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Sur l’Olympe moderne, le plus vieux sport du monde – amphores antiques faisant foi – est scindé en deux variantes. La lutte gréco-romaine d’un côté, au programme depuis les Jeux modernes de Coubertin en 1896, et la lutte dite libre. Dans les deux cas, le lutteur n’a qu’un but : parvenir, au cours de deux périodes de combat de trois minutes chacune, à coller les omoplates de son adversaire au sol. Et, s’il n’y parvient pas, à lui infliger un maximum de projections, chacune notée selon sa difficulté et son amplitude. Rayon différence, outre quelques subtilités dans l’attribution des points, tout tient à une règle simple : les «Grécos», comme on dit dans le jargon, ont l’interdiction de saisir en dessous de la ceinture. Les «Libres», eux, peuvent attaquer les jambes. Et ça change tout.
«Les postures n’ont rien à voir, tranche Mélonin Noumonvi, entraîneur national et champion du monde de lutte gréco-romaine en 2014, chez les moins de 85 kg. En lutte libre, c’est un peu des chats, qui bondissent et se tiennent cassés en deux. Les Grécos se tiennent droit, au contact, poitrine contre poitrine.» La Libre favorise l’explosivité quand la Gréco se joue plus à l’usure ; la première étant plus spectaculaire, et l’autre, forcément, plus statique mais pas moins épuisante. Les phases au sol, quand un lutteur sanctionné pour passivité doit se mettre à plat ventre et que son adversaire doit «l’arracher» (formule officielle), sont aussi beaucoup plus fréquentes dans la lutte gréco-romaine.
Dans le milieu, les snobs ont tendance à dire que la Gréco est la seule véritable lutte (avec peut-être un fond de machisme, sachant que les femmes ne sont autorisées à combattre qu’en lutte libre). La Libre, pour ses détracteurs, ne serait qu’un pot-pourri de techniques folkloriques transmises entre villageois depuis la fin des temps. Mais, à vrai dire, les lutteurs passent leur temps à se chamailler sur quelle forme est la plus ancestrale.
Entre les deux familles se jouent aussi de fortes différences ethnoculturelles. Outre un fort tropisme venant des pays de l’Est dans les deux styles, la lutte gréco-romaine est particulièrement populaire en Scandinavie, alors que les Américains brillent surtout dans ce qu’ils appellent le «freestyle», qu’ils pratiquent dans leurs universités et ont introduit au programme olympique à Saint-Louis, en 1904. Cela dit, quelle que soit la discipline, les lutteurs ont en commun le même lycra échancré et les fameuses oreilles en choux-fleurs. Preuve qu’ils ne sont pas si différents.