Si les tribunes risquent d’être clairsemées, le Saudi Smash de Djeddah, qui a débuté mercredi 1er mai sera très scruté cette année. Car cette compétition, au pedigree semblable à celui d’un tournoi du Grand Chelem pour le tennis, constitue l’une des deux dernières occasions d’engranger des points afin d’être dans les clous le 18 juin, la deadline pour se qualifier pour les JO de Paris.
A cette date, le classement de l’International Table Tennis Federation (ITTF) fera office de juge de paix pour savoir qui compostera son billet pour les olympiades françaises. L’affaire est simple : les pongistes les mieux classés par pays seront de la partie. Selon le système de qualification en vigueur, chaque pays dispose d’un quota de 6 personnes maximum : deux hommes et deux femmes en simple, et un homme et une femme supplémentaire pour les épreuves par équipes. Dur dur pour la Chine, dont quatre ressortissants figurent dans le top 5 mondial. Seuls trois d’entre eux seront du voyage parisien.
Des incertitudes sur les doubles
En France, la hiérarchie apparaît plus claire : sauf blessure, Félix Lebrun, son grand frère Alexis et Simon Gauzy seront de la partie chez les hommes, tandis que Jianan Yuan et Prithika Pavade composeront pour l’instant la délégation féminine, avec Charlotte Lutz, sacrée championne de France fin mars, qui semble tenir la corde.
Or s’il est désormais certain que Félix, fort de son 5e rang mondial, sera aligné en simple, l’incertitude plane quant à celui qui prendra le second strapontin. Alexis Lebrun ou Simon Gauzy ? Longtemps bien parti dans la course à la qualification grâce à d’excellents résultats la saison dernière, l’aîné des Lebrun, pourtant récemment auréolé d’une nouvelle couronne de champion de France au détriment de son petit frère, accuse le coup ces dernières semaines sur la scène internationale.
Portrait
Simon Gauzy n’est pas forcément plus performant mais le Français de 29 ans a profité du système de points qui fait foi à l’ITTF pour doubler son concurrent au classement mondial et revenir en lice pour les JO. Le système fonctionne selon le même principe qu’au tennis. C’est de l’arithmétique, ni plus ni moins : plus vous allez loin dans un tournoi, plus vous engrangez de points. Le vainqueur à Djeddah en milieu de semaine prochaine en récoltera ainsi 2 000 – c’est le maximum toutes compétitions confondues. Ces 2 000 points, il devra les «défendre» en 2025. Et s’il s’arrêtait alors en quart de finale (350 points) de l’édition 2025, il perdrait ainsi 1 650 points, n’ayant pas fait au moins aussi bien qu’en 2024.
Le moindre petit exploit peut être décisif
Concrètement, Alexis Lebrun vient de perdre le bénéfice de ses bons résultats acquis au printemps 2023 lors des tournois très bien cotés de Xinxiang et Macao, où il avait atteint respectivement les quarts et les demi-finales. Evincé dès le premier tour, le Français a reculé de… 12 places au classement. Il figure à l’heure actuelle à la 32e position mondiale, soit dix rangs derrières Gauzy, qui a pourtant lui aussi été sorti dès le premier match mais désormais 22e puisqu’il n’avait pas performé sur ces deux événements l’an dernier. Gauzy compile actuellement 885 points, Alexis Lebrun 653. Un écart plutôt faible, sachant que se hisser en huitième de finale permettrait de récolter 175 points.
Mais ce classement ne constitue qu’un seul des critères de qualification chez les Bleus. Les sésames seront attribués par un comité de sélection, composé de Gilles Erb, président de la fédération française, Jean-Nicolas Barelier, directeur technique national, Rozenn Jacquet-Yquel, directrice de la haute performance, et Emmanuel Rachez, directeur de la cellule 2024. Ces membres du jury prendront en compte la globalité des résultats sur les six derniers mois, en particulier ceux réalisés face aux représentants du top 20 mondial.
Ce qui explique que le Saudi Smash de Djeddah, dont la finale a lieu le 11 mai, revêt une importance capitale pour à peu près tous les joueurs du circuit. Le moindre petit exploit pourrait s’avérer décisif en vue de la qualification. S’y planter dans les grandes largeurs, c’est peut-être dire au revoir au rêve olympique, du moins en simple.