Menu
Libération
Paris 2024

Jeux paralympiques 2024 : Denayer brasse de l’argent, Portal du bronze, Smétanine de la déception

Vendredi soir, la paranatation française s’est offert deux médailles supplémentaires.
Hector Denayer et Alex Portal, le 30 août 2024 à Paris. (Jean-Marie Hervio/ KMSP. AFP )
publié le 30 août 2024 à 21h15

«C’est l’avantage de la brasse où on a la tête immergée à chaque mouvement, on entend tout et c’est hyper boostant», s’était réjoui Hector Denayer vendredi matin, après les séries du 100 m brasse en catégorie SB9. L’Alsacien de 19 ans, qui s’entraîne depuis deux ans au centre d’accession à la performance de l’Alliance Dijon Natation, avait signé un troisième temps prometteur. Le public a évidemment remis ça à 19h14, quand il a fait son entrée dans l’Arena. Les «Hector ! Hector !» ont gagné les gradins comme un feu de forêt. Et Denayer, qui présente une agnésie à la main gauche (il lui manque les cinq doigts), a concrétisé la promesse : il a décroché l’argent derrière le grand favori, l’Italien Stefano Raimondi qui l’avait joué piano en séries. Autant dire que la clameur a été XXL.

«J’ai besoin qu’on me pousse pour réussir»

En plein essor, double médaillé d’argent cette année aux championnats d’Europe, Denayer est également engagé sur le 50m nage libre (lundi), le 200m quatre nages (jeudi) et le 100m papillon (vendredi), et en équipe sur le relais 4x100m quatre nages (lundi). Un programme qui atteste une grande faim. Piquant, quand on apprend par Sud Ouest que l’intéressé ces jours-ci peroxydé n’aime pas nager et exhorte son entraîneur, Ramzi Mekhmoukh, de lui mettre la pression, expliquant : «Je suis un branleur, j’ai besoin qu’on me pousse pour réussir.» Le coach suggère un sacré loustic : «Au début d’année, je ne gueulais pas trop, je le laissais faire. Après une compétition moyenne, quand je lui ai demandé ce qui n’allait pas, il m’a dit : ‘‘Il faut que tu deviennes méchant». Donc je le suis avec lui. Et il en a besoin. Comme il a un caractère très dur, il a besoin de comprendre que s’il ne fait pas ce qu’on attend de lui, il finira par dégager.» Chaud !

A sa sortie du bassin, en zone mixte, la forte tête décryptait sa course : «Je suis forcément un peu déçu parce que, je ne vais pas le cacher, je voulais l’or, mais meilleur temps [en faisant 1 minute 05 secondes et 91 centièmes, il bat le record de France ndlr], finale des Jeux, et puis la saison a été longue, dure, donc aujourd’hui c’est que du bonus et je vais la savourer cette médaille.» Et Hector Denayer d’ajouter, en amateur de mythologie viking : «Mon coach m’a dit ‘’Il faut que tu sois Ragnar ce soir‘’, est-ce que j’ai été un Ragnar ?, les gens pourront en juger, mais je pense que j’ai été un guerrier, j’étais là pour me battre et je l’ai fait».

Une demi-heure plus tard, Alex Portal empochait, lui, sa deuxième médaille des Jeux paralympiques 2024 : le bronze, sur 100m dos en catégorie S13 – celle des nageurs souffrant d’une déficience visuelle sévère, la sienne étant due à l’albinisme oculaire, une maladie génétique. Spécialiste du papillon et du crawl, il reste encore deux épreuves au champion de Saint-Germain-en-Laye pour gonfler sa besace. Une aubaine, pour celui qui se marre d’être surnommé «le bigleux» – Ugo Didier, son camarade de chambre pendant ces Paralympiques, a, lui, droit à «sans mollets». Avec l’or que ce dernier a raflé jeudi soir, sur 400 m nage libre, la paranatation française compte déjà quatre médailles depuis le début des Jeux.

Déconvenues

Le scénario a été moins «feel good» pour David Smétanine et Dimitri Granjux. Le premier a encore deux courses à son programme paralympique, mais la déconvenue a tout de même dû être conséquente pour Smétanine, 49 ans, pilier de la paranatation française, bardé de médailles, qui n’a pas réussi à se qualifier ce vendredi pour la finale du 100m nage libre en catégorie S4. En amont des Jeux, le paranageur, tétraplégique partiel à la suite d’un accident de voiture, avait souligné que «la qualification a été difficile», impliquant en sous-main que le chemin pour la médaille serait compliqué. Cela dit, son désir de «boucler la boucle» de sa carrière en beauté «à la maison», et son palmarès vertigineux (neuf breloques paralympiques dont deux d’or, pléthore de titres européens et mondiaux, 157 nationaux…) permettent d’envisager un retour à la ligne avec succès.

Dimitri Granjux a vécu la même avanie sur le 100m nage libre mais le Haut-Savoyard (handicapé par une neuropathie congénitale) a 18 ans. Il a d’ailleurs pris la chose avec philosophie : «Ça ne passe pas en finale, mais je m’y attendais… C’est une première course pour me mettre dans le bain. J’aurais mes cartes à jouer pour les prochaines.»

Inscrivez-vous pour recevoir gratuitement notre newsletter Libélympique tous les matins pendant les Jeux paralympiques.

Mise à jour à 9h30, le 31 août : ajout de la déclaration de Hector Denayer à la sortie du bassin.