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C’est drôle comme il a moins fière allure sous la pluie, le stade tour Eiffel et son terrain bleu turquoise. On préférait le coucher de soleil d’il y a deux jours puis la nuit face à la grande dame scintillante, quand l’équipe de France de cécifoot avait battu sans se faire trop de frayeur la Turquie (2-0). Mais ce jeudi 5 septembre après-midi au moment de grimper en tribunes pour assister à la demi-finale des Bleus face à la Colombie, c’était plutôt pulls, anoraks et parapluies. L’ambiance n’aidait pas à casser la morosité non plus : on était sur quelque chose de beaucoup plus timide, plus calme, que ce qu’on avait vu jusqu’à présent. Difficile de faire mieux avec des gradins en partie vides – ils se rempliront au fur et à mesure du match. Alors on a misé sur l’équipe de France pour réchauffer tout le monde. Et on a bien fait : les Bleus l’ont emporté (1-0) face à la Colombie et joueront samedi pour l’or.
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Pour les hommes de Toussaint Akpweh, le menu était pourtant salé : la Colombie est peut-être l’équipe la plus en forme du moment derrière le Brésil. Les jaunes et rouges, pourtant 12e nation au classement mondial, avaient battu les Bleus début juin (1-0) et remporté le prestigieux World Grand Prix à Schiltigheim (Bas-Rhin). A Paris, ils étaient sortis invaincus de leur poule (deux victoires, un nul). Frédéric Villeroux, le capitaine des Bleus, nous avait briefés : «Il y a deux mobylettes devant, le 10 et le 9, le 7 qui tient bien le ballon au milieu, distribue, dur à l’impact aussi. Ça va être une bataille du milieu de terrain, et une bataille physique.»
Bonnet de bain jaune
La bataille physique, on la sent d’entrée. Et les joueurs aussi. On voit d’abord des coups et des carambolages à n’en plus finir – jouer sur un terrain détrempé et donc glissant n’aide pas. Les mobylettes devant, on les aperçoit vite aussi. A commencer par «le 10», Juan David Perez Quintero, seul buteur de son équipe à Paris (deux réalisations en poules). Des tribunes, la sorte de bonnet de bain jaune qu’il porte sur la tête accroche le regard. Quant au ballon, il semble comme attiré par ses pieds : toutes les attaques colombiennes passent par lui. Heureusement, le joueur de 28 ans est ce jeudi maladroit : sa première frappe finit en tribune, la seconde à quelques centimètres de la tête d’un photographe (sacré réflexe !).
La France a son numéro 10 aussi, treize ans plus vieux que Perez Quintero, mais au moins tout aussi bon : Frédéric Villeroux. Comme lors du premier tour, le capitaine est partout. C’est lui qui récupère les ballons, lui qui met des tampons quand il faut, lui aussi qui obtient les plus grosses occasions, comme ce face-à-face avec le gardien colombien en début de rencontre – le tir finit dans les parties intimes du portier. Aux citrons, match nul sur tous les tableaux : quatre frappes partout, quatre fautes aussi, et 51 % à 49 % au niveau de la possession (pour la Colombie). Ah tiens, le soleil est revenu.
Partie de ping-pong
Le deuxième acte ressemble à une partie de ping-pong : une grosse occasion colombienne, puis une française, puis une colombienne, et ainsi de suite. Comme face à la Chine en poules, Alessandro Bartolomucci multiplie les parades, son homologue l’imite. Puis sur un corner, après un cafouillage, le ballon arrive dans les pieds de Villeroux (encore et toujours), à trois mètres du but. Le vétéran ne se pose pas de question : il tire tout droit, et tout fort. Le gardien colombien se troue. 1-0 pour les Bleus à quatre minutes de la fin.
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Pas vraiment en danger, les Bleus tiennent jusqu’au bout. La foule, silencieuse pour permettre aux joueurs d’entendre le ballon doté de grelots et les consignes, explose. Sur le terrain, les joueurs s’effondrent pendant que Villeroux dégage le ballon en tribunes. Loin d’être favorite, l’équipe de France l’a fait : elle repartira de Paris médaillée, d’or ou d’argent. Rendez-vous samedi à 20 heures, face à l’Argentine ou au Brésil. Avec du beau temps, s’il vous plaît, et une tour Eiffel qui scintille à nouveau.