Son violet accroche le regard. Au Stade de France, la piste d’athlétisme a troqué ses tons ocre pour des nuances d’indigo. Le 1er juin, le Consortium du Stade de France léguera les clés de l’antre au Comité d’organisation des jeux olympiques (Cojo). 46 des 48 épreuves d’athlétisme des Jeux olympiques de Paris 2024 y seront disputées du 1er au 11 août, avant celles des Paralympiques, du 30 août au 8 septembre. L’enceinte a changé d’habillage car l’ancienne piste n’était «plus en état d’accueillir des épreuves olympiques», selon Maria Le Corre, directrice adjointe Projets et Travaux du Consortium. D’ici au 25 juin, date du premier test grandeur nature sur place, les rouleaux du nouveau revêtement continueront d’être apposés pour permettre aux athlètes de concourir dans les meilleures conditions. Libé fait le point sur les particularités de cette piste, dont le coût est tenu secret.
Pourquoi ces nuances de violet ?
Lors des derniers JO en 2021, la piste d’athlétisme du Stade national de Tokyo s’est parée de rouge en référence au ton présent sur le drapeau japonais. L’entreprise italienne Mondo, qui a fourni le revêtement de toutes les pistes depuis les Jeux de Montréal en 1976 (hormis l’édition moscovite de 1980), a rempilé pour Paris 2024, en décidant cette fois d’opter pour un violet inédit sur les 13 000 m2 de surface nécessaires dans le Stade de France. L’objectif : rester dans les clous de la charte graphique de ces Jeux, mais aussi «dans l’approche créative du Cojo, explique Alain Blondel, manager des épreuves d’athlétisme et de para-athlétisme de Paris 2024, lui-même ancien décathlonien olympique. On voulait se détacher des couleurs habituelles que sont l’ocre, le terra cotta et le bleu.»
Deux teintes se distinguent sur la piste. L’une plus claire pour les espaces de compétitions, l’autre plus foncée, dans les zones dites techniques, complétés par un gris, en référence à la cendrée des JO 1924. La Fédération internationale d’athlétisme et le diffuseur officiel OBS ont été concertés. La priorité est que les athlètes et la piste se distinguent au mieux pour l’œil du téléspectateur. «Elle doit être jolie, esthétique. Mais c’est avant tout une scène où les athlètes vont se produire», affirme Alain Blondel.
Une piste écoresponsable ?
Violette, mais aussi verte car dite «écoresponsable». Parmi le caoutchouc naturel et synthétique, les minéraux, pigments et additifs qui la composent, cette piste se compose de 50 % d’ingrédients recyclés ou renouvelables. Une nette augmentation par rapport aux Jeux de Londres en 2012, où la piste du stade olympique n’en comptait que 30 %. Et ce qui permet une économie considérable de matériaux d’origine fossile. «Ils utilisent des coquilles de moules qu’ils ont pilées pour pouvoir retrouver une structure et réduire la quantité de matière pétrolifère qui y était intégrée, détaille Alain Blondel. L’approche de Mondo était d’essayer de réduire son impact environnemental.»
Quelles sensations pour les athlètes ?
Sur ce violet, les sportifs vont «être à l’aise», assure Alain Blondel. «Il y a une sensation de confort qui est assez importante. Au décathlon, on passe deux fois douze heures sur la piste. Le bien-être est important», développe-t-il. «C’est pour ça que nous avons travaillé sur des zones avec des contrastes suffisamment importants pour que l’aire de compétition soit bien en évidence et visible par rapport à celles non utilisées», garantit l’ancien athlète. Comme celle de Tokyo, la piste du Stade de France s’avérera-t-elle «rapide» et propice à voir les records tomber ? «Nous avons changé la forme des alvéoles de la couche inférieure, cela réduit la perte d’énergie pour l’athlète et lui en redonne au meilleur moment de son geste», assurait en mars à l’AFP Maurizio Stroppiana, vice-président de la division sports de Mondo et fils de l’un des deux fondateurs.
Pourquoi l’enceinte n’est-elle pas rénovée à l’identique ?
Outre l’apparition d’un neuvième couloir, ajouté pour les épreuves de 400 et 800 mètres, les lieux ont été plus largement réorganisés, une évolution censée assurer «un équilibre parfait entre les concours de disque, de marteau, de poids et de javelot», développe Maria Le Corre. Comprendre : il est désormais possible d’organiser des deux côtés ces épreuves, qu’importent les horaires et la façon dont le stade est organisé. La perche bascule du côté des virages, les espaces de triple saut et de saut en longueur du côté de la tribune est. Des changements «où il y a le plus de spectateurs payants et où il se passe le plus de choses», justifie Alain Blondel. L’autre nouveauté – inédite pour des JO – concerne l’apparition d’un sautoir central pour les épreuves de saut en longueur et de triple saut. «On va essayer d’en faire un point fort, indique Blondel. Lorsque les athlètes vont sauter, ils vont arriver en face du milieu de la tribune. Tous les spectateurs les verront de la meilleure façon possible.»