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Cérémonie d'ouverture

JO de Paris 2024 : «la Cène» de Léonard de Vinci, une œuvre iconique déjà maintes fois détournée

JO Paris 2024dossier
Lors de la cérémonie d’ouverture des Jeux, vendredi 26 juillet, le banquet des drag-queens a suscité la polémique pour sa ressemblance supposée avec la fresque du peintre. L’occasion de rappeler que l’œuvre est l’une des plus parodiées de la pop culture.
La DJ Barbara Butch (au centre) lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux, à Paris, vendredi 26 juillet. (capture d'écran France TV)
publié le 29 juillet 2024 à 16h00

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Cachez cette Cène que je ne saurais voir. A peine la cérémonie d’ouverture achevée, vendredi 26 juillet, des réactions négatives fusaient déjà concernant la supposée parodie de la fresque murale de Léonard de Vinci représentant le dernier repas de Jésus avec ses douze apôtres. Un scandale pour quelques-uns, dont la Conférence des évêques de France qui a déploré samedi 27 juillet «des scènes de dérision et de moquerie du christianisme», promptement rejointe par l’extrême droite française. Depuis, le metteur en scène Thomas Jolly s’est défendu : il souhaitait simplement représenter une «grande fête païenne» autour du dieu Dionysos (incarné par Philippe Katerine) et qu’il n’y avait à ce titre pas besoin de s’énerver sur un tableau qui n’est tout simplement pas cité ni détourné. Fin du drame, retournez à vos prières. Pour mémoire, la Cène de Léonard, achevée en 1498, a été détournée à de très nombreuses reprises au point de devenir une image passe-partout. Libé fait le récap.

L’œuvre mythique a par exemple été déjà citée dans les séries américaines, à l’instar des Simpson. Si elle figure dans de nombreux épisodes, principalement accrochée dans les salons des dévots Flanders et du pasteur Timothy Lovejoy, les créateurs de la série ont également reproduit l’œuvre dans l’épisode 19 de la saison 16 intitulé le Jugement dernier, diffusé en 2005. Homer y est assis dans le bar de Moe, entouré de ses amis, dans les mêmes positions que Jésus et les douze apôtres.

Un dentiste chez Altman

Dans une autre série animée, South Park, la Cène est aussi reproduite, cette fois de façon encore plus directe. Dans le troisième épisode de la saison 13, le personnage de Kyle devient explicitement christique, et lors d’un dîner dans une pizzeria, lui et les autres personnages reproduisent le fameux dîner. Si Kyle y prend la place de Jésus, c’est Cartman qui prend celle de Judas, et lorsque Kyle annonce qu’un des enfants présents va le trahir, Cartman répond que c’est «carrément nul» (alors qu’il le trahira bien).

Dans les œuvres en prise de vue réelles, la fresque de Vinci a aussi été détournée à plusieurs occasions. Par exemple, le réalisateur Jan Kounen place le personnage d’Octave, publicitaire égoïste et cocaïnomane, en Jésus dans 99 Francs, alors que dans le film M*A*S*H, de Robert Altman, c’est le dentiste, surnommé «Painless Pole», qui prend la place du Christ. Il vit dans cette scène ce qu’il pense être ses dernières heures : après une mauvaise performance sexuelle, il pense avoir des tendances homosexuelles et tente de se suicider en ingérant une «capsule noire», qui n’est qu’en fait un somnifère.

Cuir et gros calibres

La Cène a également été citée dans la publicité, ce qui a parfois causé de vives réactions de l’Eglise. Ce fut le cas des affiches publicitaires des créateurs de mode Marithé et François Girbaud, qui reprenait l’œuvre en y remplaçant Jésus et les apôtres par des mannequins et un homme vu de dos. De quoi permettre à la justice de «frapper du goupillon sur la table» et de condamner la marque et l’afficheur pour «acte d’intrusion agressive et gratuite dans le tréfonds des croyances intimes», rapportait Libé en 2005 – la Cour de cassation a finalement annulé cette décision. La campagne publicitaire faite par Volkswagen en 1998, reprenant elle aussi le dîner, n’a pas connu le même sort. Sur les affiches, un groupe d’homme est placé autour d’une table, avec le sous-titre : «Mes amis, réjouissons-nous car une nouvelle Golf est née», sans qu’aucune plainte n’aboutisse à une interdiction d’affichage.

La série médicale Dr House, diffusée entre 2004 et 2012, a elle aussi usé de la parodie lors de la campagne promotionnelle de sa quatrième saison. Gregory House, le médecin cynique au centre de la série, y pose en Jésus, non pas devant une table à manger, mais un corps en pleine opération, ses comparses lui tendant un scalpel, ou ajustant le tube respiratoire du patient. Le film Expandables 2 : Unité Spéciale a usé du même filon pour faire la promotion de son long métrage. Une des affiches du film, sorti en salles en 2012, montre ses comédiens, dont Sylvester Stallone, Jean-Claude Vandamme, Arnold Schwarzenegger ou Chris Hemsworth, en figures religieuses tout en cuir et gros calibres, sur fond de vieux hangar abandonné.