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Pour sillonner Paris dans tous les sens ces jours-ci, au gré des disciplines paralympiques, on croise l’affiche partout : trois athlètes paralympiques y figurent, on reconnaît immédiatement le Français Théo Curin, 24 ans, quadri amputé devenu gloire nationale, champion handisport, conférencier, chroniqueur, animateur télé, mannequin, acteur. Sur l’affiche, il côtoie une jeune fille en fauteuil, également privée de ses avant-bras et jambes jusqu’au-dessus des genoux, et un gaillard appareillé de prothèses de bras et de jambes.
Lui, c’est Davide Morana, 31 ans, parasprinter italien et conférencier. Elle, c’est Ellie Challis, 20 ans, nageuse britannique qui embrase la Paris Défense Arena. En lice en catégorie S2 (handicap majeur des membres inférieurs, supérieurs et du tronc), elle a remporté l’or lundi sur 50 m dos, et s’aligne mardi sur 100 m nage libre. Son style est spectaculaire, caractérisé par une vélocité folle des moignons. Dès sa première participation aux championnats du monde, en 2019 à Londres, à 15 ans, elle a décroché une médaille de bronze. Et son attitude achève de transporter le public : celle qui arrive sur un petit scooter adapté, est ultra-souriante, joyeuse, en proximité du phénomène brésilien Gabriel Dos Santos Araujo. On pense aussi à l’étincelante fleurettiste italienne Bebe Vio.
Dauphin amputée
Théo Curin, Davide Morana et Ellie Challis ont en commun (comme Bebe Vio) d’avoir réchappé d’une méningite fulminante. C’est-à-dire d’une inflammation des méninges, ces fines membranes protectrices qui enveloppent le cerveau et la moelle épinière. Si elle n’est pas prise en charge rapidement, elle peut entraîner la mort en moins de vingt-quatre heures ou causer de lourdes séquelles.
Curin a été foudroyé par cette maladie à 6 ans, Morana à 24 ans, Ellie Challis à 16 mois. L’affiche qui les rassemble est celle d’une campagne de sensibilisation et de prévention qui associe la Confederation of Meningitis Organisations (Como), la Meningitis Research Foundation (organisation caritative internationale de premier plan engagée dans la lutte contre la méningite) et Sanofi. Elle a pour slogan «Athlètes : 1. Méningite : 0». Sur l’affiche, Curin, Morana et Ellis portent un drapeau, bleu, mauve et jaune, conçu pour rassembler les patients, leurs familles et les soutiens à la cause.
Lundi soir, après le podium du 50 m dos, Ellie Challis nous a accordé une minute, en zone mixte. L’air encore enfantin mais le regard bien droit, elle dit ceci : «C’est très important pour moi de montrer aux gens que non, la vie n’est pas finie quand vous avez eu la méningite, aussi grave soit-elle. Vous pouvez toujours faire de grandes et belles choses, ce que j’essaie de prouver quand je nage». La Mancunienne est venue à la natation après avoir vu le film pour enfants l’Incroyable histoire de Winter le dauphin, dans lequel un jeune garçon se lie d’amitié avec une dauphin amputée de sa queue après avoir été prise dans les cordages d’un casier à crabes, et qui retrouve l’envie de vivre, une fois que ses sauveurs l’ont équipée d’une prothèse. Un conte inspiré d’une histoire vraie : d’ailleurs, Ellie Challis allait régulièrement rendre visite à la vraie Winter, à l’aquarium marin de Clearwater en Floride, jusqu’à la mort du cétacé en 2021.