«Si les femmes ont le droit de porter le pantalon, ce serait bien que les hommes puissent porter des jupes», plaidait Sasha Zhoya. Une séquence de la série Au cœur des Jeux de Jules et Gédéon Naudet diffusée lundi montrait la star de l’athlétisme français en pleine séance d’essayage pour la cérémonie d’ouverture. Les couturières lui donnent une jupe à enfiler en cabine, perplexes. Promettent de se renseigner sur la possibilité de défiler en jupe pour le spécialiste des haies. Qui pousse son avantage. Et le combo pantalon sous la jupe ? Cette fois, refus immédiat. Finalement, le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques l’a bien confirmé à Libération, la jupe pour les hommes, c’est OK. S’il s’y tient, Sasha Zhoya, 22 ans, pourra donc montrer sur la Seine, au milieu de la délégation française, «que dans la mode, il n‘y a plus de différence entre les hommes et les femmes», comme il le proclame assez justement dans la vidéo.

Après un coup de gueule salutaire, les femmes qui le demandaient ont, elles, obtenu le droit de ne pas porter la veste dévolue aux sportives françaises (sans manche) pour la troquer contre la veste du costard masculin. « Depuis hier après-midi (mardi), la décision a été prise d’accéder à toutes les demandes », au nombre d’ »au moins trois » parmi les 571 sélectionnés olympiques français, a expliqué mercredi 24 juillet le Comité olympique français (CNOSF). Outre Zhoya, le CNOSF a accédé aux requêtes de l’heptathlonienne vice-championne d’Europe Auriana Lazraq-Khlass.

La tenue créée pour les Françaises par Berluti, le tailleur propriété de LVMH, est certes composée d’un pantalon et d’une jupe mais la veste est forcément sans manches. Entre la jupe et le pantalon, Paris 2024 le répète, elles peuvent faire à leur convenance. Il semble que ce soit en réalité un peu plus compliqué que ça, comme le confirme l’athlète Auriana Lazraq-Khlass dont le sang n’avait fait qu’un tour en voyant la vidéo de Zhoya. Réaction dans une story sur Instagram : «J’ai demandé à avoir le costume homme entier et on me l’a refusé ! Cf on est en 2024.» Et d’interpeller la Fédération française d’athlétisme, le comité d’organisation Paris 2024 et LVMH.

La vice-championne d’Europe d’heptathlon, 25 ans, confirmait dans la foulée auprès de Libération : «J’ai demandé, j’ai même beaucoup négocié au moment de l’essayage avec les couturières, parce que je voulais porter le blazer, manches longues, mais il n’y a rien eu à faire.» Quand elle a fait les essayages, la sportive raconte la pression derrière la souplesse supposée. Si elle a pu revêtir le pantalon et les baskets, «les personnes qui étaient à l’essayage forçaient pour qu’on mette la jupe et les mocassins. Je ne vois pas pourquoi je n’aurais pas le droit de m’habiller comme je veux, je trouve ça scandaleux». Un avis partagé selon elle par de nombreuses membres de l’équipe de France d’athlétisme. «On en a parlé entre nous, parce qu’on ne se sent pas bien de devoir forcément être sans manches ou en jupe. Certaines ont aussi demandé d’être en manches longues avec la jupe, ça leur a été refusé.»

Mis à jour mercredi 24 juillet, à 18 heures.