En résumé :
- Lancé avec éclat début mai à Marseille, le relais de la flamme olympique a depuis été éclipsé par les soubresauts politiques. Son arrivée à Paris ce dimanche 14 juillet, jour de la fête nationale, a remis la lumière sur les JO, à douze jours de la cérémonie d’ouverture.
- La flamme a d’abord paradé sur les Champs-Elysées, après avoir pris part au traditionnel défilé militaire relégué avenue Foch. Le symbole des Jeux olympiques passe ensuite devant bien des monuments : Panthéon, Notre-Dame, Bastille… jusqu’à lundi soir. Retrouvez son parcours millimétré ici.
- 540 relayeurs doivent se passer le témoin lors de ce passage dans la capitale, dont plusieurs personnalités comme la sprinteuse Marie-José Pérec, l’humoriste Jamel Debbouze, le rugbyman Gaël Fickou, le journaliste Thomas Sotto ou l’escrimeuse Laura Flessel.
Exit la politique, place aux Jeux, plaide Tony Estanguet. On n’y voit toujours pas clair du tout sur la suite des événements politiques et, pendant toute la campagne des législatives, le président du Cojo s’est tenu le plus possible à l’écart de la politique. Mais, explique-t-il dans un entretien accordé à l’AFP samedi, «il y a forcément un soulagement que cette étape soit derrière nous. C’était une étape importante pour ce pays, qu’on a complètement respectée». Selon Estanguet, la crise politique n’a pas eu d’impact sur les préparatifs: « on n’a pas pris de retard, on n’a pas été impacté par la tenue de cette élection. A-t-il un pronostic pour le futur gouvernement? «Il y a un truc que j’ai compris dans mon job et que j’ai appris ces dernières années, c’est de rester à ma place. Ce n’est pas moi qui nomme le gouvernement. J’ai déjà eu des situations où j’ai dû m’adapter. J’ai confiance dans le fait que l’État accompagne et continue d’accompagner ce projet jusqu’au bout», ajoute-t-il.
Un relais, c’est aussi une grosse caravane. «Le relais, c’est du vivre ensemble et dehors une fête qui dure toute la journée», explique Grégory Murac, directeur délégué du relais au sein du comité d’organisation des JO, qui a enquillé toutes les étapes depuis le 9 mai. Il vit à bord de la caravane de la flamme, composée de 150 personnes pour l’organisation, 100 personnes pour chacun des deux parrains (BPCE et Coca-Cola) et une centaine pour la «bulle de sécurité». La petite ville ambulante a même un service de laverie, qui dépose le linge sale dans des Esat et des ateliers protégés sur le chemin et récupère les chemises repassées deux jours plus tard.
Gaffe à Mona Lisa, la flamme arrive au Louvre. Pile à l’heure pour que les images fassent les JT, ce qui n’est évidemment pas un hasard, la torche dessinée par Mathieu Lehanneur visitera le Louvre. Elle devrait suivre le parcours d’un touriste moyen pour croiser tous les chefs-d’œuvre du musée, de la Victoire de Samothrace à la Joconde en passant par la salle 403, celle des marbres «esclaves» de Michel-Ange, avant un passage devant la monumentale Liberté guidant le peuple de Delacroix, qui s’est refait une beauté pendant six mois à l’occasion des JO. Cette séquence a donné lieu à «une dizaine de réunions de sécurité avec la brigade des sapeurs-pompiers affectée au Louvre. Les équipes de tournage se sont entraînées pour se déplacer dans les couloirs et qu’on ne voit que les œuvres et la flamme», raconte un participant à ces réunions. Malgré le prix inestimable des œuvres et le stress des assurances, «on a travaillé sérieusement mais jamais de manière anxiogène».
La flamme en Vélib’ rue de Rivoli. Petit easter egg pour le passage du relais de la flamme par la rue de Rivoli : la torche est transportée à vélo. Cette voie emblématique de Paris est réservée sur toute sa longueur aux circulations douces, à savoir les vélos et les piétons, ainsi qu’aux seuls véhicules autorisés.
La flamme olympique passe par la place Vendôme. Au milieu des luxueuses boutiques de joaillerie de la place, la flamme rayonne. Le relais à même un peu d’avance sur le programme : il se fait au ralenti, sous les applaudissements, devant le ministère de la Justice. Direction la rue de Rivoli et le musée du Louvre.
Flamme des villes ou flamme des champs ? Le tracé du relais a fait l’objet de négociations intenses entre le comité d’organisation et les collectivités locales. Il était demandé 180 000 euros pour obtenir un passage sur son territoire (mais l’addition globale se chiffre plutôt entre 300 000 et 500 000 euros selon le dispositif et les animations). A ce prix-là, un peu plus de 60 départements (sur 101) ont topé. Lyon, dirigée par les écolos, est la seule grande ville qui a refusé le deal, mais le département du Rhône, piloté par Les Républicains, a lui aussi décliné. Les arguments pour refuser sont principalement budgétaires et ceux pour accepter «relèvent d’un système de croyance dans l’idée que les JO peuvent avoir des retombées économiques et qu’ils véhiculent des valeurs d’intérêt général», analyse Hugo Bourbillères, maître de conférences Staps à Rennes 2. A ses yeux, pour peaufiner ce relais, le Cojo a «clairement négocié avec les pôles de croissance et de densité urbaine sans oublier les pôles cartes postales», ce qui a dessiné une flamme des villes plutôt qu’une flamme des champs.
Un ballet de juillet au pied de la colonne de Juillet.
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La flamme fait la tournée des gares. Le feu olympique continue de passer de mains en mains, ou plutôt de torche en torche, et poursuit son périple parisien. Après être passée devant la gare de l’Est, la flamme a gravi la volée de marches qui sépare l’édifice de sa voisine, la gare du Nord, non sans passer devant le bien nommé Bistrot des Deux Gares. Le relais de la flamme doit désormais repiquer vers le sud pour gagner le Louvre, avec notamment le champion du monde de football Blaise Matuidi comme porteur sur ce tronçon.
Qui pour porter la flamme dans toute la France? Les 10 000 relayeurs pour deux mois et demi ont été sélectionnés par le comité olympique et par les deux sponsors, Coca-Cola et le groupe BPCE. Ce sont des sportifs, des stars, des associatifs, des personnes en situation de handicap, des personnes âgées ou des enfants. 100 % inclusif. Des «gens ordinaires qui font des choses extraordinaires», clame le slogan du Cojo. Dont les CV sont lus en direct façon coureurs du Tour de France par des commentateurs professionnels sur la plateforme numérique de France Télévisions, qui diffuse l’intégralité du relais tous les jours
La flamme olympique est arrivée au Bataclan. Huit ans après les attantats du 13 novembre 2015, la flamme olympique s’arrête devant la salle de concert, sous les yeaux d’Anne Hidalgo et du préfet de police de Paris Laurent Nuñez. Le violoncelle solo de la Garde républicaine Arthur Lamarre joue en hommage aux victimes du commando terroriste. Une minute d’applaudissements a été observée. Le président de l’association 13Onze15, Philippe Duperron, qui a perdu son fils dans ces attentats et portait la flamme ce dimanche, a déclaré : «c’est un immense honneur de représenter toutes les victimes des attentats, dans la joie de vivre». Arthur Dénouveaux, qui préside l’association Life for Paris, a dit, lui, que «c’est une manière de montrer que la flamme de la vie brille encore devant le Bataclan. C’est très émouvant. On a eu une pensée pour les victimes du Bataclan mais aussi celles de Nice. La vie c’est de la joie et pas du terrorisme.»
🔥 #Paris2024 | #FlammeOlympique Le vibrant et magnifique hommage rendu devant le Bataclan aux victimes des attentats du 13 novembre 2015.
— francetvsport (@francetvsport) July 14, 2024
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La flamme olympique passe sur la place de la Bastille. En ce jour de fête nationale, les relayeurs de la flamme parcourent le lieu symbolique de la Révolution française de 1789. La torche s’offre même un ballet aux mains du danseur étoile Hugo Marchand, à deux pas de l’Opéra Bastille. Il est accompagné par des dizaines de danseuses sur la musique du Lac des cygnes de Tchaïkovski.
Le relais de la flamme, du point de vue des touristes. A l’inverse des Parisiens qui veulent quitter Paris pendant les JO, Michelle et David, 140 ans à tous les deux, ont prolongé leurs vacances en France pour «attraper un peu d’esprit olympique» avant de rentrer aux Etats-Unis. La tentative d’assassinat contre Donald Trump ou la crise politique en France n’echappent pas à ces deux électeurs démocrates. Du coup, le spectacle de gym de pompiers en justaucorps tricolores devant Notre-Dame, «ça fait du bien à tout le monde», explique David. Sur le parvis, on entend à peu près toutes les langues vu le taux de touristes au mètre carré et, à moins de faire la taille de Wembanyama, on voit très peu du relais, à part des perches à selfie. Mais dès qu’on sort des grands spots, la flamme s’offre tranquillement aux appareils photo et aux applaudissements. Par Laure Bretton.
La flamme sur la place des Vosges. Le relais de la torche olympique fait désormais le tour de l’une des plus anciennes places de Paris, en direction de la maison de Victor Hugo.
Ces JO vont avoir « une gueule folle », promet Estanguet. Le feuilleton de la Seine, les problèmes du Coq sportif, la crise politique… La montée en puissance vers les JO de Paris n’a pas été de tout repos, mais le président du Cojo, en bon sportif résilient, en tire une maxime: «on ne fait rien d’extraordinaire dans la facilité». «Ça fait 100 ans qu’on n’a pas vécu ça dans notre pays. On va vivre un moment précieux, inédit, et je pense que ça va avoir une gueule folle», ajoute-t-il dans un entretien à l’AFP.
La flamme passe par le musée Carnavalet, portée par la drag-queen Minima Gesté. Elle est desormais entre les mains de la drag-queen Minima Gesté, porte étendard de la communauté LGBT+, sous les yeux de la Maire de Paris Anne Hidalgo. Minima Gesté avait été la cible de nombreux commentaires haineux à l’annonce de son relais pour porter la flamme.
Fier d'assister au @MuseeCarnavalet au relais de la flamme olympique, portée par la drag queen @Minima_Geste, engagée pour les droits des personnes #LGBT et contre le #VIH/#sida.
— Yohann Roszéwitch (@YRoszewitch) July 14, 2024
Un moment fort de @Paris2024 dans ce musée de l'histoire de @Paris, ville d'inclusion et de respect. pic.twitter.com/2KCTTDYx2e
9 exploits (et quelques couacs) de la flamme olympique. Remise fin avril aux organisateurs français des JO de Paris, la flamme olympique a vogué à bord du trois-mâts Belem pour rejoindre la France. Voici un petit florilège des meilleures anecdotes liées à son transport dans l’histoire des Jeux, à l’occasion de son parcours dans les rues de Paris ce dimanche.
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La flamme devant le mémorial de la Shoah. C’est au tour de Léon Placek, l’un des derniers témoins de ce que furent les camps de concentration et le camp de Drancy, de porter la flamme olympique, à petits pas, devant le musée consacré à l’histoire juive durant la Seconde Guerre mondiale. «La flamme symbolisait, dans cet endroit, 6 millions de personnes. J’étais touché, j’ai même craqué, je crois», a réagi Léon Placek une fois son relais terminé.
Le relais devant Notre-Dame en travaux. Au tour de Rémi Lemaire, qui avait participé au sauvetage de Notre-Dame en feu, il y a cinq ans, de porter la flamme. Au son de l’orchestre des sapeurs-pompiers de Paris, devant la cathédrale encore convalescente. Une haie d’honneur s’est aussi formée en hommage à la brigade des sapeurs-pompiers de Paris, sous les applaudissements du public. Thimotée Bernardeau, pompier paraplégique de la brigade, a lui aussi brandi le flambeau.
Devant Notre Dame, après une démo sur fond de french-cancan (triple strike Paris éternel), la brigade de gym des sapeurs pompiers de Paris salue le relais. Sous le regard du préfet de police Laurent Nunez, incognito avec ses deux oreilllettes dans la foule #JOParis2024 pic.twitter.com/HHGmFR66GY
— laure bretton (@laurebretton) July 14, 2024
La flamme sur les quais de Seine. La déambulation de la flamme olympique se poursuit, vers les bords de Seine. Les caméras qui suivent de près la flamme depuis son départ sur les Champs-Elysées, en tout début d’après-midi, laissent apercevoir tantôt le chantier de Notre-Dame de Paris, tantôt les rangées de sièges bleues qui tapissent les quais. Premières traces de la spectaculaire cérémonie d’ouverture promise sur la Seine dans douze jours.
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