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Récit

JO de Paris 2024 : la course du siècle sacre l’Australienne Titmus sur 400m nage libre

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L’Australienne s’est imposée ce samedi 27 juillet devant la jeune Canadienne McIntosh et l’Américaine Ledecky. Un trio de rêve.
L'Australienne Ariarne Titmus lors de la finale de l'épreuve féminine de 400m nage libre aux Jeux olympiques de Paris 2024, le 27 juillet 2024. (François-Xavier Marit/AFP)
publié le 28 juillet 2024 à 0h06

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La course du siècle, avaient anticipé les experts. Le 400 m nage libre féminin, ce samedi 27 juillet à la Paris Défense Arena, était surligné d’un trait épais comme le premier sommet, peut-être le plus haut perché, des épreuves olympiques de natation. Une finale pour l’histoire. Un choc des talents et des générations. A suivre sans en perdre une miette. La raison ? Le casting. Huit finalistes, comme toutes les épreuves du programme, mais trois à écarter du lot comme autant de perles rares. Une triplette à faire rêver un scénariste, chacune incarnant un archétype de spécimen des bassins.

Ariarne Titmus, l’Australienne originaire de Launceston, en Tasmanie, championne olympique en titre, recordwoman du monde (3′55′'38), invaincue sur la distance depuis 2019. La favorite, pour tous les connaisseurs de la natation, mais aussi pour elle-même. «L’adversité ne me perturbe plus, aime-t-elle raconter. Je sais que j’ai une longueur d’avance.» Sa confiance en elle peut agacer. Elle s’en moque et avance.

Katie Ledecky, l’Américaine aux dix médailles olympiques, dont sept en or. Pour beaucoup, la plus grande nageuse de l’histoire. Révélée à 15 ans, aux Jeux de Londres 2012, par une victoire sur 800 m. Vingt-sept ans depuis le mois de mars, mais toujours assez solide pour écarter la concurrence. Un modèle de sagesse et d’humilité, choisissant ses mots avec patience, sans jamais chercher à en faire trop.

Summer McIntosh, enfin, la nouvelle enfant prodige. Dix-sept ans mais déjà huit médailles mondiales dans sa malle aux trésors. Aux Jeux de Tokyo 2020, elle était la plus jeune sélectionnée de la Team Canada, tous sports confondus. Plutôt intimidant. «Tu es là pour apprendre», lui avaient glissé ses proches. En fait d’apprentissage, la môme de l’Ontario a ramené deux quatrièmes places, sur 400 m et au relais 4x200 m. Bluffant.

Titmus de bout en bout

Depuis 2014, le record du monde du 400 m n’a plus échappé à l’une ou l’autre de ces trois nageuses. Katie Ledecky, l’aînée de la bande, en a longtemps fait sa propriété. Ariarne Titmus l’en a dépossédée, avant de voir Summer McIntosh mettre la main dessus au printemps 2023. Mais l’Australienne a repris sa chose quatre mois plus tard, aux championnats du monde à Fukuoka.

Avec une telle affiche, la course aurait pu se donner du temps avant de faire son choix. Désigner une ligne d’eau, puis en changer. Hésiter, en somme. Elle aurait pu, mais elle a préféré un scénario plus rectiligne. Ariarne Titmus en tête dès la première longueur, puis encore au mur du 100 m, à mi-parcours et finalement à l’arrivée. L’Australienne n’a jamais vu la moindre vague se former devant elle. Elle l’emporte en 3′57′'49, loin de son record du monde. Derrière, Summer McIntosh s’est accrochée à son remous comme une moule sur la coque d’un radeau. Deuxième de bout en bout. Sa première médaille olympique, sans doute pas la dernière, la jeune Canadienne étant engagée dans cinq épreuves.

«Pression supérieure»

Katie Ledecky, trop vite distancée, a mené sa barque avec prudence, assez confiante dans sa fin de course pour se laisser glisser en quatrième position. L’Américaine a bouclé l’exercice par une dernière longueur de sprinteuse. Elle décroche la médaille de bronze, la onzième de sa carrière aux Jeux olympiques. Une mise en bouche avant de s’attaquer à ses deux chasses gardées, le 800 m et le 1500 m.

«Un soulagement, a reconnu Ariarne Titmus à sa sortie du bassin. Et une émotion plus forte que pour mon premier titre olympique aux Jeux de Tokyo 2021. Avec le bruit, l’ambiance, la pression, la vie au village des athlètes, les performances sont plus difficiles aux Jeux olympiques qu’ailleurs. Pour être honnête, j’ai probablement ressenti pour cette course une pression supérieure à tout ce que j’ai pu vivre jusqu’à maintenant.»

Sa médaille en poche, l’Australienne a eu un mot pour sa rivale américaine. «J’admire beaucoup Katie, comme athlète et en tant que personne, a reconnu Ariarne Titmus. Nager contre elle est toujours un honneur.» Du respect, sûrement, mais seulement jusque sur le plot de départ.