Céline Dion lors de sa performance émouvante.

Bleu blanc rouge. Rue de la Verrerie, au bar Le Renard dans le 4eme arrondissement, Jean-Bernard et Mordjane ont revêtu les couleurs du drapeau français pour l’occasion. «Il fallait marquer le coup et montrer que nous sommes fiers d’être Français.» Le couple salue une cérémonie d’ouverture «romantique» marquée par la prestation d’Aya Nakamura accompagnée de la Garde Républicaine. «C’était drôle ce mélange entre le solennel et le pur divertissement. C’est à l’image de notre mentalité. Nous ne sommes pas là pour nous prendre au sérieux.» Le couple compte poursuivre la soirée jusqu’au petit matin même s’il doit se lever tôt pour un match de volley-ball prévu à l’Arena demain matin. «Nous avons prévu de suivre le plus de compétitions possibles.» Par Katia Dansoko Touré

«C’était tellement ambitieux et ils ont réussi» La cérémonie n’a pas été un long fleuve tranquille, mais le spectacle méritait bien quelques gouttes de pluie. À peine la flamme allumée et les salves d’applaudissements terminées, les courageux spectateurs réunis au parc de La Courneuve malgré le déchaînement des éléments multiplient les louanges. «C’était de l’émotion à l’état pur. Magique», sanglotte Catherine. Elle fond en larmes, si heureuse d’avoir vu «son héros», Teddy Riner, allumer la flamme. «Il va nous ramener l’or», ajoute-t-elle les mains tremblantes de bonheur. «Faire ça sur la Seine, c’était tellement ambitieux, et ils ont réussi», glisse une autre habitante de Saint-Denis qui prend maintenant la direction de la sortie. Sur fond de la voix puissante de la tant attendue Céline Dion, plusieurs couples s’enlacent, lâchent leurs parapluies et s’adonnent à une danse timide. Par Coppelia Piccolo

La tribune de presse bouche bée et trempée. Dans la tribune de presse du Trocadéro, plus personne ou presque ne fait son métier depuis l’apparition de Zinedine Zidane portant la flamme olympique sur la piste centrale. La pluie, trop forte, a depuis longtemps proscrit toute tentative d’approcher un clavier. Alors, tout le monde observe, bouchée bée, en apnée, cet incroyable final, mêlant apocalypse et nirvâna, d’une mongolfiere enflammée s’élevant dans le ciel de Paris. Certains filment, d’autres observent. Quelques uns pleurent. Par Willy Le Devin

ENFIN, CELINE. Jusqu’au bout, le suspens aura tenu. Et finalement, la voix de Céline Dion résonne sous la tour Eiffel. Le temps d’une reprise de L’hymne à l’Amour d’Edith Piaf pleine d’émotions et de vibratos. Après la vasque s’envolant dans le ciel de Paris, la performance de la star québécoise vient conclure une cérémonie sans fausse note.

Les mousquetaires d’Estanguet. Amélie Mauresmo, Tony Parker, les athlètes paralympiques Marie Amélie Le Fur, Alexis Hanquinquant et Nantenin Keïta, Clarisse Agbenenou, Félicia Ballanger, Alain Bernard, le doyen des champions olympiques français Charles Costes né en 1924 et titré à Londres en 1948, David Douillet, Laura Flessel, Michael Guigou, Jean-François Lamour, Renaud Lavillenie, Emilie Le Pennec, Laure Manaudou, Alison Pineau ont couru tous ensemble dans le Louvre et les Tuileries. Marie-José Pérec et Teddy Riner ont enflammé la vasque.

Une vasque hors-norme. Prête à accueillir la flamme apportée par l’ultime relayeur, la vasque conçue et imaginée par les organisateurs est décrite comme «un anneau-flamme de 7 mètres de diamètre, surmonté d’un ballon de 30 mètres de haut et 22 mètres de diamètre», indique-t-on côté Paris 2024. L’objet rend hommage au premier vol en ballon à gaz gonflé à l’hydrogène, effectué par deux de ses inventeurs français - le physicien Jacques Charles et l’un des deux frères Robert - en décembre 1783 depuis le Jardin des Tuileries. L’objet métallique est installé au cœur de la ville, dans le Jardin des Tuileries.

Inclusivité. La performance de Shaheem Sanchez sur la mélodie galvanisante de Supernature de Cerrone vaut le détour. Devenu sourd à l’âge de 4 ans, le danseur américain de 33 ans s’était déjà illustré aux côtés d’Usher lors du dernier Superbowl en février. Ce soir, sous la Tour Eiffel, il s’adonne à un «chant signé», autrement dit, il exprime la musique en langage des signes. Un bel hommage à la volonté de «Jeux plus inclusifs» de Thomas Bach.

Néon marchant. Zidane salue et touche des mains telle une rock star, passe la flamme à Nadal tout de rouge vetu et sourire plus brillant que la Tour Eiffel. Le monument est dans une pluie néonisée, ambiance Blade Runner. Sur un bateau, des sommités type Nadia Comaneci et Serena Williams portent le flambeau en gilets de sauvetage, navigant vers le même but. Mais lequel ?

Les anneaux olympiques révélés. Un à un, les anneaux olympiques apparaissent sur la Tour Eiffel. Lorsque Pierre de Coubertin souhaite trouver un emblème censé symboliser les JO, en 1913, le baron français a l’idée d’esquisser cinq anneaux, pour «les cinq continents unis par l’Olympisme et les couleurs de toutes les nations».

Bon, c’est bien beau tout ça, mais où est Céline Dion ? Le cadrage majestueux mettant à l’honneur la Tour Eiffel en arrière-plan permet toutes les spéculations - la diva sera-t-elle larguée du haut de la tour au bout d’un filin d’acier ? Déboulera-t-elle façon couleuvre comme le suggérait son docu choc, à l’issue duquel elle ahanait «Si je ne peux plus marcher, je ramperai, mais je ne m’arrêterai pas !» ? Son âme a-t-elle tout bonnement été extraite de ce corps qui lui fait défaut et implanté directement dans la Tour Eiffel qui se déploiera tel un Transformer pour entonner My heart will go on de la voix la plus puissante jamais entendue ? Le suspense est à son comble. Par Marie Klock

Des communiants appelés Manaudou et Robert-Michon. Ils prononcent le serment olympique juste après le tout petit discours d’Emmanuel Macron pendant lequel on a entendu quelques sifflets. «Au nom de tous les concurrents, je promets que nous prendrons part à ces Jeux Olympiques, respectant et suivant les règles qui les régissent, dans l’esprit de sportivité et pour la gloire du sport et l’honneur de nos équipes», déclament-ils en chœur, comme un jour de première communion. En tant que porte-drapeaux de la délégation tricolore, Florent Manaudou et Mélina Robert-Michon ont prêté serment pour tous les athlètes engagés dans la compétition. Le serment olympique a été introduit pour la première fois aux Jeux Olympiques d’Anvers en 1920. Il souligne l’engagement des athlètes à respecter les règles et à participer aux Jeux dans un esprit de fair-play et de respect mutuel. Sur le même principe que le serment des athlètes, un juge et un entraîneur français prêtent serment au nom de leurs pairs et s’engagent à respecter les règles et à promouvoir les valeurs olympiques.

Nadal, Williams, Comaneci et Lewis. Les derniers porteurs de la flamme sont made in Estanguet. Les porteurs de flamme, jusqu’au dernier qui enflammera la vasque dans le jardin des Tuileries, c’est le projet personnel de Tony Estanguet. Le patron du Cojo Carl Lewis réunis pour Paris. «Une aventure passionnante, des mois à y réfléchir», a-t-il expliqué jeudi à une poignée de journalistes. Pour commencer une séquence où une trentaine de personnalités vont se succéder. Rafael Nadal a pris le flambeau des mains de Zinedine Zidane. Avant de prendre un hors bord sur la Seine avec Serena Williams, Nadia Comaneci et… Carl Lewis !

Macron hué ou acclamé ? En tout cas, c’est sous les sifflets qu’il a déclaré «ouverts les Jeux de Paris».

Unis contre la pluie. À la fan-zone de Stalingrad, plus de 300 personnes suivent le discours de Tony Estanguet. Clameur dans la foule lorsque celui-ci déclare : «Quand on aime les Jeux, on ne se laisse pas intimider par la pluie.» Agathe, 33 ans, fait partie de ceux qui ne se sont pas laissés intimider. Avec son compagnon, Raphaël, 35 ans, la Parisienne salue un moment historique qui rassemble l’humanité. «On est mouillé mais c’est pour la bonne cause.» Par Katia Dansoko Touré

Thomas Bach donne la ligne de route des Jeux de Paris, et des prochains. Après la devise olympique «plus vite, plus haut, plus fort», le président du Comité international olympique dévoile de nouveaux qualificatifs qui doivent guider les «réformes» en cours dans les valeurs de l’olympisme. «Nous allons vivre des Jeux plus inclusifs, plus urbains, plus jeunes, plus durables», a-t-il énuméré.

Tony 2027. Dans son discours qui parlait beaucoup d’amour - un baby blues coming? - Tony Estanguet a surtout parlé d’unité et de rassemblement. Sous le speech un peu convenu sur l’esprit olympique, la joie des gagnants et les larmes des perdants, la politique a affleuré. «A chacune de vos victoires, la République est plus vivante», a lancé le patron du Cojo aux athlètes réunis au Trocadéro. Même si les Jeux n’ont pas le pouvoir de tout régler. Même si les discriminations et les conflits dans le monde ne vont pas disparaître. Ce soir, vous nous avez rappelé à quel point l’humanité est belle quand elle se rassemble.

Avec Filippo Grandi, le sport comme facteur d’inclusion des réfugiés. Le trophée des Lauriers olympiques a été décerné à Filippo Grandi. Le haut-commissaire des Nations Unies pour les réfugiés et vice-président de l’Olympic Refuge Foundation se voit distingué pour ses engagements. Les Lauriers olympiques ont été créés par le Comité International Olympique en l’honneur de ceux qui ont «accompli des progrès significatifs dans l’éducation, la culture, le développement et la paix par le sport». Le diplomate italien est le troisième à recevoir ce prix.

Estanguet sous un parapluie. On dirait un lord anglais en Inde avec son page. Sauf qu’il ne fait pas chaud, il pleut à verse sur le Trocadéro quand le patron du Comité d’organisation de Paris 2024 s’avance pour son discours. «Quand on aime les Jeux on ne se laisse pas impressionner par quelques gouttes de pluie. Merci à tous les amoureux des Jeux mouillés, très mouillés mais vous êtes là», scande Tony Estanguet.

«J’en peux plus d’attendre, c’est qui cette cavalière masquée ?» À la fan zone de La Courneuve, le temps est suspendu sur fond de musique angoissante. Les regards des spectateurs, un peu dispersés pendant deux heures de cérémonie, sont maintenant braqués sur l’écran et son personnage mystérieux. «Depuis tout à l’heure on fait des paris. Moi je dis Céline, peut être», s’exclame Chaimae. Mais Juxhersa la coupe : «Mais non, regarde, on voit un bout de son visage, on dirait un homme !» Armées de leur téléphone, elles trépignent d’impatience, et veulent, comme nous, lever cette cape. Par Coppélia Piccolo