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Ce jeudi 5 septembre se joue le troisième jour des épreuves d’escrime fauteuil. Place au fleuret par équipe. On croise les doigts mais malgré une bonne entrée en matière – une victoire des femmes en huitièmes de finale contre le Brésil –, on ne croit pas trop aux chances françaises au vu de la concurrence, notamment chinoise. On mise plutôt sur l’épée, vendredi, pour sortir l’escrime fauteuil tricolore de la zone grise, cet ingrat entre-deux entre performance et contre-perf, dans laquelle nos sept représentants semblent bloqués depuis le début des hostilités, mardi.
Panache
Lors de la première journée, celle du sabre, le Grand Palais était aussi bouillant que lors des Jeux olympiques. Il s’embrasait illico pour chaque bretteur national, notamment pour Brianna Vidé. La Toulousaine de 24 ans attisait la flamme en faisant tournoyer sa lame, alignée avec ce qu’elle disait juste avant les Jeux paralympiques lors des rencontres avec la presse : «Ah non, je n’appréhende pas du tout la grosse ambiance au Grand Palais. C’est même une certitude qu’elle va me pousser.»
La podologue née avec un pied bot a tutoyé le podium, en accédant à la petite finale. Mais elle a échoué à concrétiser. Brianna Vidé, qui exsude le panache, a pourtant longtemps fait jeu égal avec la Géorgienne Nino Tibilashvili. Opérant même une remontée, alors qu’elle était menée 11-6, qui a fait exulter les gradins, au point que le noble édifice semblait traversé par une rame de métro. Limite flippant. Mais Hajmási l’emportait 15-11. Post-match, Vidé regrettait ne pas avoir «eu l’audace de faire du jeu, la sécurité ça n’a pas payé, ça fait partie de l’expérience». Et l’escrimeuse de positiver : «Je garde le sourire, ce sont mes premiers Jeux, je n’ai pas le droit de me lamenter.»
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Cette approche micro se tient. Le hic est qu’au plan macro, pour l’ensemble de l’équipe de France, mardi a été un coup d’épée dans l’eau. Outre Brianna Vidé, Maxime Valet, Clémence Delavoipière et Cécile Demaude ont tous croisé le fer en vain. Et à la fin, comme attendu, c’est l’Asie qui gagne. Si en catégorie A masculine, l’Allemand Maurice Schmidt a battu le Britannique Piers Gilliver 15-8, la Chinoise Gu Haiyan l’a emporté chez les femmes face à la Polonaise Kinga Drózdz 15-10. Et, versant catégorie B, la Thaïlandaise Saysunee Jana a disposé, d’un point, de la championne du monde chinoise Xiao Rong, mais le compatriote de cette dernière, feng Yanke a aussi coiffé sur le poteau le Polonais Michal Dabrowski.
«Je me suis fait voler mes Jeux»
Etait-ce un tour de chauffe ? Après tout, le soutien massif des supporteurs est aussi une pression en ce qu’il s’accompagne d’une attente de médaille. Ça devait aller mieux le lendemain. Mais mercredi a aussi tourné saumâtre. Voire pire, avec des scénarios similaires. Deux médailles d’or chinoises, une Thaïlandaise, une Britannique, et Brianna Vidé, cette fois stoppée d’un point avant même la petite finale, par la Hongkongaise Yu Chui Yee Alison, alors même que la Française et tout le Grand Palais pensaient qu’elle l’avait emporté.
Le même sentiment d’incompréhension a gagné les gradins lors de la défaite de Maxime Valet face à l’Ukrainien Oleg Naumenko, dans les repêchages pour la médaille de bronze. Dans la foulée, en zone mixte, le Toulousain par ailleurs médecin du sport établissait un diagnostic définitif : «C’est un vrai scandale ce match, je ne peux pas jouer. Je me suis fait voler mes Jeux sur ce match, C’est de la colère, de l’injustice que je ressens.» Valet, 37 ans, fait partie des membres capés de l’équipe de France et pouvait légitimement viser le podium, surtout au fleuret où il est numéro deux mondial, vice-champion d’Europe et médaillé de bronze en 2016 à Rio.
Sébastien Barrois, entraîneur et manager de la performance de l’équipe de France, soulignait auprès de Libé, en amont de la compétition : «On a des émotives et des émotifs…», alors que, «comme dans tous les sports d’opposition, ce sera le mental qui fera la différence, la capacité à se dépasser et à se faire mal». Mais celui qui a précédemment encadré l’équipe de France d’escrime valide pointait aussi l’avance prise par les «grosses machines», la Chine et les pays de l’Est, dans la professionnalisation. On peut aussi pointer le fait que pratiquement tous les Français paralympiens tirent dans toutes les armes (sabre, fleuret, épée), contrairement à leurs concurrents, ce qui induit un marathon épuisant. Sachant que de gros retards l’ont encore alourdi, mardi. Bref, un combo qui pique. Reste donc l’épée, vendredi, pour faire mouche à ces Jeux paralympiques.