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Lorsque Marcel Hug débarque dans un stade sur son fauteuil, il aime bien faire des tours de piste. Jusque-là, plutôt commun pour un para-athlète. Mais le Suisse de 38 ans, lui, aime vraiment, vraiment, vraiment ça. Tellement qu’il connaît chaque recoin, chaque centimètre de tartan d’un bon nombre d’enceintes dans le monde. A en donner le tournis, à qui le suit à chaque compétition. Car sa spécialité, c’est la longue distance : 800 m, 1 500 m, 5 000 m, 10 000 m… et le marathon – le Suisse se plaît aussi à sortir des stades pour s’accorder des balades en ville. Et c’est très commun qu’il finisse ses transhumances avec une médaille d’or autour du cou. Mais ce samedi soir, il devra se contenter de l’argent sur 5 000 m : à deux tours de l’arrivée, le Suisse s’est fait surprendre et a été bloqué dans le trafic. Sa remontée dans les derniers hectomètres n’a pas suffi à rattraper l’Américain Daniel Romanchuk.
Le natif de Pfyn, atteint d’un trouble congénital de la colonne vertébrale, a débuté l’athlétisme à l’âge de 10 ans. En 2021 à Tokyo, il avait marqué un grand coup en emportant tout sur son passage : glouton, il s’était arrogé la médaille d’or sur 800 m, 1500 m, 5000 m et marathon. Sur ces mêmes distances, il détient à chaque fois le record du monde. C’est peu dire qu’il a pu se présenter en favori, à Paris, pour défendre ses titres. Un travail mal débuté ce samedi pour celui que l’on surnomme «la balle argentée», en référence au casque ultra brillant qu’il porte sur la tête.
En plus de son couvre-chef en compétition, c’est aussi le perfectionnement de son fauteuil qui a fait couler beaucoup d’encre. L’engin, confectionné entièrement en Suisse, est une pépite d’aérodynamisme et de vitesse. Tellement performant qu’il a pu faire des envieux chez ses concurrents. En juillet 2023, il disait à nos confrères de l’Equipe : «Je comprends qu’il puisse y avoir de la jalousie. J’entends les débats autour de mon fauteuil, mais tout est fait dans les règles. C’est très cher pour l’acheter et difficile pour de nombreux athlètes de pouvoir se le procurer mais c’est normal à haut niveau de vouloir développer le plus possible le matériel. C’est pareil dans d’autres sports, comme le vélo.»
Avant la compétition, le longiligne porte-drapeau de la délégation suisse, préférait jouer la prudence sans cacher ses ambitions à Paris : «Ce serait très difficile [de reproduire la performance de Tokyo]», déclarait-il. Avec six entraînements par semaine – jusqu’à trente heures d’efforts hebdomadaires – le membre de la Fondation suisse pour paraplégiques bénéficie d’une préparation haut de gamme tout au long de l’année. Qu’il devra remettre à profit dès lundi soir en 1 500 m, sa course de prédilection, sur laquelle il détient deux sacres paralympiques et trois titres mondiaux.