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Résurrection

Basket aux JO de Paris 2024 : incandescents face au Canada, les Bleus filent en demie

JO Paris 2024dossier
Pourtant outsiders dans leur confrontation avec les Canadiens, les Français ont mené de bout en bout leur quart de finale, notamment grâce à leur énergie et des ajustements tactiques judicieux. Ils affronteront jeudi l’Allemagne.
Evan Fournier pendant le match France-Canada mardi 6 août, à Paris. (Denis Allard/Libération)
publié le 6 août 2024 à 20h37

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Alors que l’on s’était préparé à des obsèques perpétrées dans l’intimité, l’équipe de France de basket a sorti ce mardi un match titanesque pour renverser l’histoire de ses Jeux olympiques, et se venger (82-73) d’un Canada qui les avait saccagés de 30 points l’été dernier à la Coupe du monde, en Indonésie. D’ordinaire vulgaire et testostéroné à souhait, l’ailier fort canadien Dillon Brooks avait soudain perdu sa langue persifleuse, ne pouvant freiner les dunks tonitruants d’Isaïa Cordinier ou le fessier bondissant de l’intérieur du Real Madrid, Guerschon Yabusele. Le procès du sélectionneur, Vincent Collet, est de ce fait ajourné, lui qui a soupé ces derniers jours de ses inclinations défensives, contestées jusque dans ses rangs par son arrière Evan Fournier. En contenant l’attaque du Canada, dotés de snipers parmi les plus adroits du monde, à 73 points, on peut dire que Collet, qui est à nouveau en demi-finale d’une grande compétition internationale, a eu raison au bon moment.

Soudards en chef

Le sélectionneur, justement, avait décidé de réaménager l’intérieur de la maison bleue. Exit l’idée suspecte des tours jumelles, Rudy Gobert et Victor Wembanyama associés. Place à un jeu plus dynamique et varié, avec le golgoth des San Antonio Spurs placé au poste de pivot, sous le panier, et l’installation de «l’Ours dansant», Guerschon Yabusele, bien plus hardi offensivement que le fruste Gobert. L’idée a marché du feu de Dieu durant un premier quart-temps où les Bleus ont joué comme des possédés. La folle intensité défensive a grippé la routine des orfèvres canadiens, dont les nuisances ont été réduites au maximum : 4 mini points inscrits en dix minutes pour le trio d’ordinaire incandescent Shai Gilgeous-Alexander, RJ Barrett et Jamal Murray. Irréel. Et que dire de l’entame pleine de sève d’Isaïa Cordinier, d’ordinaire rompu aux basses œuvres, mais qui avait déjà mis 10 points en banque à la quatrième minute. La Bercy Arena en spasmait déjà.

Pour mettre fin au numéro, les Canadiens font alors appel à leurs soudards en chef, Nickeil Alexander-Walker et Kelly Olynyk. Le dragster aux mains soyeuses Gilgeous-Alexander se réveille, enchaînant en soliste une dizaine de points au creux du deuxième quart. Mais les Bleus avaient décidément plus de gaz que dans toutes les réserves de l’Ontario, et le pivot du Panathinaïkos d’Athènes Mathias Lessort mettait un boxon pas possible dans la raquette adverse, seul vrai point faible des Nord-américains : 45-29 aux citrons, avec une stat improbable. Alors que le Canada ne perd en moyenne que 11 ballons par match, ses hommes en avaient déjà égaré 9 à la mi-temps. Un augure de leur future apocalypse.

Transe que procure le sport

La deuxième mi-temps fut à l’avenant. Victor Wembanyama muselé et maladroit (7 points au final à 2 sur 10 au shoot, rarissime…), les Bleus s’en remettaient à leurs flamboyants soutiers du soir : 55 points pour le trio Lessort-Cordinier-Yabusele. Le reste confine à la transe que procure le sport, cette étrange sensation que, ce soir-là, quoi qu’il se passe, vous avez la vie devant vous. Et Evan Fournier, dont la résurrection (15 points) est un morceau d’histoire de ce quart de finale, qui gueule sa rage si fort que toute la France l’entend.