En résumé :
- La flamme olympique des JO de Paris 2024 arrive sur le sol français à 79 jours de la cérémonie d’ouverture. Le comité d’organisation et le gouvernement misent sur cet événement pour raviver un enthousiasme olympique qui tarde à se matérialiser en France.
- Défilé maritime, spectacles, happenings, concerts : la journée doit être marquée par une série de festivités près du Vieux-Port de Marseille, totalement bouclé pour l’occasion. Emmanuel Macron assistera à la cérémonie aux côtés du président du comité d’organisation, Tony Estanguet.
- Pendant 69 jours, le relais de la flamme olympique va circuler de torche en torche sur 12 000 kilomètres, traversant 65 territoires, dont six DOM-TOM, et plus de 400 villes et villages.
Le J c'est le S. La flamme est arrivée.
— Gabriel Attal (@GabrielAttal) May 8, 2024
Que la fête commence ! pic.twitter.com/kmruSoTAMM
Jul emporte tout à Marseille. «Je suis tellement contente de l’avoir vu… c’est mon chanteur préféré, c’est trop bien !» Oriane, 16 ans, a déjà oublié l’arrivée magistrale du Belem, la patrouille de France et ses anneaux olympiques dessinés dans le ciel ou Florent Manaudou le premier relayeur sur le sol français. L’invité mystère, qui s’est présenté sous sa cagoule blanche sur la piste d’athlétisme français flottante, a fait exploser l’applaudimètre sur le Vieux-Port. Même le maire se fait plaisir, en multipliant le geste de la main inventé par le héros local. «J’ai eu la surprise, comme tout le monde», assure l’édile qui commence à se détendre. Tout s’est bien passé et côté public, le compteur a encore monté : on en est à 230 000 personnes qui ont suivi sur place l’événement : «On avait avec nous le temps, à l’ancienne. C’est ça Marseille.» Soprano et Alonzo, qui vont enchaîner sur la scène dans quelques minutes pour un concert géant sponsorisé par coca-cola, feront-ils mieux ? Par Stéphanie Harounyan.
Des JO «pour montrer un moment d’unité», plaide Macron. Le chef de l’Etat a répondu aux questions des journalistes depuis le port de Marseille au milieu des spectateurs. «La flamme est enfin sur le sol français, c’est la fin de plusieurs années de travail. Les Jeux entrent dans la vie des Français», a déclaré Emmanuel Macron. Si l’enthousiasme populaire peine à se lever, il juge qu’en France, «il n’y a pas de rejet» des JO, «mais il peut y avoir des doutes, c’est normal». Côté sécurité, l’enjeu est énorme «mais on est prêt parce qu’on se prépare depuis sept ans», a-t-il assuré. Ces Jeux de Paris, «il faut montrer que c’est un moment d’unité, qu’on en est capables et qu’on peut en être fiers». Par Stéphanie Harounyan.
Dans le ciel de Marseille, la @PAFofficiel salue la Flamme Olympique qui arrive 🛩️
— Paris 2024 (@Paris2024) May 8, 2024
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In the sky of Marseille, the @PAFofficiel welcomes the Olympic Flame 🛩️ pic.twitter.com/TGhCkkAeTB
On attendait Zizou, ce fut Jul. Premier relais, et première transmission de torche. Après être descendu du Belem et avoir parcouru quelques mètres dans le Vieux-Port de Marseille en délire, Florent Manaudou transmet la flamme à Nantenin Keïta qui elle, a transmis la flamme de Paris 2024 au rappeur marseillais Jul dont on ignorait l’identité jusqu’à la dernière minute. Il est apparu tout de blanc vêtu comme les autres relayeurs mais avec une casquette.
Manaudou marche sur l’eau. Triple médaillé olympique en individuel, champion olympique du 50m nage libre, Florent Manaudou est descendu du Belem pour rejoindre la piste d’athlétisme flottante installée sur le Vieux-Port avant de passer le flambeau à Nantenin Keïta, athlète paralympique multimédaillée, championne du monde du 400 m malvoyant en 2006, et médaille de bronze sur 400 m aux Jeux paralympiques d’été de 2008.
Il se prépare à porter la Flamme en premier sur le sol français. Champion olympique, Marseillais de cœur : c’est ton moment, @FlorentManaudou !
— Tony Estanguet - OLY (@TonyEstanguet) May 8, 2024
📸 Paris 2024 / Tom Lefèvre
📸 Paris 2024 / Clément Mahoudeau pic.twitter.com/aU2np3xMFj
Les anneaux olympiques dessinés par la patrouille de France. Après le spectacle maritime, les 150 000 spectateurs ont levé le nez pour voir passer les avions de la patrouille de France dans le ciel de Marseille. Prouesse technique, avant leur traditionnel passage avec des fumées tricolores, les cinq chasseurs ont dessiné les anneaux olympiques.
Déluge de confettis et Marseillaise d’opéra. Devançant le Belem, un show pyrotechnique a été tiré depuis les petits bateaux qui l’accompagnaient. Un feu d’artifice en plein jour et des confettis biodégradables. D’abord turquoise et blanc, les couleurs de Marseille, avant bleu, blanc et rouge pour le drapeau français.
En direct du Vieux-Port. La foule entonne Bande organisé, Belsunce break-down et tous les hits du hip-hop marseillais. «On était 120 000 à 17 heures au dernier comptage, mais maintenant on ne doit pas être loin des 150 000, raconte le maire Benoît Payan. Je savais qu’il y aurait du monde mais ce qui m’a impressionné, c’est la Corniche pleine, le Mucem, le Pharo… ça c’est du jamais jamais vu». L’édile vient d’arriver tout près de la poste d’athlétisme flottante où le Belem doit s’amarrer. «Les gens sont venus voir parce que cette cérémonie correspond à Marseille. On a voulu qu’elle soit populaire, solidaire.» Si tout s’est parfaitement déroulé jusqu’à présent, «je reste prudent, ce n’est pas fini, le plus difficile arrive», pointe l’élu.
Le Belem entre dans le Vieux-Port, la torche olympique allumée. Avec un immense drapeau tricolore qui flotte à sa poupe, le trois-mâts transportant la flamme olympique a fait son entrée dans le port de Marseille. Il doit faire débarquer Florent Manaudou, premier relayeur de la flamme sur le sol français, qui brandit la torche allumée à la proue du navire.
Les Macron au premier rang. Emmanuel Macron et Brigitte Macron saluent les badauds regroupés derrière des barrières à leur arrivée sur le Vieux-Port. Accueil mitigé. Mains tendues, sourires et demandes de selfies mais aussi quelques huées. Basile Boli, en revanche, fait l’unanimité en montant sur l’estrade.
La flamme bénie. Un tournoi de futsal, d’anciens champions et des louanges réunissant catholiques, protestants et orthodoxes : les chrétiens étaient invités ce mercredi à un après-midi sportif mercredi à Paris pour fêter l’arrivée en France de la flamme olympique. Quelque 600 personnes se sont retrouvées au stade Pierre-de-Coubertin pour ce «moment d’unité, de fraternité et de spiritualité à l’occasion de l’arrivée de la flamme à Marseille», résume Janvier Hongla, chargé des «Holy Games» qui vont mobiliser l’Eglise catholique jusqu’aux Jeux paralympiques (28 août - 8 septembre). L’après-midi festive s’est ouverte par une brève allocution d’anciens champions. «C’est une fête de l’unité, pour montrer un exemple. La paix, on peut la faire ensemble !», lance l’ancien handballeur Joël Abati, champion olympique en 2008.
«Et alors cette marina, vous l’avez adoptée ?» Après une demi-heure d’échanges à huis clos, Emmanuel Macron quitte la Marina olympique pour le Vieux-Port, où il est attendu pour la cérémonie d’accueil de la flamme. Entre deux «quels sont vos objectifs ?» le Président s’est baladé entre les embarcations de l’équipe de France de voile, soupesant les planches, papotant vitesse du vent et science de l’équilibre : «Et alors cette marina, vous l’avez adoptée ?» Les équipements flambant neuf du stade nautique du Roucas Blanc feront partie de «l’héritage» des Jeux de Paris. Au fil d’olympiades de plus en plus contestées pour leur coût budgétaire ou économique, les organisateurs insistent sur cette notion d’héritage pour justifier les dépenses engendrées par les Jeux. Par Jean-Baptiste Daoulas.
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Qui sont les gardiens de la flamme à bord du Belem ? Entre le 27 avril et le 8 mai, entre Athènes et Marseille, trois personnes ont surveillé en permanence la flamme olympique à bord du trois-mâts qui la transportait vers la France. Ils ont candidaté pour ce poste pas comme les autres dans le cadre d’un appel d’offres de la Marine nationale et de la Sécurité civile : Erwan Le Pape de Brest, François Blaizot-Bonnemains de Cherbourg et Kévin Gendarme, marin-pompier de Marseille. Pendant douze jours, ils ont effectué les 3/8 à bord pour ne jamais quitter la flamme des yeux. Si la flamme s’était par malheur éteinte, les trois hommes disposaient de lanternes de secours, elles aussi allumées à Olympie.
En direct du Vieux-Port. Leur sweat marin qui arbore le logo du «Belem» fait sensation sur les quais. «J’ai même cru qu’on allait me le voler», plaisante Cécile, 59 ans. La psychologue originaire de Toulouse ne vient pas de descendre du trois-mâts. Mais avec Jean-Michel et Yves, qui l’accompagnent aujourd’hui, elle a participé à la traversée d’Olympie à Athènes en avril, lorsque la flamme a été allumée. Le Belem, navire-école, propose toute l’année au public non initié à la mer de voyager avec un équipage professionnel pour vivre ce que pouvait être le quotidien d’un équipage de marine commerciale au XIXe. L’expérience, doublée de la récupération de la flamme, était «inoubliable», raconte Cécile. Par Stéphanie Harounyan.
Une sécurité un cran plus haut que pour le pape. Le dispositif destiné à rendre «étanche» le Vieux-Port pour les cérémonies d’arrivée de la flamme est imposant : des dizaines de cars de CRS et de policiers encerclent le site. En comptant les forces de l’ordre et les agents de la mairie, les effectifs atteindront 8 500 personnes pour encadrer les 150 000 spectateurs attendus pour l’arrivée de la flamme et le grand concert qui suivra. Plus donc que ceux déployés en septembre 2023 pour la visite du pape François.
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En direct du Vieux-Port. Un groupe de Belges fend la foule. «Très bonne idée d’avoir remis le chauffage», rigole l’un d’eux en levant le nez vers le ciel ensoleillé. Thibaut, Pierre, François et Anthony, trentenaires originaires de Liège, sont arrivés à Marseille mercredi matin, avec Margaux, 10 ans. «On avait prévu de venir pour les vacances, explique Thibaut. Ça vaut quand même la peine. Et franchement, c’est plus engageant de venir voir en vrai que dans les reportages diffusés à la télé.» Derrière eux, les animateurs s’emparent de la sono. Le soleil est encore haut, mais les lumières commencent à clignoter sur les quais. «Ça va être dingue ce soir», promet l’animateur. Par Stéphanie Harounyan.