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Encore raté

«C’est forcément frustrant» : Renaud Lavillenie toujours pas dans les minima olympiques au meeting Perche des Alpes

JO Paris 2024dossier
Le double médaillé olympique est toujours en quête d’une barre à 5,82 m, nécessaire pour une qualification pour les Jeux de Paris. Ce mercredi 19 juin, il a échoué à 5,60 m à Montbonnot-Saint-Martin, au pied du massif de la Chartreuse.
Renaud Lavillenie lors d'un précédent meeting au Bourget, dimanche (Valentine Chapuis/AFP)
par François Carrel, correspondant à Grenoble
publié le 19 juin 2024 à 21h57

Sous un ciel plombé et un soleil voilé, dans une chaleur lourde et humide, avoisinant les 30 degrés, Renaud Lavillenie n’a pas réussi l’exploit ce mercredi soir au meeting Perche des Alpes, à Montbonnot-Saint-Martin, près de Grenoble (Isère). Devant un public fourni, près de 2000 personnes, au pied des montagnes du massif de la Chartreuse, l’ancien champion olympique de 37 ans n’a pu passer la barre des 5,60 mètres, loin des 5,82 mètres nécessaires à une qualification pour les Jeux de Paris cet été…

Certains étaient pourtant venus exprès de l’autre bout de l’agglomération grenobloise pour le soutenir, comme Alexandra, quadragénaire : «Ce serait tellement fort qu’il puisse être à Paris ! On est derrière lui… même si j’ai du mal à y croire !» Lavillenie, genou gauche strappé en raison de sa blessure à l’ischio, affiche un visage fermé. Concentré, il ne passe pourtant sa première barre, à 5,40 mètres, qu’au deuxième essai. Le public l’encourage chaleureusement. Jérôme, traileur local, retient son souffle : «Renaud, c’est un mythe. Même s’il n’est pas en grande forme, il est magnifique à voir sauter. J’aimerais tellement qu’il puisse encore une fois faire les Jeux !»

Médaille d’or en 2012 à Londres, médaille d’argent en 2016 à Rio, détenteur un temps du record du monde (6,16 mètres, en 2014), le Clermontois fait maintenant face à la barre placée à 5,60 mètres. Après deux premiers essais ratés sans appel, il est à deux doigts de réussir au troisième essai, passant de justesse la barre, qui rebondit une fois, semble se stabiliser… puis chute. Un grand cri de déception monte du public. Renaud Lavillenie remonte la piste, salué par une clameur, le visage triste et sans pouvoir masquer un léger boitillement.

«L’enjeu de Paris est tel qu’il m’est impossible d’abandonner en route»

«C’est forcément frustrant, même si je m’attendais à tout et à rien en venant à ce meeting, analyse-t-il. C’est le pire des scénarios de rater comme ça sur un troisième essai. Le dos au mur, je me suis fait violence sur ce dernier essai, j’ai mis toute mon énergie et il ne m’aura manqué qu’un tout petit peu de réussite : la barre bouge, semble tenir… et ne veut pas rester en place !» Il ne baisse pourtant pas les bras et ne regrette en rien d’avoir, au dernier moment, choisi de participer en dépit de sa blessure à ce meeting dans les Alpes, en supplément des deux derniers rendez-vous qui lui restent pour se qualifier pour les Jeux, à Toulouse ce samedi puis aux Championnat de France à Angers les 29 et 30 juin.

«Je suis dans une situation compliquée bien sûr, mais aujourd’hui j’ai pris des infos, des repères, produit des sauts avec une bonne intensité, et ce sans douleur : c’est déjà une bonne étape, confie-t-il, sans montrer le moindre abattement. Je vais continuer à travailler et rebattre mes cartes pour Toulouse. Le meilleur moyen serait bien entendu de prendre du repos, mais l’enjeu de Paris est tel qu’il m’est impossible d’abandonner en route !» Pressenti pour être porte-drapeau de la délégation française, il ne veut «pas avoir le moindre regret pour cette phase de qualification». Il se dit prêt «à tout donner» à Toulouse puis Angers : «j’ai encore dix jours à serrer les dents, mais je suis en mesure de courir, de sauter, de maîtriser la douleur… Ça avance !»

L’homme en grande forme de ce meeting reste bien, en revanche, le Grenoblois Thibaut Collet, qui jouait à domicile dans ce stade : il a passé une barre à 5,95 mètres, battant de 3 centimètres son record personnel établi en février dernier, et réalisant la troisième meilleure performance mondiale de la saison… Il s’est même offert une tentative unique à 6,01 mètres, ratée mais acclamée avec une ferveur et une émotion inégalée par le public local. Un parcours sans faute pour le fils du grand champion Philippe Collet, de très bon augure pour les Jeux de Paris.