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Libération
Eau libre

JO de Paris 2024 : en natation marathon, les Français n’ont pas brillé sur Seine

Alors qu’ils représentaient deux espoirs de médailles tricolores, Logan Fontaine et Marc-Antoine Olivier ont terminé le 10 km dans la Seine en cinquième et septième positions. Un résultat «terrible» pour le médaillé de bronze à Rio.
Marc-Antoine Olivier pendant le marathon de nage libre dans la Seine ce vendredi 9 août. (Mauro Pimentel/AFP)
publié le 9 août 2024 à 13h34

Décrocher «juste» une médaille olympique, c’était trop peu. Marc-Antoine Olivier ne briguait qu’une couleur, «la plus belle». On est très loin du compte, c’est peu de le dire. Septième au finish du 10 km qui se nageait dans la Seine ce vendredi 9 août au matin, le nageur en eau libre tricolore fait moins bien à Tokyo il y a trois ans (où il avait fini 6e) et descend de quatre marches par rapport à Rio, où il avait décroché le bronze. Logan Fontaine, lui, termine à une cinquième place décevante pour des Bleus qui nourrissaient de grandes ambitions, après leur doublé or-argent sur le 5 km aux Mondiaux de février.

Suspense de fin de course pour le bronze

Aux Jeux, c’était one shot pour les Français. Un 10 km sur un parcours tumultueux, dans une Seine dont ils ont étudié toutes les sophistications. En face, la concurrence avait aussi bossé le sujet. Médaillé d’argent à Tokyo, le Hongrois Kristóf Rasovszky a pris sa revanche, distançant tout le monde dès la première des six boucles dans le fleuve et raflant l’or en 1h50. Champion olympique en titre, l’Allemand Florian Wellbrock a longtemps nagé dans les pattes du leader mais c’est son compatriote Oliver Klemet qui prend la deuxième place. Le suspense de fin de course aura surtout été du côté du bronze, disputé jusqu’au bout entre le Hongrois Dávid Bethlehem et l’Italien Domenico Acerenza. A la touche, c’est le premier qui est finalement passé devant, pour six petits dixièmes. Sur les trois places du podium, deux sont occupées par des Hongrois.

Comme chez les femmes la veille, la Seine a usé les corps et les esprits des nageurs même si les conditions étaient pourtant meilleures, notamment un débit légèrement diminué, de 296 m³ par seconde contre 350 hier. Les ronces qui dépassaient des berges, griffant les bras des nageuses, ont aussi été coupées. Ce qui n’a pas empêché quatre compétiteurs, rapidement largués, de jeter l’éponge au bout de trois ou quatre boucles, à bout de forces.

Côté Français, Marc-Antoine Olivier, pourtant bien placé pendant toute la première moitié de course, a fini par s’éteindre à petit feu. Comme un signe qu’il perdait pied, c’est le seul à avoir été pénalisé d’un carton jaune, pour un accrochage avec un concurrent. A l’inverse, Logan Fontaine qui n’était pas parvenu à coller la tête de course a rejailli dans la dernière ligne droite.

«Je n’étais plus lucide»

Dépité d’être passé à côté de son rêve olympique, Olivier est sorti du bassin d’arrivée une serviette sur la tête, au lieu de son bonnet qui s’est fait la malle en cours de route, débarquant devant la presse les yeux encore humides : «Quand je vois la saison que je fais, avec six ou sept podiums internationaux, c’est terrible de finir sur une septième place.» La course ultra technique l’a éreinté : «Quand vous finissez le deuxième tour, qu’il vous en reste quatre, et que vous êtes dans l’état physique que vous avez normalement dans les 500 ou 600 derniers mètres, c’est compliqué. Je me faisais déporter, il fallait rattraper les bouées, coller le groupe de tête. Quand je suis parti pour le dernier tour, j’étais tout seul dans un trou complet, et j’ai réussi à revenir. Je ne sais même pas comment, je n’étais plus lucide.»

Même impuissance du côté de Fontaine : «Le plus dur, c’était le fait de zigzaguer. Il fallait constamment s’écarter pour éviter les péniches, puis à nouveau se coller au bord.» Lui qui se place à un rang plus qu’honorable pour une première participation aux JO, regrette de s’être noyé dans un rythme trop irrégulier. «J’ai pris un taquet dès la première ligne droite, qui m’a obligé à me mettre sur le dos pour replacer mes lunettes. […] J’ai trop fait le yo-yo, à perdre du temps sur les ravitaillements où je me faisais vraiment décrocher, à galérer quand j’avais le courant dans le dos, à rattraper seulement quand je l’avais de face.» Paradoxe de l’eau libre, c’est quand il s’en prenait «plein dans la tronche» que le Français a été le plus performant.