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Jeux paralympiques 2024 : en natation, la France d’or avec Ugo Didier et d’argent avec Alex Portal

La délégation française de natation entre en force dans les bassins parisiens, avec les médailles d’or d’Ugo Didier en 400m nage libre et d’argent d’Alex Portal en 100m papillon.
Ugo Didier, médaille d'or du 400 mètres nage libre en catégorie S9, le 29 août à La Défense Arena de Paris. (Florence Brochoire/Libération)
publié le 29 août 2024 à 21h17

Tout les rassemble : leur âge (22 ans), leurs études (d’ingénieur), leurs airs (d’Harry Potter). Et maintenant leurs titres paralympiques, ou presque : Ugo Didier et Alex Portal ont respectivement remporté l’or et l’argent en 400m nage libre et en 100m papillon, ce jeudi 29 août au soir, dans une Arena de Paris La Défense en feu.

Prédilection

A 17h30, Ugo Didier prenait le plot à côté de l’autre grand favori de cette finale, l’Italien Simone Barlaam. Synchrone avec le nageur, le public est monté en puissance vocale. Jusqu’à devenir dingue, quand Ugo Didier a mis le turbo pour revenir à hauteur de son principal concurrent, aux 300 mètres. Les cinquante derniers mètres ont été extatiques, dans le sillage d’un Toulousain complètement patron, filant façon TGV.

Né avec des pieds bots, des muscles atrophiés et sans mollets, le licencié au Cercle des nageurs de Cugnaux (Haute-Garonne) a commencé par nager avec les valides. Avant de rejoindre à 14 ans un club de paranatation. A partir de là, sa trajectoire est celle d’une fusée, la même qu’on a retrouvée jeudi soir dans le bassin : c’est à 17 ans qu’Ugo Didier a décroché son premier titre de champion du monde sur 100 m dos, sa nage de prédilection, et il est devenu dans la foulée bachelier (scientifique) avec la mention «très bien». Quatre ans plus tard, il rapporte deux médailles des Jeux de Tokyo, l’argent sur 400 m nage libre et le bronze sur 200 m 4 nages.

Avant les épreuves, Ugo Didier détaillait : «Je ne peux pas marcher et rester debout longtemps, pas courir, pas sauter, pas faire d’efforts brutaux, pas jouer au foot. En fait, mes jambes donnent toujours l’impression qu’elles vont casser. Donc, si je voulais faire du sport, il me restait la natation.» Ces deux dernières années, en vue des Paralympiques de Paris, Ugo Didier a mis l’accent sur deux aspects particulièrement décisifs quand ses jambes font défaut : les alignements du corps, notamment le positionnement de la tête, et la prise d’appui de la main dans l’eau. Des techniques peaufinées dans le club des Dauphins du Toec (Toulouse Olympique Employés Club), où il s’entraîne également, à l’instar de l’autre grande révélation de la natation française : le multimédaillé olympique, Léon Marchand. Son frère, Lucas Didier, 21 ans, atteint de la même pathologie, fait aussi partie de la délégation française, en tennis de table : il jouait son premier match, en double mixte, jeudi soir.

Surdoué

A 20h25, c’est Alex Portal qui prenait possession du bassin de La Défense. Dans le couloir 5, le nageur des Yvelines a passé quasiment toute la course au coude à coude avec le Biélorusse Ihar Boki, star de la discipline, qui l’a emporté en 54′13″, vingt-cinq centième de moins qu’Alex Portal. Un rien, un souffle, une vaguelette.

Comme pour les Didier, le sport est une histoire de fratrie chez Alex Portal, puisque son cadet, Kylian, est lui aussi membre de l’équipe paralympique de natation. Les deux frères sont atteints d’albinisme oculaire, maladie congénitale qui les empêche notamment de voir net à plus d’un mètre et qui engendre une photophobie. En interview, les deux frères se montrent complices, et sur Instagram, la paire s’affiche dos à dos et tout sourire. Non, la présence du duo dans la même sélection «n’est pas une situation difficile à gérer, dit Guillaume Domingo, manager de la performance, parce qu’ils s’entendent très bien».

L’aîné, décrit surdoué, propose une glisse hors pair détectée très tôt – il nage depuis ses 7 ans dans le même club de sa ville de naissance, à Saint-Germain-en-Laye. Son palmarès augurait de la victoire de ce soir : spécialiste du papillon et du crawl, Alex Portal comptait déjà deux médailles olympiques (argent et bronze), décrochées à Tokyo en 2021, quatre titres mondiaux en 2023, une palanquée de médailles d’argent et de bronze de niveau mondial ou européen.