Le Comité international paralympique (IPC) a décidé de lever la suspension partielle de la Russie et du Bélarus, en vigueur depuis l’invasion en Ukraine, et de réintégrer les deux comités nationaux comme membres de plein droit de l’organisation, lors de son assemblée générale samedi à Séoul. Cette décision rouvre la voie à la présence de para-athlètes russes et bélarusses sous leur drapeau respectif aux Jeux de Milan-Cortina, du 6 au 15 mars.
Le comité paralympique russe a salué cette décision, la qualifiant d’«équitable» et «d’exemple de la manière dont les droits des athlètes devraient être protégés, sans discrimination fondée sur la nationalité ou les considérations politiques». L’Ukraine de son côté a accusé l’IPC d’avoir trahi «les valeurs olympiques», appelant les «partenaires européens, qui accueilleront les prochains Jeux paralympiques d’hiver, à ne pas laisser le drapeau de l’Etat agresseur flotter sur l’espace libre et démocratique tant que la guerre d’agression se poursuit».
«Vraie stupéfaction»
Les six sports au programme dépendent malgré tout de fédérations internationales qui ont jusqu’à présent maintenu la suspension des sportifs russes et bélarusses. Pour être éligible aux Jeux paralympiques, chaque sportif doit avoir une licence active pour la saison 2025-26 de sa fédération, en l’occurrence la FIS (para-ski alpin, para-ski de fond, para-snowboard), l’IBU (para-biathlon), le WPIH (para-hockey sur glace) qui les excluent pour le moment du processus de qualification. World Curling (curling fauteuil) attribue pour sa part un quota à un pays et non à un athlète, et ses qualifications sont déjà quasiment terminées.
«Ça peut paraitre court, puisque beaucoup de chemins de sélection sont particulièrement avancés», a estimé, auprès de l’AFP, la présidente du comité paralympique français Marie-Amélie Le Fur, pour qui la décision de l’IPC est «une vraie stupéfaction». «A date, tous les quotas ne sont pas pourvus par les comités nationaux paralympiques. Au moment de remouliner les quotas, sous couvert de l’universalité, ça peut aussi ouvrir à ce moment-là des quotas pour les comités russe et bélarusse, qui ont récupéré leurs droits. Il faut attendre les postures des fédérations internationales et voir comment se déroule la fin des sélections», a-t-elle ajouté.
Mesure opposée du CIO
La présence des deux drapeaux en Italie du Nord, alors que le conflit se poursuit, est donc très loin d’être assurée. Si cela devait être le cas, les Ukrainiens ne pourraient pas s’aligner, car un décret du 26 juillet 2023 interdit à ses athlètes de s’aligner face à celles et ceux «représentant la Fédération de Russie ou la république du Bélarus».
Il y a huit jours, le Comité international olympique avait pris une mesure opposée, en maintenant la bannière neutre, à titre individuel et à condition de n’avoir aucun lien avec l’armée et de n’avoir pas publiquement soutenu l’invasion de l’Ukraine, pour les sportifs russes et bélarusses s’alignant aux JO de Milan-Cortina du 6 au 22 février. «La même approche que celle adoptée à Paris», avait souligné sa présidente, Kirsty Coventry.
Le drapeau russe n’a plus été vu aux Jeux paralympiques depuis l’édition 2014 à Sotchi sur le sol russe. A Rio en 2016, l’IPC avait suspendu le pays en raison d’un scandale de dopage. Pour les mêmes raisons, les athlètes russes avaient concouru sous bannière neutre à Pyeongchang en 2018 et à Tokyo en 2021. En 2022, l’IPC avait exclu les comités paralympiques russe et bélarusse des Jeux de Pékin le 3 mars, quelques jours après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février.