Une rencontre par équipes en escrime, c’est comme un morceau de musique classique. Le rythme va de largo, le plus lent, à allegretto, le plus rapide. L’essentiel est de le dicter en fonction du score. Trois tireuses françaises contre trois italiennes ce mardi 30 juillet en finale de l’épée par équipes. Chaque fille de chaque collectif tire contre chaque fille de l’autre. Opposition de styles garantie au cours des neuf assauts. Suspens assuré. Un relais «je tire contre meilleure que moi», un autre «je tire contre moins bonne que moi» (c’est la théorie). Et une bonne dose de coaching : faut-il faire entrer la remplaçante, et quand ?

L’Italie a choisi de faire entrer Mara Navarria assez tôt dans le match, face à Auriane Mallo-Breton, médaillée d’argent en individuel. Pas forcément une bonne idée, la Française remporte le relais 3-1. Les Bleues, qui ont mené tout le match, sont rejointes puis dépassées à l’avant-dernier relais, qu’elles terminent avec une touche de retard (23-24). La remplaçante de l’équipe de France entrée à cette occasion était censée jouer le rôle d’un cycliste qui emmène son coéquipier sprinter dans la meilleure position. C’est raté.

Auriane Mallo-Breton entame le dernier relais avec cette touche de retard. Elle qui n’avait pas pu gérer une avance de six touches en finale de l’épreuve individuelle prend l’avantage à 20 secondes de la fin. Mais l’Italienne égalise. Le titre se jouera à la mort subite. Mallo-Breton en est la victime, l’Italie est championne olympique (30-29). La dernière tireuse française est la première double médaillée tricolore de ces Jeux, deux fois en argent. Deux fois battue à la mort subite. Elle était à une touche d’une médaille d’or. Le directeur technique national a fixé comme adjectif à ses troupes 8 médailles dont 4 or. Avant les prochaines épreuves par équipes, le tableau de marche est plus ou moins respecté: cinq médailles, une d’or quatre d’argent.