Vérité d’émotion plutôt que scientifique, la mythique flamme des JO est allumée en Grèce pour chaque olympiade avant d’être précieusement acheminée vers le pays hôte, où elle se déplace de torche en torche. Cette coutume du relais de la flamme, inventée par l’Allemagne nazie à l’occasion des Jeux de Berlin en 1936, suscite un fort engouement, comme la célébration d’une religion laïque. Le relais de Paris 2024 ne devrait pas déroger à la règle : les organisateurs espèrent de 10 à 20 millions de spectateurs sur son passage, de ce jeudi 9 mai à la mi-juillet.
Qui allume la flamme, qui la transporte ?
Allumée le 16 avril dans le sanctuaire d’Olympie, en Grèce – raté, le ciel nuageux n’a pas permis de l’enflammer grâce aux rayons du soleil, comme le veut la tradition – le précieux petit bout de feu d’abord rejoint Athènes où il a servi à allumer un chaudron dans le stade panathénaïque près de l’Acropole. Il a ensuite embarqué à bord du Belem, où il est nourri à la paraffine par ses trois gardiens qui doivent l’avoir à portée d’œil ou de main quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. A bord du fameux trois-mâts pour rallier Marseille, la flamme est conservée dans une lanterne mais deux autres allumées à Olympie ont été envoyées par avion à Paris. En cas de pépin sur le navire de la Fondation Belem Caisse d’Epargne, elles seront envoyées à Marseille pour le débarquement du Belem. C’est là que doit être allumée la première torche du relais. De Marseille, la flamme va circuler de torches en torches pendant soixante-neuf jours, sur 5 000 km et traverser 52 villes en métropole ou outre-mer.
L’objectif est de faire vivre les Jeux sur tout le territoire français, dont des lieux célèbres ou dotés d’un fort coefficient historique : les grottes de Lascaux, le site d’Alésia, le château de Versailles, le Mont-Saint-Michel, les châteaux de la Loire, le mémorial de Verdun, les plages du Débarquement, Colombey-les-Deux-Eglises, la vallée du Mont-Blanc, le pic du Midi ou, France oblige, les vignoble du Saint-Emilion et de Chablis. La flamme fera aussi le tour des territoires d’outre-mer et passera par le centre spatial de Kourou… Un autre parcours aura lieu pour les Jeux paralympiques, avec douze flammes qui convergeront vers Paris.
Qui paye et pourquoi ?
Le trajet de la flamme est aussi une affaire de gros sous. Ce sont les départements qui ont été choisis comme pivots pour définir le parcours. Sur recommandation de l’Assemblée des départements de France, il a été convenu que chaque département candidat devrait payer 180 000 euros, un prix fixe. A ce tarif, la flamme traverse trois villes du département et s’arrête dans une ville-étape où on peut organiser des animations.
Sauf que certains départements - notamment ceux dirigés par des partis d’opposition - ont refusé, en jugeant la facture trop salée. Ainsi la flamme ne passera pas par Lyon, car le département du Rhône (LR) comme la étropole de Lyon (EE-LV) ont dit non. Et 37 autres départements ont fait de même. Notamment en Auvergne-Rhône-Alpes. Les organisateurs ont donc permis à des villes de se substituer aux départements, comme Vichy qui a payé plein pot pour devenir ville-étape, ce qui a sauvé le passage dans le Massif central. Au total 65 collectivités, en très grande majorité des conseils départementaux, ont payé les 180 000 euros. Bilan : 11,7 millions pour le Comité d’organisation des JO.
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Mais les recettes du relais proviennent surtout des sponsors, qui ont versé plusieurs dizaines de millions d’euros. En tête, les deux principaux partenaires, le groupe bancaire BPCE et le géant Coca-Cola, qui peuvent ainsi associer leurs marques au logo de la flamme. Des parrains de second rang (ArcelorMittal, Sephora (groupe LVMH), l’armateur CMA-CGM, Sanofi, La Poste ou Airbnb et Visa qui sont également des sponsors «Monde» du CIO) contribuent également aux frais, en cash ou en nature. Ainsi Arcelor a fabriqué les 2 000 torches olympiques, en formes de fuseau effilé, dessinées par le designer Mathieu Lehanneur et laminées à Florange. Une fente sur le côté de ces flambeaux d’acier crée un effet de drapeau de feu. Confidence : elles fonctionnent au gaz. Déception : impossible d’en acquérir une en souvenir.
Comment va se passer le parcours ?
La flamme, c’est un convoi d’une dizaine de voitures long de plus d’un kilomètre. Comme une caravane du tour de France avant l’heure. En tête le porteur de la flamme, qui marche, court, ou se déplace en fauteuil roulant, entouré d’une centaine de membres de forces de l’ordre qui forment une bulle de sécurité autour de lui. Derrière suivent des «chars» aux couleurs des marques sponsors. Les relayeurs se passent la flamme en allumant la torche du suivant. Mais elle empruntera aussi beaucoup la voiture ou l’avion pour se rendre d’une ville à l’autre.
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En tout, 11 000 porteurs de la flamme ont été choisis sur des dizaines de milliers de volontaires. On connaît le nom du premier porteur à Marseille ce mercredi, Florent Manaudou, et ce lundi 6 mai, on a appris que Jean-Pierre Papin, légende de l’Olympique de Marseille, l’ex-basketteur Tony Parker, mais aussi le rappeur Soprano et le chef trois étoiles Alexandre Mazzia se relaieront dans la ville jeudi. Au gré des confidences dans la presse quotidienne régionale, on apprend les noms des porteurs du reste du parcours, comme le joueur vedette du Stade toulousain, Romain Ntamack, qui allumera le chaudron de la flamme à Toulouse ou le décathlonien Kevin Mayer à Montpellier. L’unique répétition grandeur nature de relais de la flamme, qui s’est déroulée le 22 mars à Nogent-sur-Seine (Aube), a attiré un large public de tous les âges. Alors même que les torches n’avaient pas encore la flamme.