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Libération
Déception

JO 2024 : les Bleues du foot se heurtent à leur plafond de verre, les Bleuets visent la finale olympique

Face à une Seleçao brésilienne pourtant très faible et multipliant les fautes, les joueuses françaises se sont à nouveau inclinées en quarts de finale de leur tournoi olympique samedi. L’espoir repose sur la sélection masculine, qui disputera la demi-finale lundi face à l’Egypte.
Au stade de la Beaujoire à Nantes, samedi 3 août. (Jeremias Gonzalez/AP)
publié le 4 août 2024 à 12h18

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Les observateurs présents au stade de la Beaujoire de Nantes n’auront pas tout compris. Et manifestement, ils n’étaient pas les seuls. Après le crash tricolore de samedi soir, soit l’élimination (0-1) des Bleues en quarts de finale de leur tournoi olympique contre une Seleçao brésilienne d’une faiblesse abyssale, les joueuses et leur coach ont peiné avec les mots, déroulant une antienne connue qu’ils resservent toujours à l’envi («On ne méritait pas ça, on a eu plus d’occasions qu’elles») mais se perdant dans les variations.

Comme si personne n’avait vécu le même match. Et il n’est pas impossible de considérer que le sélectionneur Hervé Renard mérite la Palme de l’égarement, entre son «même pas triste» (on a fait au mieux, faut-il entendre) et l’attaque en règle sur la manière brésilienne, très sud-américaine avec trois fois plus de fautes que les Bleues (21 à 7), des maillots bleus arrachés à pleines mains quand une Française partait en contre-attaque et des séances de roulades dans l’herbe qu’Angelina et consorts ont multipliées à l’envi : «J’ai vu des choses qui me dépassent. On ne peut laisser faire ça sur un terrain.»

«Trop de bonnes joueuses pour ne rien gagner»

Mais les Brésiliennes ont fait leur truc. L’arbitre leur a d’ailleurs mis le tarif, vingt minutes d’arrêts de jeu durant lesquelles les Bleues, épuisées, n’ont pas touché un caramel. Et Hervé Renard sait tout ça. Les tricolores se sont heurtées à l’éternel plafond de verre (les quarts, ou les demies quand le tableau est ouvert) qui les poursuit depuis une douzaine d’années et le mandat de quatre sélectionneurs successifs, depuis Bruno Bini et son management ésotérique jusqu’à un Renard en goguette, qui a lâché entre deux cocktails qu’il n’irait pas plus loin que ces Jeux à quelques mois d’une compétition cruciale tout en envisageant une pige avec la sélection ivoirienne en pleine mandature. Ça fait beaucoup. Et ça pose la question du «pourquoi ?». Renard était là pour l’image, au moins en partie. Avant lui, Corinne Diacre, qui a exploré les mêmes limites sportives, était là pour le symbole, première femme à avoir coaché une équipe professionnelle masculine en Europe.

Samedi, la milieu Sakina Karchaoui a comme souvent pris du recul : «On est déçues mais paradoxalement, c’est la première fois que j’ai ressenti l’équipe aussi soudée, avec de bonnes ondes. Ce n’est pas passé aujourd’hui. Si on ne passe pas les quarts, c’est que quelque chose manque. On accepte le sort.» L’attaquante Marie-Antoinette Katoto : «La malédiction continue. Comme ça, à chaud, je ne sais pas vous dire. On travaille bien et on ne lâchera pas. On a beaucoup trop de bonnes joueuses pour ne rien gagner.» Pour ce que l’on en sait nous, les joueuses ont mis tout ce qu’elles étaient en mesure d’y mettre, avec une foi et un jusqu’au-boutisme un peu aveugle (pour certaines) qui surprennent parfois les entraîneurs venus du foot masculin.

Objet promotionnel un peu vide

Et Hervé Renard aura, dans les grandes lignes, apporté ce pour quoi on est allé le chercher dans les fastes de la sélection nationale saoudienne. Soit une séduction inédite vis-à-vis du monde extérieur et une crédibilité sportive nouvelle, Corinne Diacre n’ayant jamais qu’entraîné au Clermont Foot en Ligue 2. Pour autant, ça n’est pas passé. Comme si les choses devaient ne jamais coller, et que la sélection française n’était dans le fond qu’un objet promotionnel un peu vide, incapable de mettre la main sur son propre destin, là où les Américaines se sont senties de faire révolution sur révolution et où les joueuses espagnoles ont fait rouler les têtes de leurs dirigeants dans la sciure.

Samedi, à chaud, le président de la Fédération Philippe Diallo est passé très au large de ces questions. Il lui reste un fer au feu : les hommes, à 90 minutes d’une finale olympique en cas de succès face à la sélection égyptienne lundi (coup d’envoi à 21 heures) à Décines. Avec à leur tête un autre sélectionneur «médiatique» : Thierry Henry, nommé sur injonction ministérielle et censé valoriser l’équipe dont il s’occupe, très en deçà des notions de projet, d’objectif et même du prestige objectif de la fonction. On lui souhaite bon courage.