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JO de Paris 2024 : le grand magasin la Samaritaine a été sorti du périmètre de sécurité avant la cérémonie d’ouverture

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Selon un article publié dans «le Canard enchaîné» ce mercredi 31 juillet, la préfecture de police de Paris aurait décidé de sortir du périmètre de haute sécurité autour de la Seine le grand magasin, propriété du multimilliardaire Bernard Arnault, dont le groupe est partenaire «premium» des Jeux.
Près de la Samaritaine, le 18 juillet 2024 à Paris. (Denis Allard/Libération)
publié le 31 juillet 2024 à 15h00

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Une semaine avant la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques à Paris, le 26 juillet, les bords de la Seine dans la capitale s’étaient retrouvés entièrement grillagés, leur accès conditionné à la présentation d’un QR code qui devait être validé par les autorités. Entièrement grillagés ? Presque. Selon un article publié dans l’édition hebdomadaire du Canard enchaîné, ce mercredi 31 juillet, la préfecture de police a consenti à exclure du périmètre de haute sécurité le grand magasin la Samaritaine, propriété du multimilliardaire Bernard Arnault et de son groupe LVMH, partenaire «premium» des Jeux olympiques.

«Comme par enchantement»

«Le 18 juillet, comme par enchantement, les grilles installées tout le long de la rue de Rivoli à partir de la Concorde ont contourné la Samaritaine afin que les fétichistes de toiles à damier et les amateurs de Moët & Chandon ne subissent aucune restriction ni aucun fichage policier. Et les pressions de Bernard Arnault ont fini par payer. Hormis le jour de la parade, où le magasin est resté fermé toute la journée, les [riches] touristes étrangers ont pu faire leurs emplettes sans QR code», moque le journal satirique.

Sollicitée par Libération, la préfecture de police de Paris confirme que le grand magasin ne faisait pas partie du périmètre de sécurité, ce qu’elle justifie par «un souci de conserver un équilibre entre haut niveau de sécurité nécessaire à la bonne organisation de l’événement et poursuite des activités quotidiennes, qu’elles soient commerciales, culturelles ou associatives». De telles exceptions «ont aussi concerné plusieurs musées ou établissements culturels de la zone», précise-t-elle.

Entre Paris 2024 et le groupe LVMH, l’histoire avait commencé tardivement. Le partenariat avait été annoncé seulement en juillet 2023, le géant du luxe devenant alors le sixième et dernier sponsor «premium» de l’événement, avec le groupe télécoms Orange, l’électricien EDF, le groupe bancaire BPCE, le laboratoire pharmaceutique Sanofi et les hypers Carrefour. C’est que le Comité d’organisation des Jeux olympiques (Cojo) avait réévalué 4,38 milliards d’euros le coût total de la compétition à venir, et qu’il lui fallait un riche mécène pour atteindre ses objectifs de recettes de partenariat.

«En avoir pour notre argent»

Après la mise à l’écart du groupe pétrolier Total, pour raisons écologiques, les organisateurs s’étaient tournés vers Bernard Arnault. Le septuagénaire, personnalité la plus riche au monde selon le dernier classement du magazine Forbes, mis en cause en 2017 pour avoir placé sa fortune dans différents paradis fiscaux, se retrouve alors en position de force pour négocier des conditions favorables à ses affaires. «Nous avions besoin d’en avoir pour notre argent», explique-t-il au journal le Monde.

Et c’est peu dire qu’il y est parvenu. La flamme olympique, dont Sephora, filiale de LVMH, est partenaire officiel, a fait étape dans plusieurs maisons du groupe, de la Gironde à la Marne en passant par la Manche. Lors de la cérémonie d’ouverture, les stars Lady gaga et Céline Dion étaient habillées en Dior, et les athlètes français portaient des tenues Berluti – encore des marques LVMH. Les médailles ont été conçues par le joaillier Chaumet – toujours LVMH. Le groupe est même parvenu à s’immiscer dans les cérémonies de victoire, alors que les sites olympiques sont normalement interdits aux marques, par un stratagème ingénieux : les médailles sont présentées sur des plateaux Louis Vuitton, sur lesquels figure, à défaut du logo de l’enseigne, sa toile à damier connue dans le monde entier. Le Canard enchaîné affirme que Bernard Arnault a même tenté d’exclure de la cérémonie d’ouverture la chanteuse Aya Nakamura, sans succès cette fois.