Malgré la saisine de la justice par la mairie de Paris, les taxis volants seront bien autorisés à circuler pendant les JO de Paris 2024. Le Conseil d’Etat a donné ce mercredi 24 juillet son feu vert à l’expérimentation, qui était déjà autorisée par le gouvernement au début du mois, mais vivement critiquée par la municipalité, à l’origine du recours.
Cette décision s’inscrivant dans une procédure d’urgence, elle s’appliquera en attendant une audience au fond, qui devrait intervenir à l’automne. Selon l’arrêté du Conseil d’Etat, l’exploitation de la plateforme flottante prendra fin le «31 décembre 2024 au plus tard», compte tenu du «caractère expérimental» du projet porté par le groupe Aéroports de Paris (ADP). La municipalité prend «acte de la décision et continuera d’alerter sur cette aberration écologique et demande au ministre des Transports d’abandonner ce projet», a réagi l’adjoint à la Transition écologique, Dan Lert.
Décryptage
Le ministère des Transports avait autorisé, début juillet, la création d’une «hélistation» ou plateforme permettant le décollage et l’atterrissage des taxis volants, située sur la Seine au niveau d’Austerlitz, dans l’est de la capitale, et son «ouverture à la circulation aérienne publique». La mairie avait aussitôt annoncé un recours en justice contre ce projet controversé qui a suscité l’hostilité des élus municipaux de Paris, de la majorité comme de l’opposition, qui y voyaient notamment dans le projet une «aberration écologique», et estimaient que l’étude environnementale effectuée ne portait que sur l’environnement immédiat de l’hélistation et n’évaluait pas l’impact plus général du survol.
Aéronefs à deux places circulant sur trois lignes
Des arguments balayés par la décision, qui a également contredit les opposants au projet sur les nuisances qu’il pourrait entraîner. La juridiction estime notamment, contrairement à eux, qu’il n’était pas nécessaire de consulter l’Autorité de contrôle des nuisances aéroportuaires (Acnusa) pour ce projet expérimental et donc à durée limitée, qui comprend déjà plusieurs restrictions (horaires d’exploitation de l’hélistation «entre 8 heures et 17 heures» et le nombre de vols «à deux mouvements par heure et à 900 vols sur la totalité de l’expérimentation» jusqu’à la fin de l’année).
Le projet, qui verra donc bien le jour, est supposé incarner des ambitions de verdissement de l’industrie aéronautique polluante. ADP s’est pour cela associé à la région parisienne et à l’entreprise allemande Volocopter, qui fabrique le «Volocity». Cet aéronef à deux places, dont celle du pilote, est équipé de batteries alimentant 18 rotors disposés en couronne au-dessus du cockpit. Le but est de profiter des JO pour démontrer la faisabilité d’un nouveau mode de transport en zone urbaine dense, en faisant circuler ces appareils à décollage et atterrissage vertical sur trois lignes, dont une reliant l’héliport d’Issy-les-Moulineaux à la barge sur la Seine positionnée à proximité du quai d’Austerlitz. Un dispositif qui vise clairement un public déjà enclin à utiliser les jets privés.
«Sauver des vies»
Contactée par Libération, la société Volocopter confirme être actuellement «en discussion avec les autorités afin d’obtenir les autorisations nécessaires pour voler à Paris à partir du début du mois d’août». Projet de longue date, l’expérimentation de ces engins en région parisienne pendant les Jeux a vu ses ambitions révisées à la baisse ces derniers mois, l’allemand n’ayant pas obtenu dans les temps une certification de l’Agence européenne pour la sécurité aérienne (AESA) pour accueillir des passagers payants. «Nous ne transporterons pas de passagers», confirme bien Volocopter. Mais même sans ce certificat, le Volocity peut être autorisé à effectuer des démonstrations avec le seul pilote à bord.
«Je me réjouis de la décision du Conseil d’Etat, a commenté de son côté le ministre délégué démissionnaire chargé des Transports, Patrice Vergriete. Pourquoi on a envie de l’expérimenter ? Parce que je pense que demain ça peut peut-être sauver des vies.» Cet argument, également utilisé par ADP, se base sur la potentielle utilité de ces engins pour effectuer des évacuations sanitaires ou des transports d’organes. Des «ambulances du ciel» sur la base d’appareils plus grands que le Volocity biplace sont déjà dans les cartons de Volocopter.
Mise à jour à 15 h 45 avec davantage de précisions.