A Tokyo, elles formaient le duo de la natation artistique française, avec une huitième place à la clé. A Paris, les sœurs jumelles Charlotte et Laura Tremble, 25 ans, concourent en tricolore mais cette année, c’est en équipes qu’elles plongeront. Aux côtés des six autres nageuses qui composent le ballet français, les Tremble évoluent au Centre aquatique olympique de Saint-Denis depuis lundi pour les épreuves technique, libre et acrobatique, dont les trois scores s’additionnent pour le classement final. Dans le viseur des Bleues : un podium dont rêve leur coach, Julie Fabre. Et cela semble à leur portée, notamment grâce aux récents changements dans les modes d’évaluation de la discipline.
Cette participation aux Jeux était loin d’être acquise pour Laura, à l’arrêt toute une saison : ses genoux ont lâché. Blessée de longue date, elle ne supporte plus les douleurs, et doit subir deux opérations fin 2021 et début 2022. Il lui faut plusieurs mois pour récupérer. Pendant ce temps, Charlotte doit nager sans sa jumelle, donc s’essaye à la synchro à huit. Avec ses nouvelles coéquipières, elle empoche trois médailles de bronze aux championnats d’Europe 2022, une performance historique pour la France qui n’avait plus obtenu de médaille dans un grand rendez-vous international depuis 2007.
Sans jamais se lâcher
L’été suivant, Laura est de retour au plus haut niveau, et les deux sœurs sont dans l’équipe qui s’empare de l’or dans l’épreuve acrobatique aux Jeux européens. Une fierté autant qu’un soulagement pour Charlotte, qui n’avait jamais été séparée de son binôme avant son hospitalisation. Depuis qu’elles ont découvert la natation artistique au gala d’une copine, à 5 ans, les Tremble ne se sont jamais lâchées. L’année suivante, les Compiégnoises prennent leur licence et participent à un stage avec Virginie Dedieu, triple championne du monde en solo. A 14 ans seulement, Charlotte et Laura remportent l’épreuve en duo des championnats de France. Et à 16 ans, elles sont sélectionnées en équipe de France.
Chez les Tremble, même les études se font en famille. Comme leur frère Thomas, elles ont intégré l’Ipsa, une école d’ingénieurs spécialisée dans l’aéronautique. Une formation qu’elles n’ont jamais abandonnée malgré les huit heures quotidiennes passées à l’Insep pour s’entraîner. «Que ce soit pour la synchro ou pour l’aéronautique, j’ai tout de suite eu un coup de foudre et cela a tout de suite été important pour moi d’avoir les deux dans ma vie, expliquait il y a trois ans Charlotte Tremble. Je sais que je ne ferai pas de la synchro toute ma vie d’autant que ça peut s’arrêter à tout moment avec une blessure donc je prépare l’avenir.» En 2024, elles ont quand même mis leurs cours entre parenthèses, pour mieux préparer les Jeux de Paris. Qui marquera le point final de leur aventure dans l’eau. Avant l’air.