Menu
Libération
Reportage

Sur les Champs-Elysées c’est la fête pour tous : «Je suis binational, dans tous les cas je gagnais ce soir»

Sitôt la victoire de la France sur le Maroc en demi-finale du Mondial acquise, klaxons, feux d’artifice et cris de joie ont résonné sur l’avenue parisienne, dans un climat bon enfant y compris parmi les perdants.
Des supporteurs des Bleus célèbrent la victoire de la France face au Maroc, en demi-finale de la Coupe du Monde, sur les Champs-Elysées à Paris, le 14 décembre 2022. (Stéphane Lagoutte/Myop pour Libération)
publié le 14 décembre 2022 à 23h33

Debout, dans le froid, stratégiquement positionnés devant les baies vitrées d’un modeste bar situé à deux pas des Champs-Elysées, Raphaël et Samy trépignent, les yeux rivés sur l’écran de télévision qui se trouve à l’intérieur. Plus que 3 minutes et la France qui domine le Maroc 2-0 sera en finale de la Coupe du monde. Pour ne rien rater des derniers faits de jeu, les deux lycéens venus d’Asnières-sur-Seine se contorsionnent pour trouver un angle de vue satisfaisant alors que plusieurs drapeaux cachent une partie de l’écran. «Allez siffle», souffle Raphaël comme si l’arbitre pouvait l’entendre. Quelques secondes plus tard, son vœu est exaucé. Les Bleus obtiennent leur ticket pour leur deuxième finale en quatre ans. «Ils l’ont fait, on l’a fait», hurlent les deux jeunes hommes en se sautant dans les bras. Dans la rue du Colisée (VIIIe arrondissement), on entend les cris de joie des supporters français à travers les vitrines des différents bars. Mais aussi, un supporter marocain, fou de rage qui, lui, insulte ses joueurs : «Ça fait les beaux sur Instagram mais c’est pas capable de rendre fier son peuple», éructe-t-il.

Sur les Champs-Elysées, à 100 mètres de là, les premiers klaxons de voitures se font entendre. Tout comme les sirènes des policiers enclenchées quelques secondes pour fêter la qualification. Des petits groupes de personnes flanqués de maillots de la France, du Maroc ou de l’Algérie remontent l’avenue vers l’Arc de Triomphe. Encore relativement silencieux, les fans de foot heureux ou déçus croisent quelques touristes qui font le chemin inverse. «What’s going on ?», demande un couple d’Autrichiens à deux hommes maquillés en bleu-blanc-rouge. «On est en finale de Coupe du Monde. Finale, World Cup ! You understand ?», répondent les deux du tac-o-tac dans un anglais approximatif. Il est 21 heures 58, la France est officiellement qualifiée depuis trois minutes et les premiers feux d’artifice sont déjà lancés.

La foule se masse devant la boutique Cartier, à quelques dizaines de mètres de l’arc de Triomphe. Devant la devanture protégée de la boutique de luxe, on sautille en chantant le traditionnel «On est en finale». Plusieurs centaines de jeunes se serrent en s’époumonant. Certains lancent de nouveaux feux d’artifice. Ce qui ne plaît visiblement pas à la police qui mène alors une première charge sans que cela ne dégénère. Mais suffisant pour convaincre certains jeunes supporters de s’éloigner un peu. «J’ai eu un peu peur mais ça a l’air de ne pas être grand-chose», se rassure Lydia, 21 ans. Après avoir regardé le match tranquillement chez elle avec trois amis vers Pigalle, l’étudiante en droit est venue fêter la victoire sur les Champs. «A chaque fois je regarde à la télé et je me dis qu’il y a une super ambiance, donc cette fois je suis venue», précise-t-elle.

Les minutes passent. La foule grossit. Devant la boutique du joaillier qui se révèle être le centre névralgique de la célébration, on enchaîne les Marseillaise, ou les célèbres «Lalalalalala» d’I Will survive. A cette heure-ci l’ambiance est bon enfant. Des supporters du Maroc, maillots rouges sur le dos, fêtent la qualification des Bleus. Parmi eux Ali, un Franco-Marocain de 26 ans. Il explique : «Je suis binational, dans tous les cas je gagnais ce soir». D’ailleurs, le boulanger a prévu de revenir sur la plus belle avenue du monde dimanche pour la finale. Mais avec un maillot de la France cette fois.