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Mardi, Simone Biles avait poussé un bâillement à décorner les bœufs en pleine finale olympique de gymnastique par équipes. Ecran géant à l’appui dévoilant ses molaires à toute la Bercy Arena. Il faut dire que la victoire américaine était acquise dès les premières secondes. Ce jeudi, pour la prestigieuse finale du concours général individuel, la giga favorite a affiché un regard nerveux jusqu’aux derniers instants. La Brésilienne Rebeca Andrade, médaillée d’argent à Tokyo, a failli lui voler la vedette. «Je ne veux plus concourir avec elle ! J’étais trop stressée !» rigole la plus grande gymnaste du monde, victorieuse après deux heures de coude-à-coude tout en paillettes et jambes tendues. Seul 1,2 point les sépare. Des cacahuètes.
Que s’est-il passé dans cette Arena blindée, où les Ariana Grande et les Bill Gates ont laissé place à des Zidane et des Kendall Jenner ? La reine s’est sentie intimidée. La faute au dispositif de la compétition : les 24 participantes sont réparties par niveaux aux quatre agrès (saut de cheval, barres asymétriques, poutre, sol). Ainsi, les six premières des qualifications ont concouru ensemble. Andrade en jaune et Biles en bleu se sont suivies, entre accolades et évitement, sous l’œil friand de dizaines de caméras. Poussez-vous messieurs, on ne voit même plus la Goat (Greatest of all time, la meilleure de tous les temps).
La reine chute
Au saut de cheval, la Brésilienne médaillée olympique à cet agrès offre un merveilleux yourchenko demi-tour double vrille avec réception pilée : 15,100, c’est excellent, bravo. De quoi titiller l’ego de l’Américaine, qui a dans sa besace un saut de la mort qu’elle est la seule à savoir faire et qui porte son nom : le «Biles II», un yourchenko double carpé arrière. 15,766, c’est incroyable. De mémoire de femme, on n’avait jamais vu deux 15 d’affilée. Sur le reste du plateau de compétition, les gymnastes «normales» enregistrent des 13 ou des 14. Le binôme est sur le toit du monde.
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Aux barres, c’est là où le bât blesse. La Brésilienne effectue un passage parfait. Biles a encore la pression, et les barres constituent son agrès «faible». On écarquille les yeux : Simone Biles l’insubmersible ne vient-elle pas de plier les jambes et de toucher le sol ? Si, et c’est une chute : 13,733, bien loin de son score aux qualifications. Son sourire à pleines dents auprès du jury se dissipe. A mi-chemin de la compétition, l’autre Américaine Suni Lee, 1re à Tokyo au concours général, prend la tête du classement. Rebeca Andrade est deuxième. Simone Biles, troisième ? Ça ressemble à une mauvaise blague.
Une chorégraphie sur Beyoncé
Soudainement, la finale de gym s’est muée en une course de fond, requérant un subtil mélange de précision et de mental. Ce fichu mental qui a failli coûter la vie à Simone Biles lors du déclenchement de ses twisties, de dangereuses pertes de repères qui l’ont contrainte à déclarer forfait à Tokyo en 2021. Elle ne veut pas revivre ça à Bercy. Sur la poutre de 10 cm de large et d’1,20 m de haut, elle a un léger déséquilibre, générant les «oh» d’un public plus inquiet qu’un parent. Sa note est excellente, comme celle de sa compatriote brésilienne. Décidément.
beyoncé narrates simone biles' story for the olympics😭🥹pic.twitter.com/Yypj38fEaY
— 𝗱𝗮𝗻𝗻𝘆🫧💚 (@beyoncegarden) August 1, 2024
Elle devra sortir ses plus grandes armes au sol. Une chorégraphie sur Beyoncé, qui lui rend aussi hommage dans une vidéo lacrymo-compatible, qu’en dis-tu Rebeca ? En réalité, la Brésilienne se déhanche aussi sur la queen B. Sérieusement, Biles serait-elle face à son miroir ? Non, ça y est, la victoire est là, dans son incroyable note au sol, 15,066, contre 14,033 pour Andrade. Suni Lee, qui arrive troisième, lui tend le drapeau américain pour courir sur le praticable et saluer cette planète qu’elle domine. Tout le monde hurle : «USA, USA, USA !» «Je suis tellement fière d’elle ! Les trois dernières années n’ont pas été simples, donc ce soir c’est magique», se réjouit sa coach, la Française Cécile Landi. Ce jeudi 1er août, Simone Biles, 27 ans, 1,42 m, a raflé sa neuvième médaille olympique et sa sixième en or, dépassant Nadia Comaneci, la gymnaste au 10 parfait présente ce soir-là. «Je suis ravie d’être dans les conversations comme étant la meilleure athlète de tous les temps. Mais je pense toujours que je suis Simone Biles de Spring, Texas.» Une jeune femme qui doute quand une rivale en jaune débarque.