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Elles sont venues montrer l’image d’une Ukraine combative. Maryna et Vladyslava Aleksiiva, jumelles et olympiennes, figurent parmi les derniers espoirs de médaille d’or pour le pays, dans leur épreuve de natation artistique en duo. Vendredi 9 août, les sœurs ont fait couler quelques larmes à l’intérieur du Centre aquatique olympique de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Sur un fond musical tantôt tragique, tantôt réjouissant, affichant des mines graves transfigurées par un sourire comme le requiert la discipline, Maryna et Vladyslava ont lancé leurs Jeux avec un premier ballet poignant.
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Sur le thème des histoires de la guerre, la chorégraphie se voulait un hommage à leurs compatriotes partis au front depuis l’invasion de leur pays par la Russie, il y a deux ans et demi. A leur manière très élégante de nager, elles ont ajouté des touches guerrières, pointant avec énergie bras et jambes vers le ciel. Puis ont poursuivi sur une note apaisée, histoire de symboliser l’espoir d’une issue au conflit. Le rythme a ralenti, leurs mouvements se sont adoucis, leurs visages aussi. Avant de terminer comme elles avaient commencé, car pour l’instant, la paix n’est pas revenue en Ukraine.
Vitres soufflées par les explosions
Les jumelles Aleksiiva se sont préparées du mieux que possible, dans leur quotidien chamboulé par la guerre. Les premiers mois, imitant les coéquipières avec qui elles venaient de décrocher le bronze aux Jeux de Tokyo, elles se sont réfugiées en Italie. Mais le mal du pays les a vite rattrapées. Retournées dans leur Kharkiv natal, elles se sont retrouvées à s’entraîner dans des conditions difficiles, entre les vitres de leur piscine soufflées par les explosions de missiles, le bâtiment dénué de générateur pour chauffer l’eau du bassin lors des coupures d’électricité, les alertes qui les obligent à se réfugier dans un abri en sous-sol, encore mouillées. Malgré toute la cruauté de la situation, jusqu’en février dernier, elles ont rarement bougé, sauf pour des compétitions à l’étranger. Dans la dernière ligne droite, elles se sont néanmoins résolues à une délocalisation vers Kyiv, la capitale ukrainienne plus en retrait du front. Et l’ont quittée quelques fois pour des stages, en France notamment.
Ce vendredi, les jumelles de 23 ans se sont classées cinquièmes après leur programme technique, à seize points des favorites chinoises – et devant le duo français, neuvième au classement provisoire. Reste pour les nageuses à présenter leur routine libre, samedi 10 août au soir. A Paris, la Russie ne montera pas sur le podium, les sportifs du pays n’étant pas autorisés à concourir dans les épreuves par équipe. Une menace en moins, alors que cette nation empochait jusque-là tous les titres en natation artistique.