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Interview

Basket aux JO 2024 - Evan Fournier clôt le dossier de l’escarmouche avec Vincent Collet : «Ce que j’ai dit nous a aidés pour ce match»

JO Paris 2024dossier
L’arrière tricolore des Pistons de Detroit revient sur ses échanges de politesses avec le sélectionneur Vincent Collet, le quart de finale contre le Canada et son dernier tir, qui a scellé le match à 55 secondes mardi 6 août.
Evan Fournier au match de basket-ball masculin France Canada aux Jeux olympiques d'été de 2024, le 6 août 2024, à Paris. (Denis Allard/Libération)
publié le 6 août 2024 à 22h17

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Son tir à trois points à 55 secondes du terme est celui qui a définitivement éteint les espoirs canadiens, vaincus 82-73 en quart de finale des Jeux olympiques mardi 6 août. Sur le parquet de la Bercy Arena, l’arrière français Evan Fournier, renaissant, hurle alors à en perdre la raison. Comme s’il purgeait enfin la tension d’une préparation et d’un début de compétition à l’envers, avec ce match à 15 points et 3 passes décisives. Ces derniers jours, une passe d’armes l’a opposé à son entraîneur, Vincent Collet, sur l’inclination trop défensive du jeu des Bleus. Après la défaite contre l’Allemagne (85-71) lors du dernier match de poule vendredi, le joueur des Pistons de Detroit avait notamment déclaré : «On manque de repères. Par moments, on se trompe dans la façon dont on veut jouer. Et on en paie les pots cassés. De nos jours, la meilleure défense reste l’attaque. Ce n’est plus le jeu des années 90-2000 où tu pouvais défendre demi-terrain. Ton attaque est primordiale.» Des propos qui n’ont pas plu au coach, qui l’a vertement recadré, écrivant un épisode de plus de la relation parfois tumultueuse qui lie les deux hommes. En zone mixte, Evan Fournier, à fleur de peau, s’est livré de façon assez crue.

Comment vous sentez-vous après un tel match ?

Je ressens juste de la fierté, de l’euphorie. Pour ceux qui suivent l’équipe de France depuis des années, ça doit être les retrouvailles avec un groupe qu’ils connaissent, qu’ils aiment.

Racontez-nous votre dernier tir, qui scelle le match à 55 secondes de la fin ?

En vrai, le tir que je rate juste avant en step-back (le shooter effectue un tir en se retournant) sur Shai (Gilgeous-Alexander, la star canadienne) je le vois dedans. Je sentais bien mes sensations sur la balle, j’avais bien levé la balle et je me suis dit «si je la retouche, je balance», parce que je me suis bien senti.

Qu’est-ce que vous ressentez de faire ça à cette équipe du Canada qui vous avait battu de trente points l’année dernière à la Coupe du monde en Indonésie ?

Franchement rien. C’est toujours cool de battre des équipes qui t’ont battu dans le passé. Mais c’est la vie du sport de haut niveau.

Qu’est-ce qui a conduit aux ajustements tactiques décisifs, avec notamment votre retrait du cinq de départ. Votre différend avec le coach a-t-il eu un impact ?

Il y a beaucoup de choses qui ont été dites ces deux derniers jours, Vincent nous a fait un discours de bonhomme avant le match, qui nous a galvanisés. On a changé nos rotations, et ça nous a mis dans des situations différentes en fait. Et c’est ce qu’il fallait faire parce que les Canadiens sont tellement de forts défenseurs sur les lignes arrière, qu’on devait jouer à l’intérieur, là où ils sont plus faibles. Il y a eu plus de mouvement, et c’est ce que je voulais dire aussi il y a deux jours après le match contre l’Allemagne. Notre défense a permis d’appuyer notre attaque ce soir. Je ne sais pas si on peut appeler ça un jeu de transition, mais le fait qu’on ait mis plus de points, ça a permis aussi de faire baisser la pression sur nos meneurs.

C’est oublié l’escarmouche avec le coach ?

Ça ne s’est pas arrangé, parce qu’il n’y avait pas besoin d’arrangements ! Pour moi en tout cas, il n’y a pas de problème. Vincent c’est mon coach depuis dix ans, et moi je ne suis plus un rookie. Je sais comment on peut jouer dans ce groupe, et si j’ai dit ça, c’est pour faire avancer les choses. J’ai confiance en Vincent, dans le staff et dans les joueurs. Mais je pense que ce que j’ai dit nous a aidés.

A quoi ça tient un tel retournement aux Jeux olympiques ?

A plein de choses. Au discours de Vincent depuis deux jours. Au fait que tout le monde nous chie dessus. Aux ajustements dans l’équipe.

Vous avez hurlé comme une bête sur le terrain, il y avait quelque chose à évacuer ?

(Surpris) Ah, je ne sais pas. Je ne me souviens pas avoir gueulé. Mais j’ai perdu une dent par contre.