Une semaine après la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024, la haine persiste sur les réseaux sociaux. Le lundi 29 juillet, la DJ Barbara Butch portait plainte pour cyberharcèlement aggravé et menaces de mort. Ce vendredi 2 août, c’est au tour de Nicky Doll, présentatrice de l’émission Drag Race France et l’une des artistes présentes lors du tableau des «Festivités», de saisir la justice pour diffamation après des propos haineux, selon une information du journal Le Monde.
No point in getting wound up when the child fuckers want to wind you up.
— Laurence Fox (@LozzaFox) July 26, 2024
Just laugh at the deviant little pedos.
Eternity is a bitch.pic.twitter.com/YAuhYYjg8K
La plainte vise des internautes anonymes et un acteur et activiste britannique, Laurence Fox, qui a posté une vidéo du tableau des «Festivités» sur son compte X, le 26 juillet. Ce post est accompagné d’un commentaire qualifiant les artistes présents de «baiseurs d’enfants» et des «petits pédophiles déviants». Fox n’en est pas à sa première fois : en avril, l’activiste avait, encore une fois, qualifié de «pédophiles» la drag-queen Crystal et l’acteur de la défense des droits des personnes LGBTQIA + Simon Blake. Fox en avait été condamné pour diffamation et avait dû payer 90 000 livres sterling de dommages et intérêts aux deux victimes.
Des critiques envers la spectaculaire cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris qui persistent
Nicky Doll explique au Monde : c’est «un combat que je veux mener, pour que les personnes ouvertement homophobes aient peur d’utiliser ce mot de “pédophile”, parce qu’on les attaquera». Avant d’ajouter que «c’est une chose d’être homophobe. Par contre, nous associer à des faits aussi horribles que la pédophilie, ça n’a pas de nom et ce ne sera clairement pas attaché au mien».
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Depuis l’ouverture des JO, les critiques envers la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris persistent. Parmi les différents tableaux, celui intitulé «Festivités» alimente depuis le 26 juillet une polémique dans les milieux conservateurs et d’extrême droite à travers le monde. Celui-ci montre un groupe attablé avec plusieurs drag-queens et a été interprété par certains comme une parodie du dernier repas de Jésus avec ses apôtres, la Cène, telle que représentée par Léonard de Vinci. Les organisateurs, eux, assurent pourtant avoir voulu représenter une «grande fête païenne reliée aux dieux de l’Olympe».
L’ex-président américain et candidat à la Maison Blanche Donald Trump, l’avait qualifiée de «honte», tandis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté le pape François à «élever la voix» à ses côtés contre la «propagande perverse» diffusée, selon lui, par la cérémonie.
D’autres victimes...
Nicky Doll et Barbara Butch ne sont les seules à avoir porté plainte. Le parquet de Paris a ouvert mercredi 31 juillet une enquête après que Thomas Jolly, responsable artistique des quatre cérémonies des Jeux (ouverture et fermeture des Jeux olympiques et Paralympiques), a porté plainte la veille auprès de la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP). Il explique «être la cible sur les réseaux sociaux de messages de menaces et d’injures critiquant son orientation sexuelle et ses origines israéliennes supposées à tort», a confirmé le parquet de Paris.
Le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, a indiqué lui «apporter son soutien (...) ainsi qu’aux auteurs et artistes de la cérémonie face aux attaques dirigées contre eux». Avant d’ajouter qu’ils condamnent «fermement les menaces et le harcèlement dont ils sont victimes». La maire de Paris, Anne Hidalgo, a également apporté «(son) indéfectible soutien à Thomas Jolly face aux menaces et harcèlement dont il est victime depuis plusieurs jours».
Emmanuel Macron s’est dit vendredi soir «scandalisé» et «triste» du cyberharcèlement subi par Thomas Jolly, directeur artistique de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris, estimant que «rien ne justifie qu’on menace un artiste». «Les Français ont été très fiers de cette cérémonie (...) La France a donné le visage de ce qu’elle est (...) Elle a montré son audace et après elle l’a fait avec la liberté artistique qui convient», a ajouté le chef de l’Etat en marge d’un déplacement sur l’esplanade des Invalides à Paris pour rencontrer des bénévoles des Jeux.
Mise à jour : à 18 heures 30, avec davantage de détails ; à 20 heures 30, avec la déclaration d’Emmanuel Macron.