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Les triathlètes masculins n’ont pas nagé dans la Seine mardi 30 juillet ? Et leurs homologues féminines pourront-elles le faire mercredi ? La question est fredonnée comme un refrain depuis des mois. Et à la veille de l’épreuve inaugurale, le doute sur la bonne tenue de la course persistait, alors que la seconde session d’entraînement prévue lundi dans le fleuve parisien a été annulée pour cause de mauvaise qualité de l’eau par les organisateurs, en concertation avec les pontes de World Triathlon, l’instance internationale. Finalement, le top départ pour les hommes a été annulé à l’aube, mardi 29 juillet, sur le ponton en contrebas du pont Alexandre-III. Lundi dans la soirée, World Triathlon avait annoncé les positions de départ des prétendants comme si de rien n’était.
Les athlètes, eux, sont fin prêts, indique-t-on du côté de la FFTri, la fédération de triathlon. «Ils sont dans leur bulle. On les isole de toute sollicitation», glisse une source au sein de l’instance. On rappelle que les concernés avaient déjà dû gérer les mêmes inconnues un an plus tôt, à l’occasion des «test-events», sorte de répétition des Jeux grandeur nature, organisée au même endroit dans des conditions similaires. Flou, incertitudes : «On sait gérer», a assuré le triathlète Léo Bergère au Club France samedi.
Décision à l’aube
Déjà en juin, lors de la journée consacrée aux médias, le spécialiste de la nage – comme ses deux compatriotes Dorian Coninx et Pierre Le Corre, d’ailleurs – assurait que la délégation était «préparée à l’éventualité» d’un report. Les derniers échantillons ont été prélevés à midi lundi 29 juillet pour des résultats vers mardi matin à 4 heures. La décision du report a été prise dans la foulée : l’épreuve masculine a été repoussée au mercredi 31 juillet, après la féminine. Si celle-ci est maintenue. Dans son calendrier, le comité d’organisation des JO n’a pu cocher que deux «jours de contingence» , autrement dit un seul report possible par épreuve.
Autrement, on passerait en reconfiguration duathlon, même si les athlètes n’y croient pas. «Ils ont confiance en l’organisateur pour faire en sorte qu’on ait un triathlon, dit à Libé Benjamin Maze, le directeur technique national de la discipline, qui s’entretient régulièrement avec les concernés. Ils ne sont pas préoccupés.» Sur le sujet, Pierre Le Corre demeure confiant. Dans «la meilleure forme de [sa] vie, tant physiquement que psychologiquement», le champion du monde longue distance en 2022 aborde les choses «avec plein de jus et de décontraction».
Le débit de la Seine gonflé par les pluies
Les Français, comme la majeure partie des délégations, n’avaient pas prévu d’effectuer de longueurs sur les 1 500 mètres du segment aquatique avant la course. Ils s’entraînent dans un bassin de l’ouest parisien, dont les eaux n’ont rien à voir avec celles, agitées, du fleuve. Le débit de la Seine, gonflé par les pluies des dernières semaines, reste trois fois supérieur au niveau estival habituel (plus de 400 m³ par seconde lundi matin, contre 100 à 150 en temps normal), mais encore dans les clous de ce qui est toléré par World Triathlon.
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Des données qui peuvent changer l’approche tactique d’une course en fleuve, et sur lesquelles les tricolores sont focalisés. Premier à choisir sa place en tant que numéro un du classement olympique, Léo Bergère s’est calé au milieu à droite avec Le Corre et Coninx, dans l’axe du chemin le plus court jusqu’à la bouée de sortie, où le courant sera potentiellement le plus fort.
Les concurrents directs seront à leurs basques. Eux aussi étudient et se sont préparés à tous les scenarii. Notamment leurs homologues britanniques, au moins aussi prêts, à en croire leurs cadres techniques. La Grande-Bretagne a été jusqu’à s’attacher les services de l’ancienne présentatrice météo de la BBC, Penny Tranter, pour recevoir des prévisions à un jour, cinq jours et deux semaines, pour s’adapter en temps voulu à d’éventuelles conditions météorologiques extrêmes. L’équipe reçoit ainsi chaque matin un résumé de deux pages sur le ciel parisien. Des préparatifs qui comprennent également la prise de probiotiques, que les athlètes ingurgitent dans des yaourts. Vice-championne olympique à Tokyo, la triathlète Georgia Taylor-Brown a aussi confié qu’elle prenait des bains de bouche et ingurgitait du Pepto-Bismol pour fortifier son estomac avant et après la course. Reste à savoir quand elle aura lieu.