décembre dans le conflit qui oppose l’instance européenne de foot et les plus grands clubs au sujet de la Super Ligue, un projet sur le modèle très cash-friendly des ligues fermées nord-américaines. La justice donne en effet raison aux clubs «mutins», comme on les avait surnommés, en estimant que les règles de l’UEFA relatives à l’autorisation de compétitions de football, telles que la Super Ligue, dissidente de la Ligue des champions, étaient contraires au droit de la concurrence.

La Cour estime que les pouvoirs de ces deux organisations «ne sont encadrés par aucun critère assurant leur caractère transparent […] et non discriminatoire». La juridiction précise cependant que le projet de Super Ligue «ne doit pas pour autant être nécessairement autorisé», soulignant qu’elle se prononce de façon générale sur les règles de la FIFA et de l’UEFA et pas sur ce projet spécifique.

«Le monopole de l’UEFA est terminé. Le football est libre», s’est aussitôt félicité Bernd Reichart, patron d’A22, la société promotrice de la Super Ligue. Dans la foulée, sa boîte s’est appuyée sur cette décision de justice pour proposer l’organisation d’une «nouvelle compétition européenne ouverte», avec «64 clubs répartis en trois ligues» pour le tournoi masculin et «32 clubs répartis en deux ligues» pour l’édition féminine.

En avril 2021, douze grands d’Europe (le Real Madrid, le FC Barcelone, l’Atletico Madrid, Manchester United, Manchester City, Chelsea, Arsenal, Tottenham, Liverpool, la Juventus, l’Inter et AC Milan) avaient donné leur accord de principe pour lancer cette compétition fermée. Face au tollé général, notamment des supporters anglais, et surtout aux menaces de lourdes sanctions brandies par l’UEFA et la Fifa, le projet s’était rapidement dégonflé. Seuls les clubs espagnols du Real Madrid et du FC Barcelone n’ont pas désarmé.

Ces derniers, associés dans une European Super League Company (ESLC) et qui avaient porté l’affaire devant le tribunal de commerce de la capitale espagnole, qui avait à son tour saisi la CJUE, sont les autres grands gagnants du jour. Tous deux affirment ce jeudi leur intention de continuer «à défendre un projet moderne, pleinement compatible avec les compétitions nationales», selon les mots de Florentino Pérez, le président du club madrilène. Le FC Barcelone estimant pour sa part que cette décision ouvrait «la voie à une nouvelle compétition de football au plus haut niveau en Europe».

«Pas une approbation ou une validation»

Le reste du foot n’a pas traîné pour réagir après cette décision. A commencer par l’UEFA : le patron, jusqu’ici, du foot européen, «a confiance» dans la conformité au droit européen de ses nouvelles règles sur les compétitions concurrentes comme la Super Ligue, minimisant la portée du revers sur la forme que lui a infligé la justice européenne. «Cet arrêt ne signifie pas une approbation ou une validation de la soi-disant ‘’Super ligue’'. Il souligne plutôt une lacune préexistante» dans la réglementation de l’UEFA, «un aspect technique qui a déjà été reconnu» et corrigé en juin 2022 avec de nouveaux textes, affirme l’organisation européenne.

Parmi les autres opposants au projet, l’association Football Supporters Europe estime qu’il n’y a «pas de place dans le football européen pour une Super Ligue séparatiste». «Quoi qu’il advienne» après cet arrêt, le projet lancé en 2021 «met en danger l’avenir du football européen», déplore l’organisation, promettant que ses membres «continueront à se battre» pour l’empêcher.

Mise à jour : à 12h38, avec les réactions de l’UEFA, du FC Barcelone, du Real Madrid et de la société A22.