A peine Abdoulrazak Issoufou Alfaga décroche-t-il son téléphone qu’il s’excuse aussitôt. Un brouhaha soudain anime le bus qui mène les taekwondoïstes du village olympique au centre d’entraînement. Juste une poignée de camarades qui le saluent chaudement. Le Nigérien de 29 ans leur répond avec emphase, blague, lance de très américains «Yeah I call you !» Puis coupe court aux salamalecs et reprend le fil de la conversation. Sérieux, dans sa bulle, presque hermétique à la distraction. «Il faut rester focus.»
L’enfant de Niamey au physique de basketteur (2,07 m) a la pression. «Il ne vient pas aux JO de Paris pour contempler la Tour Eiffel, mais pour monter sur le podium», souligne Ousmane Keïta, correspondant de RFI au Niger, chargé de la couverture sportive. Médaillé d’argent à Rio en 2016 dans la catégorie des plus de 80 kilos – il avait battu en demi-finale le numéro 1 mondial de l’époque, l’Ouzbek Dmitriy Shokin –, il pourrait ramener de Paris la première médaille d’or du Niger. La troisième en tout, si on additionne le bronze décroché par le boxeur Issaka Daboré aux Jeux de Munich en 1972.
«Tout se passe dans la tête»
Après Rio, «Alfaga», comme le surnomment les Nigériens, est devenu «une icône, une légende, une source d’inspiration», narre Ousmane Keïta. Sacré champion du monde en 2017 dans la catégorie des plus de 87 kilos, il est scruté à Tokyo. Mais les JO lui échappent dès son premier combat face à l’Ivoirien Seydou Gbanè. Une douloureuse déconvenue. «Ça fait m