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Sport et politique

JO de Paris 2024 : l’Afghane Manizha Talash disqualifiée de la compétition de breaking après son happening politique

JO Paris 2024dossier
Membre de l’équipe des réfugiés aux JO, la «Bgirl» Manizha Talash a concouru vendredi avec une cape appelant à la libération des femmes afghanes. Et décidé de poser un acte politique.
L'athlète Manizha Talash a réclamé vendredi 9 août la liberté pour ses sœurs afghanes vivant sous le joug des talibans. (Abbie Parr/AP)
publié le 10 août 2024 à 13h15

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On l’a vue déployer ses ailes bleues. Il a fallu une minute pour réaliser qu’en plus de concourir aux Jeux olympiques, la Bgirl afghane Manizha Talash avait décidé de poser un acte politique. Sur son costume de scène, place de la Concorde, lors de la compétition de breaking, elle venait réclamer la liberté pour ses sœurs afghanes vivant sous le joug des talibans. «Free Afghan Women», proclamait sa cape d’un jour.

Pas franchement du goût du CIO, qui proscrit toute manifestation politique dans les enceintes olympiques. «Bgirl Talash a été disqualifiée pour avoir affiché un message politique sur sa tenue vestimentaire en violation de la règle 50 de la charte olympique», a donc annoncé la fédération internationale de danse sportive dans un message écrit transmis à l’AFP. Cette règle interdit aux athlètes d’exprimer leurs opinions politiques lors des JO.

Dans son premier duel de vendredi, la jeune femme de 21 ans, membre de l’équipe des réfugiés aux JO, s’était élancée face à la Néerlandaise Bgirl India avant de dévoiler sa cape, dissimulée sous une tenue noire pendant la présentation des athlètes.

«J’ai pris le risque de devenir une cible»

Née à Kaboul, ville sous le régime des Talibans depuis 2021, Bgirl Talash, de son vrai nom Manizha Talash, a quitté son pays pour aller se réfugier un an au Pakistan avant d’aller s’installer en Espagne avec ses deux frères. «Je ne suis pas partie d’Afghanistan parce que j’ai peur des Talibans ou parce que je ne peux pas y vivre. Je suis partie pour faire ce que je peux pour les filles d’Afghanistan, pour ma vie et mon futur», avait-elle déclaré avant la compétition.

A Kaboul, elle a découvert son sport sur internet avant de rejoindre un club local. En dépit des risques - l’association a été obligée de changer de lieu d’entraînement à plusieurs reprises après des menaces de mort -, elle a continué à pratiquer. «J’ai pris le risque de devenir une cible. Je ressens de la peur, mais je n’abandonnerai pas», avait-elle dit à l’AFP en 2021. A Paris, elle a pu bénéficier du quota de l’universalité pour la première apparition de la discipline aux JO.

Vendredi à La Concorde, elle a perdu au premier tour de la compétition face à India avant d’être disqualifiée. La Japonaise Bgirl Ami, 25 ans, est devenue la première championne olympique de l’histoire de cet art de la danse issu de la culture hip-hop. Six athlètes afghans - dont trois non reconnus par le gouvernement taliban - étaient en lice à Paris en cyclisme, athlétisme, natation et judo.