Inscrivez-vous pour recevoir gratuitement notre newsletter Libélympique tous les matins pendant les Jeux paralympiques.
Ça, c’est fait, doit se dire Guillaume Domingo. En amont des Jeux, invité au pronostic par les médias, le responsable de la performance de la paranatation à la Fédération française de handisport proposait ceci : «Décrocher une dizaine de médailles est raisonnablement envisageable mais la concurrence est sévère et les JO restent une compétition particulière.» Mardi soir, Ugo Didier et Alex Portal (tous deux en argent), et Laurent Chardard (bronzé, lui) ont mis le compteur à niveau. Dix médailles tout pile.
Ugo Didier a été le premier à s’aligner, sur le 100 m dos la catégorie S9. On a espéré une remontada, comme celle qu’il a infligée le 29 août sur le 400 m nage libre à son grand rival, l’Italien Simone Barlaam. Mais le Toulousain n’a pas réussi à refaire complètement le retard pris après un départ très moyen comme souvent, en raison de la faiblesse de ses jambes (il est né avec des pieds bots, des muscles atrophiés et sans mollets). Quatrième au moment du virage, le licencié à Cugnaux mais qui s’entraîne aussi dans le club des Dauphins du Toec (Toulouse Olympique Employés Club) où il a pu côtoyer Léon Marchand, a bien accéléré la cadence, gratté des places, mais pas assez : victoire du Bélarusse Yahor Shchalkanau, qui court sous pavillon neutre (1). Mais l’élève ingénieur de 22 ans est aussi bon comptable : «À Tokyo j’étais quatrième, donc ça reste une belle médaille». Toujours ça de gagné, en clair. Il lui reste le 200 quatre nages, jeudi, pour re-croquer de l’or.
Alex Portal, lui, n’est pas déçu de sa médaiIle d’argent du 200 m quatre nages, son ultime course à Paris. Il sourit à sa sortie du bassin : «Trois médailles d’argent et une de bronze [décrochées dans ces Jeux, ndlr], je ne vais pas me plaindre». Rien à voir avec sa réaction après sa deuxième place sur le 400 m nage libre de la catégorie S13 (handicaps visuels), dont il était reparti en larmes. C’était déjà, encore, face au monument Ihar Boki. Ce mardi, le nageur bélarusse a de nouveau fait la démonstration de sa domination stratosphérique, dans une course qu’il a menée de bout en bout avec une fluidité pas loin de poétique : il glisse, il gagne. Résultat, une cinquième médaille d’or dans ces Jeux parisiens, soit son 21e titre olympique, ce qui conforte son rang de para-athlète masculin le plus titré de tous les temps.
Laurent Chardard, lui, est ravi du bronze obtenu sur le 50 m papillon de la catégorie S6. Vu sa puissance, on a pourtant cru que le champion du monde allait pouvoir enrayer le Chinois Jingang Wang. Mais lui n’a pas une mémoire de poisson rouge et rappelle : «Je suis un peu déçu bien sûr mais à Tokyo, j’avais fait quatrième, alors rien que de rapporter une médaille, je suis content, et puis là, il y a mes amis, ma famille venue de la Réunion, même des gars du boulot». Le nageur de Pessac (Gironde), 39 ans, qu’on avait rencontré en juin, est un partageur, qui souligne systématiquement combien ses proches ont compté dans sa convalescence et sa nouvelle vie : le fan de surf a dû être amputé de ses jambe et bras droits en 2016, suite à une attaque de requin à La Réunion, son île natale dont il a arboré le drapeau dans Paris La Défense Arena. Il reviendra en lice jeudi, sur le 100 mètres nage libre.
(1) La Russie et le Bélarus, son allié, ont été interdits de Jeux olympiques et paralympiques consécutivement à l’invasion de l’Ukraine en février 2022. Les athlètes ont été autorisés à participer aux compétitions (mais pas aux cérémonies) sous certaines conditions, après enquête prouvant qu’ils n’ont pas apporté de soutien actif à la guerre en Ukraine.