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Libération
Le portrait

Gabriella Papadakis-Guillaume Cizeron, uni(s)vers

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JO d'hiver de Pékin 2022dossier
Les patineurs français, médaillés d’or à Pékin, vivent sur la glace une profonde union fantasmatique, débutée enfants à l’âge de 10 ans.
Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron à la Fédération française des sports de glace, à Paris le 23 février 2022. (Rémy Artiges/Libération)
publié le 27 février 2022 à 17h23

Elle le regarde comme on cherche de l’aide. Pourtant, Gabriella Papadakis le fait sans s’en rendre compte, instinctivement. On vient de lui demander quelles sont ces «peurs» dont elle parle, celles qui ressortent quand le stress l’empoigne. Elle n’arrive pas à les formaliser. Alors Guillaume Cizeron prend sa suite. S’épanche sur la quête de la perfection, cette trappe à anxiété. Gabriella Papadakis, 26 ans, et Guillaume Cizeron, 27 ans, semblent communiquer par les yeux et par des ondes. Leurs bâillements et leurs rires de fatigue sont synchronisés. Le couple doré à Pékin, propulsé dans un service après-vente médiatique de stakhanovistes, apparaît à la fois lourd de sommeil et délesté d’une pression retombée comme du plomb. Ils viennent tout juste de fêter leur médaille d’or olympique avec le personnel de la Fédération des sports de glace dans ses locaux parisiens. Une bouteille de champagne traîne.

Avec eux, on s’informe sur l’amour. Dix-sept ans d’union sur la glace. Un vieux couple, qui s’aime sans s’aimer, d’une affection mystérieuse et puissante. A la ville, ils sont quelque chose d’autre, qu’eux-mêmes ont du mal à disséquer. Leurs voix s’entremêlent : «Les gens essaient souvent de comprendre la nature de notre relation parce que c’est quelque chose qui n’existe pas. On n’est pas frère et sœur, pas meilleurs amis, pas ensemble dans la vie. On est partenaires d’entraînement, et en même temps un peu tout ça à la fois.»