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La sauteuse en hauteur ukrainienne Yaroslava Mahuchikh voulait utiliser son sport pour attirer l’attention du monde entier sur son pays. Elle ne pouvait mieux réussir. Après avoir «enfin fait entrer l’Ukraine dans l’histoire de l’athlétisme mondial» en battant le record du monde de Stefka Kostadinova, vieux de trente-sept ans, avec un saut à 2,10 mètres le 7 juillet lors du meeting de Paris, la voilà devenue championne olympique, ce dimanche 4 août, devant un public qui n’avait d’yeux que pour ses couleurs, sur les rubans de ses tresses, le maquillage de ses yeux, son maillot national.
Un mano a mano vite plié avec l’Australienne Nicola Olyslagers – toutes les deux passaient 2 mètres, aucune des deux n’allait plus haut, Mahuchikh l’emportait au nombre d’essais –, et la sauteuse en hauteur de 22 ans pouvait sauter dans les bras d’Iryna Gerashchenko, ukrainienne aussi, en bronze. Une victoire de plus à «dédier à [ses] compatriotes qui se battent pour nous». Et l’occasion de répéter son message au monde entier : «Je me bats pour représenter mon pays et montrer que nous sommes forts, que nous allons nous battre jusqu’à l’indépendance de notre pays.»
«Je ne veux pas voir de meurtriers sur la piste»
Yaroslava Mahuchikh a quitté Dnipro en mars 2022 – elle avait 20 ans –, juste après l’invasion russe. Destination Belgrade (Serbie), en voiture, avec son entraîneuse et sous les hurlements des sirènes de raids aériens, pour participer aux championnats du monde en salle. Trois semaines après s’être réveillée sous les bombes, elle remportait l’or et ne ratait déjà pas l’occasion de la politiser : «C’est une médaille d’or que je dédie aux Ukrainiens et aux militaires qui protègent notre pays dans le pays. Et je protège mon pays sur le terrain de sport en tant qu’ambassadrice dans le monde entier.»
L'Ukraine aux JO
Elle se retrouve ensuite réfugiée en Allemagne, dans les locaux bavarois de son sponsor, Puma, qui accueillera au total une centaine de sportifs ukrainiens. Elle passe un moment dans le Bade-Wurtemberg, avant de rejoindre la Belgique, où elle vit et s’entraîne toujours, poursuivant sans relâche son combat contre l’invasion de son pays, où sa famille se trouve toujours. Sur les réseaux sociaux, elle publie des images des exactions russes ou récemment, une vidéo de son premier club de sport à Dnipro, en ruines, après une attaque de missiles.
A la suite de la publication d’une photo d’elle au côté d’une athlète russe aux Jeux de Tokyo, en 2021, où elle avait été médaillée de bronze, Mahuchikh avait été fortement critiquée en Ukraine, et même violemment prise pour cible par les nationalistes. Elle n’a aujourd’hui plus de mots assez durs pour lutter contre la participation des Russes et Bélarusses aux compétions internationales. «Je ne veux tout simplement pas voir de meurtriers sur la piste», cinglait-elle lors des championnats du monde de 2022 à Eugene, aux Etats-Unis. Elle pouvait être tranquille de ce côté à Paris. Alors que les athlètes russes et bélarusses sont autorisés à concourir sous le drapeau neutre dans de nombreux autres sports, la fédération mondiale d’athlétisme a mis son véto.