La célébrité tient à peu de chose aux Jeux de Pékin. Pour Kim Meylemans, une spécialiste belge du skeleton aux modestes états de service, elle s’est fabriquée sur un long sanglot et des paroles de détresse, postés sur les réseaux sociaux. La jeune femme a expliqué dans une vidéo à vous briser le cœur avoir été testée positive au Covid-19 à son arrivée à Pékin. Après l’annonce de son résultat, il lui a été signifié qu’elle serait placée en isolement au village des athlètes. Mais le véhicule officiel dans lequel elle avait pris place a changé de direction, sans explication, pour prendre la route d’un hôtel de quarantaine.
Sa vidéo est devenue virale. Les médias ont relayé l’histoire. Kim Meylemans a fini par être déplacée au village olympique et après deux tests négatifs consécutifs, elle a pu sortir de son isolement. Juste à temps pour le dernier entraînement officiel de l’épreuve féminine du skeleton. Bienvenue aux Jeux d’hiver de Pékin 2022.
A mi-parcours de l’événement, les Chinois roulent des mécaniques en affichant le bulletin de santé quotidien de la bulle sanitaire. Pour la journée de vendredi, seulement huit cas positifs, mais pas un seul à l’aéroport de Pékin. Depuis le début du décompte, le 4 janvier, la courbe dépasse tout juste la barre des 500.
«Nos mesures sont strictes, mais elles fonctionnent», répète comme un refrain le porte-parole du comité d’organisation. Strictes ? Le mot est faible. Tous les membres de la famille olympique – athlètes, officiels, médias – sont testés tous les jours. Les seuls déplacements autorisés se font par navettes ou taxis accrédités. Au centre de presse, les espaces de travail sont séparés les uns des autres par des parois en plexiglas. Même décor dans les salles de repas.
Voyage pour Mars
Dans les hôtels officiels, ceinturés de barricades, le personnel d’entretien est habillé comme pour un voyage sur Mars. De leur propre aveu, les athlètes s’en accommodent. «On en a pris l’habitude, on vit avec ces contraintes depuis presque deux ans», explique le Français Alexis Pinturault. L’angoisse était très forte avant le départ pour Pékin. Mais au village, avec les mesures mises en place par les Chinois, je me sens en sécurité. Honnêtement, le risque d’attraper le Covid dans la bulle est minime.»
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Le skieur tricolore le reconnaît, le village des athlètes est un modèle du genre. Idéalement placé au pied des pistes, fonctionnel et accueillant. Les organisateurs ont soigné les détails. Un porte-parole en a détaillé les charmes, vendredi en conférence de presse, avec des manières d’agent immobilier : «Dans les chambres, les lits sont équipés d’une télécommande, pour régler l’inclination et soutenir au mieux la colonne vertébrale. La salle de fitness est équipée de 165 machines différentes, dans 23 catégories d’appareils. Nous proposons même aux athlètes une initiation à la médecine traditionnelle chinoise.»
A la cafétéria, la carte propose un choix de 678 plats par cycle de huit jours. En tête de liste à l’indice de popularité : les raviolis chinois et le canard laqué.
Omniprésent avant le début des Jeux, le Covid quitte peu à peu les conversations des délégations. Pour la journée de vendredi, les huit cas positifs enregistrés dans la bulle ont concerné seulement quatre athlètes et officiels d’équipe. Les «isolés» des Jeux, très suivis sur les réseaux sociaux au début des compétitions, ont presque tous quitté leur quarantaine. La patineuse de vitesse polonaise Natalia Maliszewska, elle aussi happée par le buzz pour avoir décrit en ligne son expérience («J’ai pleuré jusqu’à ne plus avoir de larmes»), a pu chausser ses patins et entrer en compétition.
Pour les volontaires, en revanche, le bout du tunnel n’est pas encore visible. Ils sont 19 000 à porter en toutes circonstances l’uniforme officiel des Jeux de Pékin, à dominante rouge pour les plus gradés, bleue pour les petites mains de l’organisation. Moyenne d’âge : moins de 22 ans pour les 500 bénévoles du centre principal des médias, recrutés pour l’essentiel à l’Université de Pékin. Liu Xiaoxan, étudiante en transport, explique être entrée dans la bulle au début du mois de janvier. «J’en sortirai après les Jeux paralympiques» (4 au 13 mars), explique-t-elle dans un anglais soigné. La jeune Chinoise le sait, la sortie s’annonce laborieuse.
Un porte-parole du comité d’organisation l’explique : les volontaires ou travailleurs présents dans la bulle des Jeux de Pékin devront observer la règle du 7 + 14, voire celle du 14 + 7 pour les plus malchanceux. Soit «7 jours de quarantaine, puis 14 jours de surveillance, avec un bulletin de santé quotidien et sans pouvoir aller ailleurs que chez eux ou au travail. Mais les deux périodes seront inversées, 14 jours d’isolement et 7 jours de surveillance, en cas de contact avec une personne infectée.» A vous détourner durablement de tout volontariat.