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Libération
Opération «Tout va bien»

JO 2024 : à 219 jours de la cérémonie d’ouverture, Tony Estanguet persiste à voir tout en rose

Cérémonie d’ouverture, sécurité, transports, prix des billets : les sujets d’inquiétude ou de polémique ne manquent pas à sept mois des Jeux. Pas de quoi entamer la «confiance» et la «sérénité du président du Cojo, Tony Estanguet.
Le président du Comité d'organisation des Jeux olympiques de Paris 2024, Tony Estanguet, le 26 juillet à Saint-Denis. (Aurelien Morissard/AP)
publié le 20 décembre 2023 à 16h07

Comme à son habitude, Tony Estanguet a affiché ce mercredi 20 décembre une sérénité à toutes épreuves. «C’est la dernière ligne droite, l’année va être excitante, on a vraiment hâte», a confessé le président du comité d’organisation (Cojo) lors de sa dernière conférence de presse de 2023, à 219 jours de la cérémonie d’ouverture. Ce ne sont pourtant pas les sujets qui fâchent, mais le triple champion olympique de canoë y a opposé son incorrigible optimisme, à coups de superlatifs qu’on espère autoréalisateurs.

La cérémonie d’ouverture ? Une fête qui s’annonce absolument féerique», le 26 juillet représentant un «moment absolument inédit, à l’image de ces Jeux où on veut montrer le meilleur de la France, une France qui rayonne, une France attractive», s’est enflammé l’athlète, qui a de nouveau balayé tout plan B pour des questions de sécurité. La parade sur la Seine, «c’est le seul projet sur lequel on travaille» : «il n’y a aucune remise en question de ce projet qui continue». Le basculement de la France au niveau alerte attentat depuis la reprise du conflit au Proche-Orient, le récent attentat aux abords de la tour Eiffel, pile sur le parcours de la parade fluviale - pas de quoi entamer sa «confiance» et sa «sérénité».

Les transports ? Là aussi, les polémiques récentes - comment acheminer 15 millions de spectateurs dans un réseau francilien vétuste et saturé - le laissent de marbre. «Pour le transport des accrédités on a sécurisé 100 % de la flotte ; côté transport public, l’offre est en train d’être renforcée», évacue le président du Cojo, assurant que les organisateurs sont «entrés dans le détail de chacune des 878 compétitions» pour s’assurer de la fluidité des acheminements.

Il défend le prix des billets

Les volontaires ? Les organisateurs assurent avoir enregistré «313 000 candidatures» sur la plateforme de Paris 2024 en une semaine. C’est un «engouement très fort, on a de quoi être sereins», plastronne le président.

Le budget ? La semaine dernière, le Cojo s’est félicité d’avoir réussi à maintenir des comptes stables, à 4,4 milliards d’euros, en hausse de 17 millions sur un an. L’an passé, l’inflation liée à la guerre en Ukraine avait donné des sueurs froides aux organisateurs, les obligeant à une rallonge de 400 millions d’euros - pour un budget global (Cojo et Solideo, chargée des ouvrages olympiques) qui s’élève à 8,8 milliards. Estanguet a tenu à rappeler que le budget du Cojo était «financé à 96 % par l’argent privé», un tiers par le sponsoring, un tiers par le Comité international olympique (CIO), un tiers par la billetterie.

En début de semaine, le président de la Fédération internationale d’athlétisme et ancien président de Londres 2012, Sebastian Coe avait jugé les prix «un peu élevés» pour les Jeux de Paris, relançant la polémique sur les tarifs de la billetterie parisienne. «Que ce soit à Londres ou Tokyo récemment, on était à 20 livres, ce qui fait 27 euros avec l’inflation, et, en prix maximum, ils étaient à 725 livres donc un peu plus de 1 000 euros avec l’inflation aujourd’hui», lui a répondu Estanguet ce mercredi.

Si 7,6 millions de billets ont été vendus en un temps record pour la compétition de l’été prochain, «du jamais vu de mémoire olympique», il en reste encore un bon million à écouler, notamment sur le foot qui, visiblement, ne fait pas recette. Côté paralympique, 830 000 billets ont été vendus, mais il reste aussi des places à prendre, à partir de 15 euros.

Tahiti et Emilie Gomis comme cailloux dans la chaussure

Il n’y a bien que l’épreuve de surf à Tahiti qui donne du fil à retordre au Cojo. Estanguet a défendu la nécessité de construire la tour des juges, controversée car construite en pleine barrière de corail. Contre l’avis de la Fédération internationale de surf souhaite privilégier «une nouvelle option sans tour» consistant à filmer la compétition depuis le rivage et avec des drones. Embarrassé, le Cojo se range prudemment à «l’avis quasi unanime», de tous les acteurs locaux, réunis derrière le président de la Polynésie française Moetai Brotherson, en faveur de la poursuite des travaux.

Autre gros caillou dans la chaussure, l’affaire Emilie Gomis, du nom de cette ambassadrice de Paris 2024 qui a publié un post antisémite, avant de plaider «l’erreur isolée». Or Tolérance Zéro, le collectif derrière cette affaire, a révélé que l’ex-basketteuse avait violé non pas une, mais «seize fois la charte éthique de Paris 2024 en likant et /ou reposant des publications anti-France», notamment du prédicateur antisémite Kemi Seba.

Et a exhumé un like d’Emilie Gomis daté du 24 août sur un post du complotiste François Asselineau qualifiant Emmanuel Macron de «clown», «fieffé crétin», et «menteur obsessionnel» au sujet de l’engagement de la France au Sahel. Ce qui la fout mal pour une ambassadrice… Le comité d’éthique a recommandé sa révocation. Tony Estanguet a expliqué mercredi qu’il réunirait l’assemblée générale de Paris 2024 «dès le début de l’année» pour statuer sur son cas. En toute sérénité.