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Libération
Reportage

«C’est la merde, mais on en a vu d’autres» : bouclée en raison des JO, la Concorde désertée par les Parisiens et les touristes

JO Paris 2024dossier
Déambulation autour de l’emblématique place du VIIIe arrondissement, fermée temporairement depuis ce samedi 1er juin jusqu’au 25 septembre, pour accueillir plusieurs épreuves des Jeux olympiques dans moins de deux mois.
Ces infrastructures éphémères place de la Concorde doivent accueillir les compétitions de basket 3x3, de breaking, de BMX freestyle ainsi que la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris, à partir du 26 juillet. (Sami Karaali/AFP)
publié le 1er juin 2024 à 18h49

«On est un peu perdues.» Noëlle, Odette et Amélie observent l’interminable rangée de grilles qui jalonnent la rue de Rivoli, dans le VIIIe arrondissement de Paris. Interloquées, elles cherchent un endroit par où passer. Autour d’elles, d’autres enfilades de barrières, cadenassées par des agents de sécurité qui surveillent les lieux. Des policiers sont postés à hauteur de plusieurs entrées désormais infranchissables.

Au loin, quelques dizaines de mètres derrière l’amas de ferraille, l’obélisque égyptien surplombe toujours la place. A ceci près qu’il est désormais inaccessible, quadrillé par des gradins. Ces infrastructures éphémères doivent accueillir les compétitions de basket 3x3, de breaking, de BMX freestyle ainsi que la cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris, à partir du 26 juillet prochain. Plusieurs stations de métro sont d’ores et déjà fermées.

Depuis ce samedi matin 6 heures, et jusqu’au 25 septembre, ce lieu très touristique de la capitale est entièrement fermé au public, afin de faciliter les installations. Fermeture qui n’est pas sans altérer le quotidien des piétons, mais aussi des cyclistes et des automobilistes, dans cet endroit en plein cœur de la capitale d’habitude très dense.

«Ça dénature un peu les monuments»

«On ne savait pas du tout», lancent de concert les amies venues de Compiègne et des Pays-de-la-Loire, en visite à Paris ce samedi. Un peu «déçues» de ne pas pouvoir flâner sur la place, elles disent néanmoins comprendre la mise en place d’un tel dispositif. «Ça permet aussi de se rendre compte du travail que ça représente», glisse Noëlle, qui bosse dans les services techniques de sa commune. «Ça dénature un peu les monuments, quand même», embraye Odette.

Qu’en pensent les touristes étrangers ? Sous son parapluie, Lee Wamdong s’amuse avec sa compagne à prendre des photos, le téléphone portable calé entre les grilles. «Tant pis, on nous avait dit d’y aller parce que c’était une place magnifique, mais on reviendra une autre fois. De toute façon on n’a pas le temps de tout visiter, sourit ce Sud-Coréen originaire de Daegu, venu passer cinq jours dans la capitale. Et cette fois, il fera beau !»

Des itinéraires bis boueux et glissants

La pluie complique un peu la donne pour ces visiteurs contraints d’emprunter des itinéraires bis. La plupart contournent les lieux soit par les jardins des Champs-Elysées soit par le parc des Tuileries rendu accessible via un imposant escalier métallique. De part et d’autre, le terrain est boueux et glissant.

Même souci pour les cyclistes, obligés de descendre de vélo face à l’afflux de piétons sur les allées bis. C’est le cas de Manon, qui pose le pied à terre en arrivant près du périmètre de sécurité, avenue des Champs-Elysées. «Je me doutais que ça allait finir par arriver un jour», sourit la trentenaire, consciente qu’elle va «perdre quelques minutes» sur son chemin de repli.

Comme beaucoup de flâneurs interrogés, elle comprend la nécessité de couper ces accès temporairement, mais demande plus de communication de la part de la mairie. «Il faut qu’on soit mieux informés et plus rapidement. C’est comme pour le QR code [un laissez-passer numérique sera obligatoire pour entrer dans certains périmètres au moment des JO]. Il y a des effets d’annonces, mais on s’aperçoit qu’on n’a pas tous les éléments pour bien comprendre», explique cette résidente du XVe arrondissement qui utilise le vélo quotidiennement pour se rendre au travail.

Embouteillages de vélo

L’approche des olympiades ne l’effraie «pas plus que ça», étant donné les «nombreuses autres voies dédiées aux vélos, les rues à double sens». Elle reconnaît tout de même que «les gens sont un peu plus tendus sur la route» ces derniers temps. Et affirme avoir découvert il y a peu sur l’itinéraire qui mène à son travail, à Montparnasse, de premiers «embouteillages à vélos». «Alors, je n’imagine pas ce que ça doit être maintenant pour les voitures ici.»

Autour de la place, certains axes routiers sont forcément encombrés. Aux carrefours des rues Cambon, Mondovi et de Rivoli, plusieurs voitures roulent au pas, déboussolées. De l’autre côté, le cours la Reine et le quai des Tuileries, sans être fluide, n’étaient pas encore trop congestionnés. «C’est la merde, mais on en a vu d’autres», glisse un automobiliste qui n’aura pas eu le temps de donner son nom : une horde de klaxons à hauteur du pont de la Concorde l’a condamné à passer la seconde.