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Scènes sur Seine

JO 2024 : Macron décide que, finalement, les bouquinistes des quais de Seine ne seront pas déplacés

Le démontage des boîtes sur les quais de Seine, pour les besoins de la cérémonie d’ouverture, suscitait une vive contestation et un recours en justice. Défendant ce «patrimoine vivant» de la capitale, Emmanuel Macron a décidé d’y renoncer.
Un kiosque de bouquiniste sur les quais de la Seine vers Châtelet, Paris, le 2 août 2023. (Camille Mcouat/Libération)
publié le 13 février 2024 à 18h34

Ce n’est pas comme s’il venait de découvrir le projet. Depuis des mois voire des années, le comité d’organisation des Jeux olympiques de Paris bosse sur une cérémonie d’ouverture atypique : une parade fluviale sur la Seine. Du jamais vu et jamais fait approuvé par Emmanuel Macron. Mais à moins de six mois du jour J, le chef de l’Etat vient de renoncer au déplacement prévu des boîtes des bouquinistes installées sur les quais de la Seine en vue de la soirée du 26 juillet.

L’Elysée l’a annoncé ce mardi 13 février au terme d’une réunion en présence de la direction du comité d’organisation des JO. En amont, les opposants au démontage avaient fait circuler un argumentaire résumant leur position.

«Constatant qu’aucune solution consensuelle et rassurante n’a pu être identifiée avec ces acteurs», Emmanuel Macron a demandé au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, et au préfet de police de Paris, Laurent Nunez que «l’ensemble des bouquinistes soient préservés, et qu’aucun d’entre eux ne soit contraint d’être déplacé», a-t-on expliqué de même source. Selon son entourage, le chef de l’Etat leur manifeste ainsi «son attention considérant qu’il s’agit d’un patrimoine vivant de la capitale».

«Cette décision est le résultat de ce que nous mettons patiemment en place depuis des mois, salue Me Matthieu Chirez, avocat des bouquinistes interrogé par Libération. C’est aussi la preuve que ce n’était pas un combat de la culture contre le sport et que les deux peuvent aller très bien ensemble».

Des portions de quais hauts sans public

En invoquant des impératifs de sécurité, la préfecture de police avait prévu un retrait de «quelques jours» d’une partie des boîtes des bouquinistes, qui posaient un problème aussi pour la vue sur le spectacle fluvial depuis les quais hauts. Pour la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Paris, interrogée mardi par le Parisien, «c’est plutôt une bonne nouvelle […] Le problème était d’ordre sécuritaire, ils ont certainement trouvé une solution pour sécuriser les quais tout en maintenant les boîtes.»

Une solution de compromis avait été envisagée pour n’en démonter qu’une partie, mais sans satisfaire les bouquinistes qui ont décidé mi-janvier de faire un recours en justice, qui devait être déposé cette semaine. «Judiciairement, nous avions tous les arguments pour parvenir à une décision positive pour les bouquinistes», fait valoir Me Chirez.

En laissant en place les boîtes iconiques vert wagon, on fait baisser automatiquement le nombre de spectateurs potentiels. Pour les concepteurs de la soirée du 26 juillet, le casse-tête va donc se complexifier puisque le chef de l’Etat a demandé que le dispositif de sécurité «soit adapté en conséquence, les espaces concernés sur les quais hauts n’étant dès lors plus susceptibles d’accueillir du public pendant la cérémonie».

Selon une source proche du dossier, cette décision présidentielle a en réalité déjà été prise en compte dans la jauge revue à la baisse fin janvier à environ 300 000 spectateurs. Gérald Darmanin «reviendra sur l’ensemble du dispositif de sécurisation de la cérémonie d’ouverture à la fin mars, une fois achevé l’ensemble des concertations avec les élus locaux et parties prenantes», a précisé l’Elysée.

Fin juillet 2023, les bouquinistes avaient été soudainement informés que, pour des raisons de sécurité, plusieurs centaines de boîtes de livres installées le long des quais devraient être temporairement déplacées quelques jours avant la cérémonie d’ouverture.

En novembre, la mairie de Paris avait testé le démontage et le remontage de ces boîtes en bois, dont certaines ont 150 ans. Le test technique s’était transformé en calvaire de plusieurs heures. Les bouquinistes, faisaient notamment valoir la fragilité de ces boîtes dans leur refus de libérer les quais de Seine, estimant que beaucoup de leurs confrères ne pourraient survivre aux semaines d’inactivité imposées par l’opération de déplacement.

Mise à jour à 20h25 avec réactions de l’avocat des bouquinistes, Me Chirez.