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Pour comprendre le surf, il faut être bilingue. Ou alors ne pas avoir peur de ponctuer ses conversations de bord de plage de phrases truffées d’un sabir anglo-new-ago-cool. Car le surf se note sur trois éléments : «Speed, power and flow.» Autrement dit la vitesse, l’amplitude et les manœuvres – la chorégraphie – enchaînées. «Ce qui compte, c’est ta power amplitude», complique un peu Joan Duru, l’un des quatre sélectionnés tricolores qui s’attaque dès ce samedi 27 juillet à la mythique vague de Teahupo’o, à Tahiti.
Reprenons. Le surf consiste à se maintenir debout en équilibre sur une planche sur une vague. Jusque-là, c’est facile. Enfin on se comprend. Au début, il n’était pas question que ce soit une compétition sportive. Le «horue», l’ancêtre du surf découvert par les équipages de Bougainville ou Cook, était plutôt une démonstration de biscotos pour chefs de clans dans le Pacifique. Deux siècles plus tard, l’écrivain Jack London racontera la pratique mais plutôt du côté d’Hawaï que de la Polynésie. Les deux spots qui revendiquent le titre de «berceau du surf mondial».
Dangerosité de la vague
Une fois debout sur le «board», il faut exécuter des figures plus ou moins complexes. Les juges évaluent les vagues prises par les surfeurs en fonction de leur taille et de leur forme mais aussi selon le degré de difficulté des manœuvres qu’ils enchaînent. Chaque vague est notée de 1 à 10 par le jury et seules les deux meilleures par manche sont prises en compte. Or, il n’y a jamais deux vagues identiques et les surfeurs doivent repérer et surfer du mieux possible la meilleure vague pour obtenir la meilleure note. C’est ce qu’Andrew, le père de Vahine Fierro, le principal espoir de médaille française, appelle «savoir lire l’océan».
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Chaque manche dure entre vingt et trente-cinq minutes selon les conditions météorologiques. Aux dernières nouvelles, et contrairement à Paris, la météo polynésienne pour les jours qui viennent est radieuse. De toute façon, selon les connaisseurs, entre mai et août, c’est la meilleure saison pour s’attaquer au «mur de crânes» comme l’appellent les locaux. La météo sera surtout un facteur capital lors de l’épreuve féminine. Si la houle est au rendez-vous, Teahupo’o peut atteindre plus de trois mètres et sa puissance phénoménale pourrait laisser plusieurs surfeuses sur le carreau. Les femmes ont d’ailleurs été interdites de compétition jusqu’en 2021 sur la vague en raison de sa dangerosité, avant de reconquérir ce droit.
Rouleau translucide
Teahupo’o, c’est l’assurance d’un «tube» quasiment à chaque vague, qui vient ensuite se fracasser sur le récif, où il y a moins d’un mètre de fond. Il y a déjà eu un décès et pas mal de blessés, la peau ou les os fracassés par le corail. Et tous les surfeurs ne sont pas forcément des spécialistes du «tube», où on peut faire des «grabs», c’est-à-dire laisser traîner sa main dans le rouleau translucide. Mais Joan Duru, lui, il adore : «Le tube, c’est ce que j’aime. Que les JO soient sur cette vague, c’est génial. On pourrait bien avoir une médaille et le meilleur tube de notre vie.» «Pour avoir la meilleure note, il faut lire le tube avec le plus de profondeur», abonde Vahine Fierro.
Au total, 48 athlètes (24 hommes et 24 femmes) s’affronteront pendant quatre jours, un tout petit contingent puisque tous les pays représentés aux JO n’alignent pas de surfeurs. Si les conditions de mer ne le permettent pas, l’organisation dispose de quatre «jours de réserve» supplémentaires, jusqu’au 4 août. Favorite à la maison, Vahine Fierro sait exactement ce dont elle a besoin pour surclasser ses concurrentes : «Une vague de 2,5 ou 3 mètres, de sud-sud ouest et 210 degrés.» Et, ajoute la jeune femme solaire : «Une pleine lune qui apporte la houle.»