Menu
Libération
Justice

Trois hommes mis en examen dans un dossier de fuites d’infos confidentielles au profit du PSG

Les trois personnes sont mises en cause notamment pour «faux et usage de faux» ou «complicité et recel de violation du secret professionnel», dans une affaire ouverte en juillet 2021, et agitant aujourd’hui les coulisses du club de la capitale.
Le président du PSG Nasser Al-Khelaifi au parc des Princes le 5 juillet 2022. (Bertrand Guay /AFP)
publié le 29 septembre 2022 à 22h00

Deux anciens policiers, un lobbyiste franco-algérien et un club de foot de renommée mondiale, le PSG : un juge d’instruction a mis en examen jeudi trois hommes soupçonnés d’activités aux contours encore obscurs, qui auraient notamment bénéficiées au club parisien.

Ils sont mis en cause pour diverses infractions parmi lesquelles «faux et usage de faux» ou «complicité et recel de violation du secret professionnel», dans le cadre d’une information judiciaire ouverte le jour même par le parquet de Paris, selon une source judiciaire.

Le premier policier, Malik N-L., et le lobbyiste, Tayeb B. - dont l’histoire récente est longuement dépeint dans une enquête de Libération - ont été mis en examen notamment pour «corruption», le deuxième policier pour «trafic d’influence», selon une source proche du dossier. Aucun en revanche n’a été mis en examen à ce stade pour l’infraction de «compromission du secret de la Défense nationale», sur laquelle porte aussi l’enquête. Selon la source proche du dossier, le contrôle judiciaire des deux anciens policiers leur interdit d’exercer ce métier ou des activités de sécurité privée, tandis que le lobbyiste a fait l’objet d’un lourd cautionnement.

Transmissions de fichiers sont «avérées»

Dans ce dossier, débuté par une enquête préliminaire en juillet 2021, le trio est soupçonné d’avoir joué de ses relations pour transmettre des informations sensibles et confidentielles à des institutions, dont le club de football parisien. Il avait été placé en garde à vue lundi. Selon une autre source proche du dossier, des transmissions de fichiers sont «avérées» à ce stade de l’enquête, mais les mis en cause s’apparentent plus à des «arrivistes qui essayaient de briller» qu’à un «réseau structuré». Le dossier n’est pas encore «très solide», a abondé une troisième source proche du dossier.

Une source au PSG a assuré de son côté à l’AFP que pour l’instant le club n’était pas mis en cause et qu’il se mettait à disposition de la justice. Ancien policier des services de renseignement (à la DCRI, devenue DGSI), Malik N-L. a été engagé en 2018 comme référent-supporters au PSG, mais a quitté le club récemment pour raisons personnelles, sans lien avec cette enquête, selon la même source interne au club.

Il a été mis en examen au début de l’été pour des infractions d’atteinte au secret de la Défense nationale dans l’enquête visant le journaliste Alex Jordanov, et son livre dévoilant certaines méthodes de recrutement et de gestion des sources au sein de la DGSI. C’est ce dossier qui aurait permis aux enquêteurs de remonter à des infractions liées aux deux autres hommes présentés jeudi à la justice.

«Tortures»

L’autre policier mis en cause est en disponibilité. Ancien collègue de Malik N-L. à la DCRI, ce second policier était en poste à la direction de la coopération internationale de sécurité (DCIS) chargé du Moyen-Orient au moment des faits qui lui sont reprochés. Il se verrait notamment reprocher selon une autre source proche du dossier une intervention pour un titre de séjour au profit d’un investisseur irakien. «Mon client n’a strictement rien à voir avec ce qui agite les médias depuis quelques jours. Il conteste le rôle qu’on lui attribue et reste confiant pour le démontrer», a réagi son avocat, Me Eric Morain.

Enfin, au cœur de ce dossier apparaît aussi Tayeb B., cité jeudi dans Libération comme le personnage central d’une affaire «explosive» liée au Qatar. Selon notre enquête, ce lobbyiste franco-algérien au réseau important mais très trouble, aurait détenu des informations compromettantes pour Nasser Al-Khelaïfi, président du PSG, et aurait été détenu pendant des mois au Qatar en 2020 dans des conditions inhumaines, avant d’accepter un accord visant à restituer des outils informatiques (clés USB notamment) contre sa libération. Les avocats du dirigeant du PSG, Me Francis Szpiner et Renaud Semerdjian, ont affirmé «catégoriquement et strictement» dans un communiqué que l’information judiciaire ouverte ce jour n’avait «rien à voir avec Nasser Al-Khelaïfi», qu’ils défendent.

La troisième source proche du dossier a indiqué qu’à ce stade, les déclarations de Tayeb B. étaient fortement sujettes à caution. Ce dernier a demandé dans deux plaintes déposées en août à Paris la désignation d’un juge d’instruction pour enquêter notamment sur des «tortures» au cours de sa détention, a indiqué une source proche du dossier. Les avocats de Malik N-L. et Tayeb B. n’ont pas fait de commentaires jeudi soir.