Inscrivez-vous pour recevoir gratuitement notre newsletter Libélympique tous les matins pendant les Jeux.
C’était un samedi à regretter leur lundi. Ineffaçable journée glorieuse, où les sabreuses françaises Sara Balzer et Manon Apithy-Brunet ferraillaient pour l’or l’une face à l’autre. Un samedi où on se demandait comment l’or pouvait tomber ailleurs que dans la poche des tricolores quand les deux patronnes du circuit s’alignaient au Grand Palais, flanquées de Cécilia Berder, numéro 9 mondiale, et Sarah Noutcha en remplaçante de luxe. Un quatuor quatre étoiles, programmé pour monter sur la plus haute marche du podium.
Mais, à quelques péripéties près, ce samedi 3 août a finalement ressemblé à vendredi, quand les épéistes français, archi-favoris pour l’or, ont été éparpillés façon puzzle en demi-finale et sont repartis sans la moindre distinction. Résultat des courses : une demie expéditive avant une terrible déroute face aux Sud-Coréennes, qui ne tombaient pas de nulle part non plus. Trois d’entre elles figuraient au tableau des huitièmes de finale en individuel. Et à la fin, «une claque, une énorme claque», murmure Sara Balzer, quelques minutes après avoir loupé le bronze dans la consolante, face à des Japonaises qui n’avaient pourtant rien d’imprenables (45-40).
«Manque d’intentions claires»
Dans le bouillon d’un Grand Palais chauffé à blanc par le titre olympique des Bleus du judo face au Japon pile avant l’entrée des Françaises sur l’estrade, les «Teddy» ont laissé place aux «Manon», Apithy-Brunet ouvrant le bal. Les tricolores ont démarré timides, sans être larguées. Sarah Noutcha, titularisée à la place de Cécilia Berder, se chargeait des rebondissements : un premier relais à côté (3-8), avant de rectifier le tir (7-3), puis de s’effondrer lors de son ultime joute (0-6). Fatal. Après avoir rendu les armes, Noutcha était inconsolable. A ses côtés, le manager des Bleues de l’escrime, Mathieu Gourdain, lui rappelait «des choses simples : que ça reste du sport, et qu’elle a une longue carrière devant elle». Elle n’a que 24 ans.
Sara Balzer, elle, en a 29. La numéro 1 mondiale n’en veut évidemment pas à sa jeune comparse, l’une de ses meilleures amies – «on est avec elle» – mais c’est peu dire qu’elle misait gros sur cette compétition. Argentée en individuel, elle recontextualisait la tragédie : «Ça fait quatre ans qu’on fait finale à tous les championnats. Faire quatrième, c’est une première. Ça fait chier que ce soit ici.»
Cécilia Berder parle de son côté d’un «manque de relâchement» et d’un «manque d’intentions très claires aussi» dans les attaques. A l’écouter, le par équipes et l’individuel sont deux disciplines bien distinctes. Briller dans l’une ne garantit pas de gagner dans l’autre. D’ailleurs, alors qu’elle avait été intouchable lundi, montant en gamme toute la journée jusqu’à son sacre, Manon Apithy-Brunet a tiré decrescendo samedi. Si elle commençait sans fausse note en début de journée, elle s’est effondrée dans les rounds suivant, à l’exception de quelques (courtes) respirations. Elle comme le reste de l’équipe français a échoué d’un souffle. «Tout le monde nous voyait avec la médaille d’or au cou après les résultats de Manon et Sara, mais on savait que ça allait être super dur. Elles [leurs adversaires, ndlr] nous ont sautées à la gorge, glisse Cécilia Berder. Les parades qui des fois peuvent rentrer, ce jour-là, elles rentrent pas.» Car l’escrime, «ça se joue à des millimètres».