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Escalade : Mickaël Mawem et Anouck Jaubert se hissent en finale

Jeux Olympiques de Tokyo 2021dossier
Le complexe cocktail de trois épreuves concocté spécialement pour ces premières épreuves olympiques d’escalade promet de donner du fil à retordre aux deux Français qualifiés pour la finale, Mickaël Mawem et Anouck Jaubert.
Mickael Mawem mercredi en qualification des épreuves olympiques d'escalade à Tokyo. (Mohd Rasfan/AFP)
publié le 4 août 2021 à 18h36

La voilà, l’escalade. Trois des quatre Français engagés dans la compétition d’escalade sont parvenus à se hisser en finale. Sur les 20 grimpeurs et 20 grimpeuses, ils et elles ne sont plus que 8 dans chacune des deux catégories. Dans le site de sports urbains d’Aomi, installé sur le front de mer tokyoïte, Bassa et Mickaël Mawem (1er du classement) se sont qualifiés mardi. Mais Bassa, 36 ans, l’aîné de la fratrie et champion du monde de vitesse en 2018 et 2019, a peiné dans les épreuves de bloc et de difficulté durant laquelle il a ressenti «une vive douleur au bras gauche». Septième au classement provisoire, avec son ticket en poche pour la finale, le grimpeur s’est vu diagnostiquer une «rupture totale du tendon inférieur du biceps». Rapatriement sanitaire en France. Forfait pour la finale ce jeudi.

Première génération d’athlètes olympiques

Chez les femmes, Anouck Joubert, 27 ans et double championne du monde de vitesse, a atteint la huitième place de la phase de qualification mercredi, se glissant de justesse parmi les prétendantes au titre de championne olympique. Sa collègue Julia Chanourdie, très déçue, n’a terminé qu’à la 13e place.

Ces grimpeurs français incarnent la première génération d’athlètes olympiques dans une discipline qui aura aussi toute sa place à Paris, en 2024. Voilà deux bonnes raisons de se pencher sur le fonctionnement de cette compétition, même si son format risque d’être revu d’ici là. Mickaël Mawem sera à suivre jeudi pour les finales hommes et Anouck Joubert vendredi pour les finales femmes à partir de 17h30 à Tokyo (10h30 en France).

La grimpe a la cote

Avant son arrivée aux JO, le sport est riche d’une longue histoire. Ce n’est pas pour rien que la forêt de Fontainebleau située dans le sud de l’Ile-de-France et ses alentours est un site d’escalade de référence. Déjà au XIXe siècle, c’est sur ses milliers de blocs de grès que les pratiquants de l’alpinisme s’entraînaient en attendant de retrouver la montagne.

C’est dans les années 1980 que la «new wave» des sixties américaines en provenance du parc du Yosemite déferle en France autour notamment du grimpeur mythique à la longue chevelure blonde Patrick Edlinger, l’un des pionniers de «l’escalade libre», décédé en 2012. La première compétition d’escalade en intérieur est organisée en 1986 à Vaulx-en-Velin, avant que ne s’ensuive la création d’un circuit mondial et d’une Coupe du monde. La pratique en salle démocratise cette discipline, de plus en plus prisée par les urbains, et de plus en plus pratiquée. Une récente expansion que la visibilité donnée par ces JO ne risque pas de ralentir.

«Un format plutôt brutal»

Mais les règles de la compétition sont un véritable casse-tête. L’épreuve en combiné rassemble trois disciplines dans la même journée : vitesse, bloc et difficulté. Un cocktail inédit qui déroute certains spécialistes et favorise les grimpeurs les plus polyvalents. «C’est un format plutôt brutal», comme si «on faisait courir un 100 m et un 1 500 m» aux mêmes athlètes, a résumé l’Australien Tom O’Halloran mardi lors des qualifications masculines. Et pour cause : ce redoutable «combiné» allie les trois disciplines de la Coupe du monde, si différentes qu’aucun concurrent ne les conjuguait jusque-là au haut niveau.

La compétition se déroule sur deux journées : l’une destinée aux phases de qualification. L’autre aux phases finales. Les murs composés de section en dévers ou en dalle sont émaillés de prises de mains et de pieds qu’il s’agit d’escalader en alliant puissance, technique et rapidité à une capacité de prise de décision rapide.

Vitesse, bloc et difficulté

Mais à quoi correspondent ces trois disciplines ? La vitesse d’abord. Les grimpeurs, assurés par une corde, s’affrontent dans une succession de duels sur deux murs identiques de 15 mètres de haut. Le but : taper le premier en haut du mur pour bloquer le chrono. Un sprint vertical de puissance et d’automatismes, d’appui en appui.

Ensuite, le bloc, sans assurance cette fois-ci, fait appel à la créativité et à la prise de risque des grimpeurs. Il s’agit de résoudre (et d’exécuter) le chemin pour parvenir en haut d’un bloc de 4,5 mètres de haut. En qualifications : quatre blocs sont à résoudre en 5 minutes. Trois en 4 minutes pour les finales. Les grimpeurs se voient accorder quelques minutes en amont pour préparer leur cheminement. Jetés, relance, déplacements de centre de gravité, attaché à la pointe du chausson, les doigts en pincette autour d’une autre prise, hissage faufilé seront évalués.

Enfin, subtil dosage entre technique et puissance : la difficulté, fidèle à l’esprit de falaise. Le but : aller le plus haut possible sur un mur de 15 mètres en 6 minutes. Les athlètes sont assurés et ont 6 minutes pour observer la répartition des prises en résine visées sur le mur.

Sortez la calculette

Quelques dernières subtilités pour conclure : comment le classement est-il établi ? Attention, le mode de calcul, qui favorise les grosses performances dans une des compétitions plutôt que des scores moyens partout, fait appel aux tables de multiplication. On multiplie les classements obtenus aux trois épreuves entre eux. Finir 8 à la vitesse, 2 au bloc et 12 à la difficulté implique 2x8x12 = 192 points. Par conséquent, les athlètes sont classés par ordre croissant de leur nombre de points obtenus. Bref, pour gagner, il faut avoir le plus petit nombre de points.