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Jeux paralympiques 2024 : Marie Patouillet, Sandrine Martinet, Alex Portal... Les dix athlètes français à suivre

Ils sont tout jeunes ou plus expérimentés, n’ont connu que Tokyo ou entament leurs sixièmes paralympiades : en natation, cyclisme ou au rugby fauteuil, passage en revue de parathlètes tricolores qui portent haut l’espoir de médailles.
L'équipe de france rugby-fauteuil, à Vichy, le 23 août 2024. (Christophe Darbelet/Libération)
publié le 28 août 2024 à 8h12

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L’objectif est annoncé et connu depuis de nombreux mois : la délégation paralympique tricolore vise le top 8 au classement des médailles à Paris. Une ambition qui, arithmétiquement, correspond «au minimum à 20 médailles d’or» selon la présidente du Comité paralympique et sportif français, Marie-Amélie Le Fur. Libé dresse une liste, non exhaustive et purement subjective, des athlètes qui devraient contribuer à cette grande moisson annoncée.

Ugo Didier, 22 ans, paranatation

Spécialiste du dos, le Toulousain Ugo Didier était revenu des Jeux paralympiques de Tokyo, en 2021, avec l’argent au 400 m nage libre et le bronze au 200 m 4 nages. Depuis multimédaillé d’argent aux championnats du monde, l’élève ingénieur a glané trois fois l’or aux derniers championnats d’Europe (400 m nage libre, 200 m 4 nages et 100 m dos). Né avec des pieds bots et une atrophie des membres inférieurs, Ugo Didier nage dans la catégorie S9, qui regroupe les athlètes ayant une légère déficience de la coordination des bras et des jambes, une faiblesse importante d’une jambe ou l’absence de membres.

Marie Patouillet, 36 ans, paracyclisme

Deux derniers tours de piste et puis s’en va. Deux fois médaillée de bronze à Tokyo, en poursuite individuelle et sur route, Marie Patouillet, également connue pour son combat contre le sexisme, la lesbophobie et pour les droits LGBT+, s’apprête à troquer son cycliste bleu blanc rouge pour sa blouse blanche de médecin. Mais avant, il y a ces Jeux de Paris. Lundi 26 août, elle nous parlait ainsi de ces derniers tours de pistes : «Je me les suis déjà imaginés, je sais qu’il y aura beaucoup d’émotions, j’ai envie d’en faire quelque chose de magique.» Pour que la magie opère, il faudra des médailles. En or, si possible. Pour cela, la coureuse de 36 ans née avec une malformation du pied s’aligne sur quatre épreuves : deux sur piste et deux sur route. Elle pourrait être, comme à Tokyo, la première Française à décrocher un podium : jeudi 29 août, elle commencera ses Jeux au vélodrome de Saint-Quentin-en-Yvelines par son épreuve favorite, le contre-la-montre individuel.

Bopha Kong, 43 ans, parataekwondo

Des médailles, Bopha Kong en a à n’en plus pouvoir les compter. Lundi, il nous confiait pourtant qu’il échangerait sans aucun doute «[ses] quatre titres de champion du monde contre une médaille à Paris», et ce, qu’importe la couleur. C’est que l’athlète de 43 ans, amputé des deux mains après un accident, a performé dans son sport trop tôt : le taekwondo n’a fait son entrée aux Jeux paralympiques qu’à Tokyo, en 2021, au crépuscule de sa longue carrière. Au Japon, il avait échoué au pied du podium. Le 29 août fera pour lui office de compétition de la dernière chance : Bopha Kong raccrochera sa ceinture à l’issue des Jeux.

Sonia Heckel, 35 ans, boccia

Sonia Heckel, ou la précision stupéfiante, menée à la baguette : celle qu’elle utilise pour pousser ses balles de la bouche, le long d’une rampe, à la boccia. L’objectif, dans ce sport cousin de la pétanque, est de s’approcher du «jack», équivalent du cochonnet. Atteinte de myopathie génétique, l’athlète de 35 ans originaire du Bas-Rhin est multimédaillée en France et en Europe, et a aussi été numéro 1 mondiale. Elle concourt en individuel et en équipe pour ses deuxièmes Jeux après Tokyo, avec en ligne de mire les pays asiatiques, qui dominent la discipline.

L’équipe de France de rugby fauteuil

On tente le pari. Celui du collectif. Coachés par un quatuor international – le Belge Bob Vanacker, les Français Cédric Dubord et William Ybert, ainsi que le Britannique Justin Fishberg – les Bleus du rugby fauteuil débarquent à Paris avec de sérieux arguments pour se frotter à la concurrence internationale. Champions d’Europe en 2022 et 2023, les coéquipiers de Cédric Nankin, meilleur défenseur du monde, et Jonathan Hivernat, joueur offensif – chargé de marquer les essais – et capitaine de l’équipe, seront opposés en poules au Danemark, à l’Australie, et à la Grande-Bretagne, championne paralympique en titre.

Sandrine Martinet, 41 ans, parajudo

C’est une habituée des Jeux paralympiques. Présente depuis Athènes, en 2004, et l’introduction des catégories féminines en para-judo, Sandrine Martinet avait pourtant décidé de s’éloigner des tatamis après Tokyo (et une médaille d’argent). C’était sans compter un contrat avec l’armée (dans l’«armée des champions») commencé en novembre 2022 qui a «complètement changé la donne», notamment financièrement, selon ses mots. Alors, à 41 ans, la triple médaillée d’argent paralympique – elle n’a connu que le graal à Rio en 2016 – fait à nouveau figure de grande prétendante au titre en -48 kg. Jour de gloire attendu le 5 septembre.

Timothée Adolphe, 34 ans, parathlétisme

Celui que l’on surnomme «le guépard blanc» serait-il devenu un chat noir ? Aux Jeux, Timothée Adolphe a souvent fait preuve de malchance. Malgré une première place en demi-finale à Rio sur 400 m, le sprinteur non voyant de 34 ans, classé dans la catégorie T11, est disqualifié pour un pied sur la ligne intérieure de son couloir. A Tokyo, rebelote : le lien qui l’unit à son guide, Jeffrey Lami, se décroche à 50 cm de l’arrivée lors de la demi-finale : pas de finale. L’argent obtenu en 100 m au Japon peine à pallier la déception. Le fan de NBA, record d’Europe sur 400 m explosé en juin, se présente à Paris avec la ferme envie d’abandonner la scoumoune en chambre d’appel et vise le graal dans ses deux épreuves de prédilection.

Souhad Ghazouani, 42 ans, parahaltérophilie

Souhad Ghazouani, 42 ans, est le pilier français du développé couché, la discipline qui départage les para-haltérophiles. Née avec une malformation de la colonne vertébrale, l’athlète lilloise a les deux jambes paralysées, ce qui ne l’a pas empêchée de tâter du sport très jeune. Dans différentes catégories, elle a décroché l’argent à Athènes (2004) et à Rio (2016), le bronze à Pékin (2008) et à Tokyo (2021), ainsi que l’or à Londres (2012). Elle est également multimédaillée aux championnats d’Europe et de France. Souhad Ghazouani, qui participe à ses sixièmes Jeux, est entraînée par son mari, Mehdi Ourizat, qui encadre aussi l’équipe de France – dont Axel Bourlon, autre gros espoir de médaille.

Alex Portal, 22 ans, paranatation

Elève ingénieur et parathlète, Alex Portal concourt dans la catégorie des déficients visuels S13 : le nageur de Saint-Germain-en-Laye (Yvelines) est porteur d’une maladie génétique, l’albinisme oculaire. Revenu des Jeux de Tokyo médaillé d’argent en 200 m 4 nages et de bronze en 400 m nage libre, il a rempli sa besace de trois titres aux derniers championnats du monde (100 m nage libre, 200 m quatre nages et 400 m nage libre) et d’une médaille d’argent sur 100 m papillon. A Paris, Portal vise l’or dans les trois disciplines où il est déjà champion du monde. A noter que son frère Kylian, 17 ans et atteint du même handicap, est également en lice et qu’ils pourraient se disputer le titre sur les 400 m nage libre (S12-S13).

Thu Kamkasomphou, 55 ans, paratennis de table

Il ne faut pas parler d’âge à Thu Kamkasomphou. Un confrère qui lui a demandé lundi si, après Paris, la pongiste prendrait sa retraite s’en souviendra : il s’est pris un retour cinglant de l’athlète de 55 ans. La Française se sent encore en forme, et tant qu’il en sera ainsi, elle continuera. Son palmarès devrait encore s’allonger à Paris : en six Jeux paralympiques, Thu Kamkasomphou a déjà décroché 10 médailles, dont deux en or. Diagnostiquée à l’adolescence d’une périartérite noueuse, maladie auto-immune qui handicape ses déplacements et la rend plus fatigable, elle n’est jamais rentrée bredouille d’une paralympiade. A Tokyo, elle était encore repartie avec deux médailles de bronze, en simple et en double.