Le combat entre Imane Khelif et World Boxing se poursuit. Au cœur d’une polémique sur son genre lors des Jeux de Paris, l’Algérienne, 26 ans, conteste devant la justice l’interdiction qui lui a été faite de participer aux compétitions internationales sans subir au préalable un test chromosomique, informe ce lundi 1er septembre le Tribunal arbitral du sport (TAS). La date de l’audience n’est pas encore fixée.
Concrètement, Imane Khelif demande l’annulation de cette décision prise fin mai par World Boxing qui l’a privée d’un retour à la compétition initialement prévu une semaine plus tard, lors du tournoi d’Eindhoven, premier événement soumis à la nouvelle réglementation. Elle veut également pouvoir participer «sans test» aux Mondiaux à Liverpool, qui débutent jeudi jusqu’au 14 septembre.
Cette dernière requête n’a quasiment aucune chance d’aboutir puisque le TAS, dont les procédures sont confidentielles et les audiences presque toujours à huis clos, précise avoir refusé d’accorder un effet suspensif à l’appel de la boxeuse algérienne, formé le 5 août.
Des accusations «fausses et insultantes»
Aux Jeux de Paris, Khelif avait été la cible d’attaques et d’une campagne de désinformation, tout comme la Taïwanaise Lin Yu-ting, la présentant comme un «homme combattant des femmes». La boxeuse de 26 ans s’était imposée en finale des -66 kg, tout comme Lin Yu-ting chez les poids plumes. La controverse s’est poursuivie bien au-delà des JO : en février, l’IBA a ainsi annoncé qu’elle poursuivrait le CIO pour avoir autorisé Khelif à boxer aux Jeux.
L’athlète a répliqué que ces accusations étaient «fausses et insultantes». En ajoutant : «C’est une affaire qui ne concerne pas que moi, mais aussi les principes plus larges d’équité et de respect des procédures dans le sport.» Elle a promis d’engager sa propre action en justice pour réfuter les accusations. «Je ne vais nulle part. Je me battrai sur le ring, je me battrai devant les tribunaux et je me battrai au grand jour jusqu’à ce que la vérité soit indéniable», assurait-elle alors. L’Algérienne, devenue véritable icône dans son pays, a d’ores et déjà annoncé au printemps qu’elle viserait une nouvelle médaille d’or aux JO de Los Angeles en 2028.
Un procédé interdit en France
En attendant, son action en justice offrira la première occasion d’un débat judiciaire sur le rétablissement dans le sport mondial - par World Boxing mais aussi en natation et athlétisme - des tests génétiques destinés à établir le sexe biologique, en vigueur aux JO entre 1968 et 1996.
Par un test PCR, il s’agit de conditionner l’accès à la catégorie féminine à l’absence de «gène SRY», situé sur le chromosome Y indicateur de masculinité, méthode vantée pour sa simplicité par ses promoteurs.
Un tel dépistage chromosomique écarterait ainsi les athlètes transgenres, ainsi qu’une partie de celles qui ont toujours été considérées comme de sexe féminin mais présentent des chromosomes XY, soit l’une des formes de «différences de développement sexuel» (DDS) ou intersexuation. Ce procédé – interdit en France - suscite toutefois de nombreuses critiques, notamment de l’Association médicale mondiale, d’organisations de droits de l’homme et de la communauté scientifique, car considéré comme peu fiable et réducteur d’un point de vue biologique.