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On nous l’avait vendu comme un match entre David et Goliath. Dans le rôle de David, eux, les joueurs de l’équipe de France de cécifoot, outsiders de cette finale des Jeux paralympiques comme ils le sont depuis le début de la compétition. Et dans celui de Goliath, l’Argentine et son groupe professionnel, quatre fois sur le podium des Jeux en cinq éditions, championne du monde en titre et tombeuse du grand Brésil en demie. Voilà pour le papier. Et puis, il y a la réalité du terrain. Ce samedi soir, sous la tour Eiffel, on n’a vu ni David ni Goliath, mais un match accroché entre deux équipes au niveau similaire. Et à la fin, c’est l’équipe de France qui s’est imposée aux tirs au but (3-2).
Avant de prendre place dans les gradins, forcément, avec du foot au menu et France-Argentine, on s’était imaginé une partie rugueuse, âpre, tendue. Et spectaculaire aussi. Si tension il y avait au coup d’envoi, les mauvais gestes et filouteries étaient restés aux vestiaires. Le speaker, lui, veillait pour que l’esprit paralympique demeure aussi en tribunes. Aux spectateurs chauvins qui se tentaient à siffler une intervention un peu trop appuyée ou un coup de sifflet qui allait dans le sens des bleus ciel et blanc, l’homme au micro lâchait : «Non, non, non. Ici on n’est pas contre, on est pour. On encourage la France, on est fair-play jusqu’à la fin du match.»
Remontée maradonesque
Pour le spectacle, on a dû attendre une dizaine de minutes de jeu. Ensuite, ça a pété deux fois. C’est d’abord Frédéric Villeroux qui a allumé la mèche. Le capitaine des Bleus offre une remontée de terrain maradonesque, de sa surface de réparation jusqu’au but adverse. Un crochet à droite, puis à gauche, pour éliminer les défenseurs, une frappe du gauche en déséquilibre et à ras de terre, et l’équipe de France mène 1-0. Les Argentins, ultra-sereins défensivement, n’avaient pas pris un but depuis le début du tournoi, c’est dire l’exploit. Le deuxième pétard est arrivé sept secondes plus tard. L’Argentine engage par une grande louche - tactique dont elle a usé et abusé toute la rencontre. Le ballon traîne devant Alessandro Bartolomucci, le portier des Bleus. Un pied argentin passe par là et nous voilà revenus au point de départ (1-1).
#Paris2024 | 🔥🇫🇷 BUUUUUUUUUT !!! L'OUVERTURE DU SCORE INCROYABLE DE FRÉDÉRIC VILLEROUX !
— francetvsport (@francetvsport) September 7, 2024
💪 À trois minutes de la mi-temps, les Bleus prennent les devants.
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La suite est plus déséquilibrée. Les hommes de Toussaint Akpweh passent plus de temps derrière que devant, à tenir face aux assauts répétés des Argentins. Impérial sur sa ligne comme depuis le début de la compétition, Alessandro Bartolomucci sauve les siens plus d’une fois. La rencontre file aux tirs au but. Une finale entre la France et l’Argentine qui se joue sur des penalties, comme une impression de déjà-vu.
Un peu de tour Eiffel autour du cou
Arrivé là, on avait quelques données pour une équation à une inconnue : celle du vainqueur final. Côté pile, on l’a déjà dit, les Bleus ont un excellent gardien, qui a joué jusqu’en nationale 3 (cinquième division) chez les valides - plutôt utile. Côté face, l’Argentine est solide dans l’exercice : elle s’en est déjà sortie aux tirs au but face au Brésil. Elle avait aussi battu l’équipe de France aux penalties en juin lors du Grand prix de Schiltigheim.
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Plein centre, petit filet droit, barre rentrante, les quatre premiers tireurs plantent tous. Le troisième Argentin allume à droite, pile dans les mains de Bartolomucci qui avait tout anticipé. Puis, c’est Villeroux, 41 ans, celui qui a tant porté ces Bleus depuis le début du tournoi qui se présente à six mètres. Dans un silence de mort, il prend deux petits pas d’élan. Et tape de l’intérieur du pied en finesse, à ras de terre, le long du poteau gauche. Le portier argentin est trop court, le stade explose, les tribunes tremblent : les Bleus sont champions paralympiques aux pieds de la tour Eiffel. Cela faisait une grosse semaine que la grande dame les regardait de haut. Ce samedi soir, ils sont repartis un bout de tour dorée autour du cou.