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Pression

Hippisme : courses annulées et manifestation contre la possible hausse des taxes sur les paris

Un amendement dans le budget de la Sécu prévoit l’alourdissement de la fiscalité sur les paris hippiques comme d’autres taxes sur les jeux d’argent, très addictifs. S’il a été rejeté à l’Assemblée nationale, le secteur craint qu’il ne revienne au Sénat.
(Jean-Marc Barrere/Hans Lucas. AFP)
publié le 6 novembre 2024 à 15h55

Jusqu’à présent, seuls le Covid-19 et les guerres mondiales l’avaient fait : les courses hippiques prévues jeudi sont annulées. Annonce de la filière, pour accompagner la grève et la manifestation des associations socioprofessionnelles du trot et du galop. Elles se mobilisent contre l’alourdissement des taxes sur les paris, prévu dans l’un des nombreux amendements du projet de budget de la Sécu. Même si le texte a été rejeté par les députés, la filière craint que le sujet ne revienne au Sénat.

«Il est indispensable de maintenir la pression sur le gouvernement et les élus, tempêtent les fédérations France Galop et Société du trotteur français dans une déclaration transmise ce mercredi 6 novembre. Les courses ne doivent pas être une variable d’ajustement budgétaire», poursuivent-elles. La filière était déjà sortie de ses gonds la semaine dernière pour dénoncer le «choix mortifère» du gouvernement d’alourdir cette fiscalité. L’amendement en question, déposé le 28 octobre, prévoit d’augmenter la taxe de 6,9 % à 7,5 % sur les produits brut des jeux des paris hippiques passés dans les lieux physiques (PMU, hippodromes) et de 6,9 % à 15 % pour les paris en ligne.

Il s’inscrit dans une série d’autres amendements visant à axer davantage le secteur des jeux, très addictif. Selon Santé publique France, les paris hippiques concernaient 7,7 % des joueurs en 2019 – loin derrière les jeux de tirage ou grattage (65 % et 56 %), les paris sportifs (11 %) mais devant les jeux de casino (près de 6 %). Il prévoit aussi d’augmenter la fiscalité des publicités et offres promotionnelles des opérateurs, du produit brut de certains jeux de casinos, du poker en ligne et des paris sportifs physiques (de 6,6 % à 7,6 %) et en ligne (de 10,6 % à 15 %).

Craintes pour l’emploi

«Une hausse de la fiscalité, c’est une baisse de revenu pour les agriculteurs, et c’est un risque mécanique de baisse d’activité et de suppressions d’emplois», avait alors prévenu la filière hippique, qui se disait «déjà en difficulté en raison d’une diminution des paris hippiques».

Le texte de l’amendement fait pourtant valoir que «le marché français des jeux d’argent confirme son dynamisme en 2023 […]. Dans un contexte où cette tendance s’accroît, accompagnée de l’augmentation continue du nombre de personnes prises en charge pour un problème d’addiction, la hausse des prélèvements sociaux améliorerait l’équité du système de prélèvement». Il vise un «surcroît de recettes pour la branche maladie», qui contribuerait aussi à «réguler le secteur en limitant les conséquences en termes d’addiction».

Interrogé sur le sujet le 3 novembre, lors de l’émission Dimanche en politique sur France 3, le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a assuré qu’il «ne souhaite pas» un alourdissement de ces taxes. Mais la filière entend quand même maintenir la pression. «Il est primordial de faire comprendre à l’ensemble de la classe politique, à travers une forte mobilisation jeudi, que nous ne lâcherons rien car nos emplois sont en jeu», insistent les organismes de la filière.

Leur manifestation est prévue jeudi à la mi-journée, à Paris. Les manifestants ne se déplaceront pas à cheval dans la capitale pour des raisons de sécurité. Mais quelques équidés seront bien sur place, selon les organisateurs, avec notamment le cascadeur équestre et dresseur italien Mario Luraschi.