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Libération
Coup dur

JO de Paris 2024 : en basket, les Bleus à la défense fracassée, étrillés par l’Allemagne

JO Paris 2024dossier
Même s’ils verront les quarts de finale à Paris, les basketteurs français ont achevé leur premier tour à Lille par une piètre prestation (85-71) contre les champions du monde ce vendredi 2 août. La défense, censée être leur axe fort, prend l’eau, et le Canada se profile.
Les Bleus du basket, pas rassurés après leur grosse gifle (85-71) face à l'Allemagne aux Jeux olympiques, au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve-d'Ascq le 2 août 2024. (Thomas Coex/AFP)
publié le 3 août 2024 à 0h03

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Les deux victoires souffreteuses acquises depuis le début de ces JO, contre le Brésil (78-66) puis le Japon (94-90), laissaient craindre le pire. Contre les Nippons, mardi 30 juillet, les Bleus auraient même pu passer de l’autre côté de la balustrade si le jeune meneur de jeu, Matthew Strazel, n’avait pas lâché un shoot miraculeux pour sauver la maison. Ce vendredi 2 août, face à l’Allemagne, championne du monde en titre, l’équipe de France de basket passait un premier test sérieux. Et ça, pour voir, on a vu. Grosse gifle, 85-71, score qui aurait pu être encore plus salé sans un requiem tardif.

L’histoire d’une tromperie

Cette déconvenue devrait pousser la France dans les griffes du Canada en quart de finale, autrement dit un Everest. L’année dernière, à la Coupe du monde en Indonésie, les Nord-Américains avaient collé une tarte traumatique aux Bleus, avec 30 points d’écart. A la sortie du terrain, les joueurs accusaient le coup, déboussolés : «On a oublié pourquoi on était là», souffle l’ailier Isaïa Cordinier. «On va retenir les 15 dernières minutes, parce que les 25 premières, c’était n’importe quoi, se désole le capitaine Nicolas Batum. De toute façon c’est simple, si on joue comme ça, on ira nulle part et ça s’arrêtera, voilà.»

Si un exploit contre les Canadiens est toujours possible, ces Jeux de Paris 2024 commencent à ressembler à l’histoire d’une tromperie. Celle d’une équipe qui ne devait vivre et survivre que par la défense. «Défendre le plomb», comme l’a souvent martelé le sélectionneur, Vincent Collet. Sauf que, pour l’instant, la raquette tricolore est une gigantesque voie d’eau. A quoi peut-on prétendre, lorsqu’on encaisse 90 points contre le Japon – certes après une prolongation ? Et 70 en trois quart-temps contre les Allemands, qui ont ensuite levé le pied ? Avec 26 points et 9 passes décisives, le dragster Dennis Schröder s’est frisé les moustaches. Et que dire du sourire narquois des frères Wagner, qui ont planté 34 points à eux deux ?

Des joueurs au registre monolithique

S’il n’est pas encore l’heure des obsèques, il est permis de se demander si Vincent Collet n’a pas pensé à l’envers en emmenant aux JO des joueurs au registre monolithique. Défendre, Andrew Albicy, Frank Ntilikina, Isaïa Cordinier, Bilal Coulibaly, Rudy Gobert, en font d’ordinaire leur affaire. Mais cet été, la muraille ne prend pas, et leur rusticité en attaque commence à rendre l’équation insoluble. Les Allemands ont parfaitement étiré les stoppeurs français, ce qui a permis à leur meneur Dennis Schröder de batifoler dans la peinture sans grand danger.

Si les récents succès français, notamment l’argent à Tokyo, ont été structurés à partir de la défense, Vincent Collet a-t-il pêché par conservatisme ? Il y a peu, une ancienne gloire du basket français nous soufflait que les préparations pour les grandes compétitions sont tellement serrées en termes de calendrier qu’il faut aller à l’essentiel. Or au basket, défendre, c’est avant tout du basique. Collet avait pourtant le choix, puisque figuraient dans son groupe initial Nadir Hifi, Elie Okobo et Théo Maledon. Des joueurs dont on dit qu’ils ont «de bonnes mains» – en clair, qui savent scorer quand le bateau tangue. C’eut été bienvenu, car les conservatismes finissent toujours par rencontrer une insurrection.